chapitre 12 - l'informaticien

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   Mes yeux s'ouvrent, lentement, je distingue des silhouettes, la lumière m'éblouit, je referme les yeux. Je sens quelque chose sur mon front. Je passe ma main dessus. C'est un gant de toilette imbibé d'eau. Je comprends alors que Laura, Théo et Romain m'ont encore une fois sauvé la vie. Je respire un grand coup, des larmes s'échappent sur mes joues, une main me les essuie. Je rouvre mes yeux, et vois des cicatrices tout le long de mes bras, de mes jambes. "Co... Comment ai-je survécu ?

-Quand le miroir s'est cassé, je me suis précipité vers la salle de bain... J'ai appelé les garçons pour forcer la porte, et nous t'avons sauvé à temps. Quelques secondes de plus, et tu y passais...

-Me... Merci, pour tout. Jamais je ne veux vous perdre...

-Jamais tu ne nous perdras."

Ils me regardent, je les prends dans mes bras. "Tu ne t'es pas réveillé pendant deux jours.

-Que s'est-il passé pendant ces deux jours ?

-Les russes sont arrivés en France. Ils se sont répartis dans les grandes villes du pays. Il y en a à Paris, Lyon, Marseille, et j'en passe. Apparemment, les Espagnols, les Allemands et les Belges vont nous venir en aide les jours à venir. Ils ont dit qu'ils tenteraient de virer les troupes de Poutine, et renverser la DFF.

-J'ai appelé un ami informaticien. On va pouvoir brouiller les antennes, et l'un d'entre nous sera filmé.

-Pourquoi ça, Laura ?

-Pour prévenir le peuple français. Les faire réagir, qu'il se révolte avec nous, et avec tous les autres pays qui s'unissent pour nous. Il arrivera cette nuit."

   Je peux sentir la rage mêlée à l'espoir dans les yeux de la jeune femme. Des émotions communicatives. Je décide alors d'être le porte-parole. "Nous voulions te proposer de toute façon" me dit Théo. Laura nous propose d'écrire le texte que je devrai prononcer pour rassembler les habitants du pays, en attendant l'arrivée de son ami. Nous passons de longues heures à trouver les meilleurs mots, les meilleures phrases, le message le plus fort.

  Au bout de quelque temps, la télévision se met en route, montrant des images d'immeubles détruits. Je lis le titre de ce reportage. "Bombardements à Caen". Caen... Les Juifs sont là-bas... "Une manifestation a eu lieu à Caen, opposant la communauté juive à la DFF et aux renforts russes. Un char d'assaut aurait tiré à une seule reprise dans la foule après que certains manifestants s'en sont pris aux forces de l'ordre". Puis la télé s'éteint. Nous nous regardons, quelques secondes, respirons, reprenons nos esprits, et continuons la confection du discours. Des dizaines de papiers gaspillées, quelques tubes d'encre vides, pour arriver au texte parfait.

   Soudain, on sonne à la porte. Laura se précipite à la porte, et l'ouvre. "Entre Adrien, on t'attendait !

-Laura, ça fait plaisir de te voir ! Dis aux trois autres de venir, j'ai besoin d'un peu d'aide !

-Théo ! Lucas ! Romain ! Je vous présente Adrien, mon ami informaticien.

-Enchanté. Alors, qui va passer devant la caméra ?

-C'est moi."

   Il me regarde, et sourit, puis nous demande à tous de le suivre. Nous arrivons devant une camionnette. Il ouvre le coffre de celle-ci, et une montagne d'objets technologiques apparaît devant nos yeux. Nous les prenons, les amenons dans le salon, faisons plusieurs voyages jusqu'à vider le véhicule. Une quinzaine de minutes plus tard, tout le matériel est posé dans la pièce. "Allez dormir. Je m'occupe de mettre en place tout le bazar, et demain matin on tourne. Toi, essaye de réviser un peu ton texte, si t'as le temps."

   Nous nous souhaitons tous une bonne nuit. Je vais dans ma chambre, les papiers à la main. Je le relis plusieurs fois, essaye de retenir les points importants. Puis, quelqu'un entre dans ma chambre, et allume la lumière. "Romain, tu fous quoi ?

-Désole, je ne trouvais pas le sommeil. Je voulais savoir si t'avais besoin d'aide.

-Non, merci c'est gentil."

   Il s'approche de moi en souriant, me prend par l'épaule. "Tu es parfait pour ce rôle. Tu vas y arriver, je crois en toi, et nous croyons tous en toi". Il se dirige vers la porte, et je le remercie avant qu'il ne parte. Je relis encore une ou deux fois le discours, puis m'endors.

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