chapitre 15 - le soulagement

23 3 0
                                    

   Quelques jours passent, et la guerre est toujours d'actualité. Les soldats Belges ont des mini-caméras accrochées sur leur uniforme, nous pouvons donc suivre en direct ce qu'il se passe. Des centaines, des milliers de cadavres. Bientôt, il n'y aura plus de soldats russes. Tout le monde est uni contre nos ennemis. Notre discours a été reçu et pris en compte par la population. Si nous continuons, la guerre sera bientôt finie, la DFF sera renversée, et nous aurons gagné. Les Espagnols qui nous protègent sont très gentils avec nous. Ils nous donnent à manger, à boire, nous apprennent quelques mots de leur langue, et nous leur apprenons les nôtres. Ils ont la joie de vivre, et elle est communicative. Mais personne n'oublie les conflits, la télévision est allumée toute la journée pour que nous puissions suivre le déroulement des combats. Soudain, la télévision change de chaîne. Steeve Briois est là, le visage grave.

   "Chers compatriotes. La DFF a fait preuve de beaucoup de courage, grâce à ses agents et à l'aide de la Russie. Malheureusement, le reste de la population n'a pas compris notre message. La rébellion nous oblige, les troupes Russes et les miennes, à nous retirer de cette guerre. Nous abandonnons clairement ces conflits, notamment à cause de notre infériorité numérique, et du nombre trop important de victimes dont nous avons à faire face. Je me retire également de la direction de ce pays. La DFF n'existe plus. Au revoir."

   D'abord de l'incompréhension. Une décision si soudaine, prononcée en quelques secondes. Puis de la joie. Les Espagnols sont aussi heureux que nous que la France soit enfin libre, après ces semaines d'horreur. Théo nous regarde. "Je ne comprends pas... Je suis tellement heureux que ce soit enfin fini, mais c'est une décision si soudaine...

-Je suis d'accord... Je pense que leur but était seulement de dissoudre le pays, de créer des conflits partout. Mais ça n'a pas marché, alors il abandonne."

Nous nous prenons dans les bras, pleurons de joie, de soulagement. Plus de DFF, plus de guerre, plus de ségrégation, plus d'horreur.

"Un nouveau président va prendre le pouvoir... Ce sera difficile après tout ça...

-En effet... J'ai ma petite idée...

-Dis nous le fond de ta pensée Laura.

-Toi, Lucas. Tu serais parfait. Avec tout ce que tu as traversé, toutes les épreuves que tu as toujours réussi à vaincre, tous les obstacles que tu as franchis, toutes tes souffrances. Tu es l'homme idéal pour gouverner ce pays, même si tu n'as pas toutes les connaissances politiques requises. Je pense que ça ne coûte rien de te présenter. Tu es journaliste, tu en sais un minimum à ce sujet.

-... Je ne m'y attendais pas à vrai dire... Laissez-moi y réfléchir. Tout ça vient à peine de se terminer, ce serait mieux de rejoindre un endroit idéal pour discuter."

   Théo nous propose alors d'aller dans sa petite maison de campagne, près d'Auxerre. Nous acquiesçons, et allons en direction de la voiture. Nous saluons tous les Espagnols, les remercions de nous avoir cachés, et montons dans le véhicule. Nous nous regardons, et soupirons de soulagement. Laura démarre, et nous partons en direction de l'Yonne. Pendant le trajet, l'ambiance est détendue, nous nous racontons nos vies, des anecdotes, des blagues. Le temps passe tellement vite, que les heures nous paraissent des minutes. En un claquement de doigt, nous arrivons chez Théo. Une jolie petite maison, avec un beau jardin. Nous nous installons sur la terrasse. Une petite table, avec des transats. Théo va chercher des bouteilles de bière, et quelques biscuits apéros. "A la vôtre !

-A la vôtre tout le monde !

-Tchin !

-Je propose qu'on instaure une règle.

-On t'écoute Romain.

-Nous n'ouvrons plus jamais ce carnet, Lucas. A partir de maintenant, nous ne voulons plus jamais lire ce qu'il s'est passé. Nos souvenirs seront déjà assez douloureux. Peut-être que tu le rouvriras, pour raconter tout ça à tes enfants, ou à tes petits-enfants. Mais en ce moment, nous ne l'ouvrirons plus jamais."

   Tout le monde a l'air d'accord. Je le feuillette une dernière fois, on me demande de le refermer, alors je le referme.

HexagoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant