chapitre 9 - la villa

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   Je ne sens plus mes jambes, ma tête tourne. Je vais m'asseoir sur le fauteuil situé devant la télévision. Marvin est là, il a déjà perdu un peu de poids, des cernes énormes, les yeux rouges. Il ne parle pas, et soudain une voix grave lui hurle dessus, lui donne des ordres. On dirait un animal en cage. Chloé et Claire sont là, me tiennent la main, tentent de me rassurer, pendant que j'éclate en sanglots. De plus en plus de larmes coulent sur mes joues, sur mes vêtements. Un homme se place à côté de Marvin, le frappe, Marvin lui supplie d'arrêter. L'homme sort un poignard, s'avance vers la caméra. « Tu devrais te dépêcher, Lucas. » Il sourit, et l'écran s'éteint. Je respire, tente de me calmer, les filles me consolent. Je me lève, marche jusqu'à la voiture, prends ma valise, la ramène dans l'appartement et sors le pack de bières. Je sors une bouteille, la bois à toute vitesse. Elles me demandent de m'arrêter, mais je ne veux pas, je veux me saouler, boire, me réveiller de ce cauchemar. Je bois une deuxième bouteille, puis une troisième. Je vais dans la cuisine, ouvre le frigo. Du vin, je prends la bouteille, la bois. Je m'écroule par terre, en pleurant, en criant.

   « Marvin est moooort !!! Il est mort, comme mon père !!! Je suis pas là pour l'aider, j'suis une merde, tout est de ma faute, nooon ! S'il vous plaît ! Aidez-moi !!! » Chloé et Claire me relèvent, m'amènent dans une chambre, et m'allongent dans un lit. Un lit confortable, qui me rappelle tant de souvenirs. Malgré le fait que je sois saoul, que ma tête tourne, j'arrive à distinguer mes anciennes peluches, mes jouets d'enfance. Je vois un petit garçon jouer avec mes Playmobil. Je sors du lit, et me dirige difficilement vers lui, titubant et me cognant un peu partout. « Oh, mais c'est moi ! Haha, j'étais drôlement mignon quand j'étais petit ! » Je me revois, gamin, jouant dans ma chambre, sans me soucier de rien. Je ris seul, parle seul, je vois Chloé et Claire me regarder, je vomis, puis je m'effondre.

   Quand je me réveille, je remarque que je suis dans une voiture. Claire est au volant, sa petite amie est à mes côtés. Comme le jour où je m'étais évanoui dans l'appartement. Je la regarde, lui lâche un sourire, et la serre dans mes bras. Je les remercie, toutes les deux. Je les remercie pour tout ce qu'elles m'ont fait depuis le début. « Nous sommes en route pour  Tours. Nous logerons chez notre amie où une surprise nous attend, puis nous irons à Bordeaux cette nuit. On arrive dans une heure environ. » Mon cœur se remplit alors d'espoir. Nous allons sauver Marvin, nous allons sauver Marvin, il sera vivant, ensuite nous buterons tous ces connards de la DFF. Je regarde par la fenêtre. Des arbres, des forêts, des champs, des collines. Pourquoi détruire tout cela. Notre belle France, notre hexagone, cette diversité du paysage, reflet de la diversité des cultures. Je pose ma tête contre le siège, puis attend, de longues minutes, que nous arrivions.

   Claire se gare sur le parking d'une grande maison. Baies vitrées, trois étages, garage immense, jardin gigantesque. Nous nous dirigeons vers l'une des portes d'entrée. Nous sonnons. Quelques secondes plus tard, une femme ouvre, elle est petite, cheveux blonds, yeux bruns, et un magnifique sourire. «Entrez mes amours !! »  Elle nous laisse entrer en premiers. Deux hommes nous attendent, assis sur les fauteuils, heureux. Claire, Chloé et moi nous précipitons vers eux, et les prenons dans les bras.

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