LOST: Perdus à jamais

Chapitre 21: La vérité

-Sam!
La voix me transperça et me fit sursauter. Je me levai d'un coup.
Je me souvenais de tout.
La trappe, la falaise, et cette lumière... Je revoyais chaque scène de mon rêve avec une netteté parfaite, même irréelle. J'entendais encore la voix du garçon inconnu se répéter dans ma tête.
"Vous n'êtes pas les seuls..."
Je percevais chaque intonations, chaque souffles... Ce n'était pas normal. Jamais je n'avais fait de rêve aussi clair.
Malgré les images qui défilaient en boucle dans ma tête, la réalité me frappa de plein fouet.
Boone.
Mort.
Le petit moment de panique que j'avais subit en me réveillant s'était transformé en une profonde tristesse en l'espace d'une seconde. Je pris une grande inspiration pour me calmer et pour éviter de me remettre à pleurer.
C'est seulement à ce moment que je remarquai Jack, assis près de moi, qui me fixait avec un mélange de tristesse et de soulagement.
-Je commençais à m'inquiéter, dis-donc..., dit-il d'un ton monotone en se relevant.
-Que... Qu'est-ce qui c'est passé?, demandais-je en réalisant que je ne savais pas trop ce qui s'était passé hier, juste après que j'aie assisté à la mort de mon ami.
Jack soupira longuement.
-Et bien, après que Boone...
Il fit une pause, comme s'il cherchait les bons mots.
-Après que Boone ait... trépassé, tu t'es mise à courir pour sortir de la grotte, mais tu as glissé et ta tête a heurté un rocher. Tu es tombé dans les pommes sur le coup, et j'essaie de te réveiller depuis hier soir...
Je réalisai alors que j'avais un terrible mal de tête. En me passant la main dans les cheveux, je remarquai une petite entaille là où j'avais heurté la pierre.
-Et... Où sont les autres?, murmurais-je en voyant la grotte vide.
Il n'y avait plus personne, seulement Jack et moi.
-Ils sont tous à la plage... D'ailleurs, ils nous attendent...
Il me regarda d'un air résigné.
Il n'avait pas besoin de m'expliquer pourquoi les autres nous attendaient, je le savais parfaitement.
Je pris une grande inspiration, à la fois pour me calmer et à la fois pour m'aider à surmonter ce qui allait suivre. Jack se leva, et sans rien ajouter, il sortit de la grotte. Je le suivis d'un pas lent, et juste avant de pénétrer dans la jungle humide, il se retourna vers moi, me dévisageant avec un regard remplit de compassion et de déception.
Je comprenais ce qu'il endurait: il avait faillit à son job de médecin, qui consistait à sauver tous les malades et les blessés qu'on lui apportait. Il devait se sentir coupable de ne rien avoir pu faire pour sauver Boone, il était si jeune après tout. Il ne méritait pas de mourir.
Jack se tourna vers la jungle, hésita un moment, le regard perdu dans la voûte de feuillage au-dessus de nous.
Puis, comme sortit tout droit d'un rêve, il se mît à avancer machinalement, et je n'eus que d'autre choix que de le suivre.

Le trajet s'était fait en silence.
Jack se contentais de marcher, et je me contentais de le suivre. J'aurais bien voulu entamer la conversation, mais je ne trouvais pas les mots.
La végétation commençait par devenir moins espacée, ce qui signifiait que nous approchions de la plage. Jack releva la tête et fixa un point lointain.
Dans la distance, je pouvais apercevoir un groupe de personne fixant le sol.
Nous nous sommes approchés. Je n'avais pas besoin qu'on me fasse un dessin pour comprendre ce qui se passait et à quoi on allait assister.
Tout le monde fixait un trou dans le sable. Une bâche était étendue au fond, par-dessus une forme qu'on ne pouvait pas bien discerner.
Un cadavre. Une tombe.
Charlie se tenait près du trou, un gros morceau de bambou ressemblant vaguement à une pelle en main. Son visage était pâle, ses yeux sans émotions. Sawyer se trouvait lui aussi tout près de la tombe. Ses longs cheveux châtains trempée de sueur étaient collé à son visage, sa mâchoire crispé, son regard exprimant une émotion que je me reconnaissais pas.
Il tourna légèrement la tête vers moi mais la détourna bien vite, comme s'il ne pouvait pas supporter mon regard. Tous les autres formaient un cercle autour de la tombe, ils nous attendaient.
Je remarquai aussitôt Claire, placée pas très loin de Charlie, un bébé dans les bras.
Son bébé.
J'en avais presque oubliée son accouchement. Je ne savais pas comment ça c'était passé, mais le nouveau-né avait l'air en parfaite santé et Claire le tenait dans ses bras comme si elle avait fait ça toute sa vie. Elle le berçait doucement et le poupon devait dormir. J'avais très envie d'aller le voir, mais le moment était mal choisis.
Une fois entre Kate et Hurley, je m'autorisai à regarder dans le trou. La bâche nous cachait l'horrible spectacle du cadavre ensanglanté, et c'était très bien comme ça. Je n'avais aucune envie de le revoir, même si je désirait plus que tout au monde revoir Boone pour une dernière fois avant qu'il disparaisse définitivement, ensevelis sous une tonne de sable.
Jack entama un petit discours, mais sa voix tremblait, il n'allait pas tenir bien longtemps. Je balayai les environs, n'importe où pour ne pas regarder cette grossière tombe, et mon regard tomba sur Shannon.
Elle était un peu à l'écart, tout le monde lui avait laissé un petit espace. Seul Sayid était près d'elle et lui flattait le dos pour la réconforter, mais elle ne semblait même pas s'en rendre compte. Ses yeux bouffis étaient fixés sur la bâche, les larmes envahissaient ses joues et elle avait les bras serrés sur sa poitrine. Le dos voûté et les cheveux en batailles attachés en une petite queue de cheval, elle avait tout d'une femme en deuil, excepté qu'elle avait un sourire qui se voulait triste et rageur à la fois collé au visage.
Pour une fois, elle semblait triste pour son frère, même si son sourire étrange laissait croire que sa mort la fâchait. Elle qui n'avait jamais aimé son demi-frère comme lui l'aimait, elle s'était servis de l'amour qu'il portait pour elle pour le manipuler. Mort, il ne lui servait plus à rien.
Jack s'arrêta soudainement de parler, créant ainsi un grand instant de silence et de recueillement. La plupart des gens ici ne connaissait pas vraiment Boone, mais ils étaient quand même venu assister à son enterrement. Boone était quelqu'un de très serviable qui voulait aider tout le monde, mais le fait qu'il était toujours partit avec Locke et Ryan le rendait quasiment invisible aux yeux de tous.
Justement, ces deux-là ne se trouvait nul part. Ils n'avaient même pas pris la peine de venir.
Jack n'avait pas la force de continuer son discours, Sayid prit donc la relève même s'il n'avait jamais vraiment connu Boone, tandis que je fulminais. Le comportement de Ryan me déchirait: je le connaissais bien, il serait venu aux funérailles. Peut-être que Locke l'en avait empêché, ou peut-être qu'il avait changé...
La voix de Sayid s'efface alors qu'il parlait de la bonne volonté de Boone. Tous les survivants tournèrent la tête comme un seul homme vers la gauche, d'où deux personnes venaient d'arriver.
Locke et Ryan.
Jack se précipita vers eux avec toute l'énergie qui lui restait. Il fonça droit sur Locke et, son visage crispé par la colère, le poussa violemment sur le sol. Jack s'accroupit à son tour et lui balança quelques coups de poing dans le ventre tandis que les autres survivants s'approchaient de la bagarre. Locke ne se défendait pas et Ryan, qui n'était plus le centre d'attention et que tout le monde avait oublié, se décala subtilement de la foule. Je voulais le suivre, mais je restais là à fixer Locke, convaincu, comme tous les autres, qu'il avait un rapport avec la mort de Boone. Même Shannon le regardait d'un air rageur, sans que ses larmes n'arrête de couler, toutefois.
Les coups de Jack devenaient de plus en plus faible et Sayid le tira par en arrière pour l'éloigner du vieux.
-Espèce d'ordure..., tenta de crier Jack.
Sa voix était faible, il s'écroula sur le sable tandis que Kate lui emmenait à boire. Il n'était pas inconscient: il s'efforçait de fixer Locke droit dans les yeux.
Le vieux se releva doucement, du sang coulant de son nez. Il prit une grande inspiration et décida enfin de s'expliquer.
-Écoutez..., commença-t-il. Je sais que nous n'avons pas été très présent ces derniers temps. Je sais que beaucoup d'entre vous m'accuse de la mort de Boone, et vous avez raison, c'est de ma faute. Je sais aussi qu'on nous accuse de mentir, et c'est vrai, je ne peux pas le nier.
Quelques murmures d'indignation vinrent briser le silence. Il venait d'annoncer publiquement qu'ils nous avaient menti, lui, Ryan et Boone, et que c'était de sa faute si celui-ci était mort. Je le savais depuis le début, mais l'entendre l'avouer devant une quarantaine de personne me fit serrer les poings.
-Mais aujourd'hui, il est temps de rétablir la vérité, s'exclama-t-il avant de prendre une pause théâtrale. Boone n'est pas tombé d'un arbre.
Des murmures interrogatifs s'élevèrent sur la plage. Locke continua.
-Boone, Ryan et moi avons trouvé un petit avion sur une falaise d'une quinzaine de mètres. Un Cessna, je crois. Nous voulions aller voir s'il n'y avait pas une radio dans l'avion, mais mes jambes m'ont fait défauts et je n'ai pas pu monter avec Boone. Il a grimpé la falaise seul et s'est rendu dans le Cessna. Il y avait bel et bien une radio, et...
Il respira un bon coup avant de continuer.
-Il a réussis à envoyer un message. Il a même réussis à joindre quelqu'un, probablement quelqu'un sur l'île, et au moment où il allait sortir de l'avion... L'appareil s'est mis à tanguer et à se balancer au-dessus du vide avant de tomber et de s'écraser en bas, avec Boone toujours à l'intérieur.
Je me figeai. La falaise, je l'avais vu.
Dans mon rêve.
C'était donc réellement ce qui c'était passé? Boone était tombé de la falaise, comme il me l'avait fait comprendre dans mon rêve? Non, impossible. Comment j'avais pu prédire une telle chose? Quoique, ce rêve avait l'air tellement réel... Mais ce n'était qu'un rêve, pourtant!!
-Il était coincé sous les débris de l'avion... Nous l'avons dégagé, Ryan et moi, mais sa jambe avait été écrasée, nous l'avons porté jusqu'aux grottes puis nous sommes partis, comme des lâches... Si mes jambes ne m'avait pas fait défaut, j'aurais pu grimper avec lui, j'aurais pu le sauver... Si seulement..., termina-t-il, ses yeux s'emplissant d'eau.
Ses yeux avaient beau être noyés par les larmes, elles ne coulèrent pas sur ses joues.
Sayid s'approcha de lui. Les autres survivants commençaient à s'éloigner, une mine de dégoût collée au visage. Locke et Sayid échangèrent à voix basse, j'étais trop loin pour entendre. Ils finirent par s'éloigner tous les deux, vers la jungle.
J'étais toujours plantée là, à me demander quoi faire. L'idée que j'ai pu voir la falaise dans mon rêve était troublante. C'était un genre de rêve prémonitoire? Non, sinon j'aurai vu la falaise bien avant que Boone ne meurt... Je ne l'ai vu qu'une fois qu'il était décédé.
Quelques brides de souvenirs de ce "rêve" me revenait peu à peu. Je n'y avais pas vu qu'une falaise, j'y avais vu aussi une trappe.
Mais une trappe au beau milieu de la jungle... Comment c'était possible? Mais se pourrait-il que...
Je tournai légèrement la tête et Ryan apparut dans mon champ de vision.
Il était près de la tombe et fixait le fond d'une manière assez mélancolique. Il semblait enfin se soucier de la mort de Boone, et il semblait en être affecté d'une manière ou d'une autre.
J'eus alors une idée. Une idée folle et stupide, mais sur le coup, elle me parut extrêmement bonne.
C'était le seul moyen pour savoir si mon rêve était plus qu'un rêve.
Je m'approchai de Ryan les poings serrés. Je ne l'avais toujours pas pardonné de m'avoir abandonné de la sorte, et pour la première fois, je comptais laisser sortir ma rage. Pas en lui hurlant dessus, seulement en exécutant mon idée.
J'étais à environs cinq mètres de lui quand il tourna finalement la tête vers moi. Son regard croisa le mien et l'expression qui ornait son visage depuis tout à l'heure se changea en appréhension, avec un soupçon de peur.
Je me plantai juste devant lui, mon visage à deux centimètres du sien. Il ne recula pas pour autant. Sa bouche s'entrouvris, comme s'il allait dire quelque chose, mais aucun son n'en sortit. Je décidai de le devancer.
-Je sais tout, lançais-je tandis que je le fusillais du regard.
Il se figea, bouche entrouverte. Il semblait réfléchir, son cerveau avait l'air de fonctionner à cent à l'heure. J'avais dû avoir l'air assez convaincante.
Après ce qui me parut plusieurs secondes, il recula un peu, comme déstabilisé.
-Je sais..., commença-t-il mal assuré, Locke a tout balancé...
J'aurais pu en arrêter là, oublier mon idée, mais j'étais si près du but... Par contre, si mon rêve ne s'avérait n'être qu'un rêve, j'allais avoir l'air d'une folle à lier devant Ryan...
Une partie de moi voulait m'empêcher d'ouvrir la bouche, mais l'autre, bien plus forte, fit précipiter les mots avant même que j'aie le temps d'y réfléchir.
-Je ne parle pas de ça, dis-je sur un coup de tête. Je parle de la trappe.
Je regrettai aussitôt mes paroles.
J'allais avoir l'air d'une dérangée, sûr et certains. Je me sentais extrêmement honteuse, mais je m'efforçai de garder la tête froide et de fixer Ryan durement.
Il sembla s'écouler des heures sans que rien ne se passe.
Ryan n'avait aucune réaction. Il ne parlait pas, ne bougeait pas... C'était bien la dernière chose que j'aurais imaginé. Je croyais qu'il allait froncer les sourcils, me demander où j'avais la tête pour inventer des choses pareilles, mais il restait silencieux, aussi silencieux qu'une statue de bronze.
J'allais lui demander si ça allait quand je remarquai quelque chose, un petit changement si minime que personne d'autre que moi n'aurai pu remarquer et qui me fit réaliser que Ryan n'était pas du tout figé sur place par ma révélation douteuse.
Ses yeux.
Un petit quelque chose, une petite différence comparé à tout à l'heure quand j'étais arrivé près de lui. Un changement d'expression dans ses yeux, une peur un tantinet plus prononcé, peut-être? Ça, je n'arrivais pas à le dire.
Je remarquai aussi que sa peau, normalement un peu bronzé par le soleil qui éclairait l'île chaque jour, était plus blême que d'habitude. De fine gouttelettes de sueurs perlaient dans le haut de son front, peut-être seulement la chaleur, mais pourtant...
Je jurerai qu'elles n'étaient pas là il y a une minute de cela...
Ses mains tremblaient légèrement, je ne m'en étais même pas aperçu. Elles tremblaient tellement faiblement qu'on aurait pu croire que c'était naturel, mais je savais au fond de moi que ça ne l'était pas.
Enfin, ses lèvres, soudainement asséchées, remuèrent un peu.
-Comment..., souffla-t-il.
Je n'osais pas bouger. J'appréhendais sa réponse, et vu comment elle était commencée, je ne voulait pas rater la suite.
-Comment tu sais ça..., murmura-t-il si faiblement que je faillis ne pas l'entendre.
Mon visage sérieux devint aussitôt plus calme, plus posé.
Sans émotion.
Je fixais un point invisible dans le visage de Ryan. Je ne voyais presque pas sa main s'agiter devant mes yeux.
Comment j'avais fait pour savoir ça...
Ce rêve n'en était donc... pas un?
Mais alors, c'était quoi? Une prémonition, une vision?! Moi-même je ne le savais pas.
J'eus une perte d'équilibre soudaine, j'allais m'effondrer mais Ryan me rattrapa.
-Sam, me chuchota-t-il à l'oreille. Ça va? Tu veux que j'aille chercher Jack??
J'entendais de nouveau sa voix. Je secouai légèrement la tête, mon regard toujours dans le vide.
Je n'avais jamais fait de rêve de la sorte avant... C'était la première fois.
Je me rappelai aussi autre chose.
Le garçon aux cheveux noir de jais.
C'était lui qui m'avait montré le chemin vers la trappe, il m'y avait conduit... Et je n'avais jamais vu ce type là avant non plus.
Est-ce que cet étrange garçon avait un lien avec ces "visions"? Existait-il réellement? Je voulais savoir, je devais savoir.
Mais d'abord, je devais voir de mes propres yeux ce que j'avais déjà vu.
-Emmène-moi là-bas, dis-je tout bas, je veux la voir...
Ryan jeta un regard nerveux autour de nous. Il s'arrêta sur Locke, qui discutait avec Sayid un peu à l'écart des autres. Sayid semblait très intrigué et Locke semblait lui expliquer quelque chose. Le vieux chauve se dirigea vers la jungle d'un pas assuré, suivis de près par Sayid. Ils disparurent dans la végétation.
-Bon, d'accord..., murmura Ryan. Mais ne montre cet endroit à personne d'autre!!
Il m'attrapa la main et me tira vers les arbres. Je ne pouvais que le suivre, il ne relâchait pas son emprise sur ma main. Cela ne me dérangeait pas, son contact me faisait du bien, comme si j'avais enfin retrouver mon meilleur ami pour de bon.
Il emprunta une direction dans laquelle je n'étais jamais allée et, probablement pris d'un élan de culpabilité, se mit à tout me raconter.
Ils avaient trouvé cette trappe, lui, Locke et Boone, la journée où nous étions partis à la recherche de Claire. Ils y étaient retournés chaque jours, prétextant aller chasser, en espérant trouver un moyen de l'ouvrir. Malheureusement, malgré des dizaines de tentatives essayées, aucune n'avait réussis à faire céder la trappe.
Quant au Cessna, ils l'avaient trouvé par hasard, en se promenant.
-Sam, je..., commença-t-il d'une voix cassée. Je suis désolé de ne t'avoir rien dit... Tu comprend, Locke nous avais fait promettre de ne rien révéler à personne, Boone a insisté pour le dire à Shannon et j'ai insisté pour te le dire, mais il ne voulait rien savoir... Je te demande pardon...
J'entendais les sanglots envahir sa voix, mais je savais qu'il n'allait pas laisser couler ses larmes. Je ne l'avais jamais vu pleurer, même après tant d'année d'amitié. Il ne laissait jamais entrevoir ses faiblesses.
-Je te pardonne, Ryan..., murmurais-je en me tournant vers lui.
Il regardait droit devant lui, je ne le voyais que de profil, mais la simple vue de son visage me fit chaud au coeur. Il esquissa un sourire. J'étais tellement contente de l'avoir retrouver...
Le reste du trajet de déroula en silence. La jungle me semblait vaguement familière, comme si j'étais déjà venu par ici... Alors que pourtant, je ne m'étais jamais aventurée dans cette portion de l'île...
Ça devait être le même décors que dans cette "vision", c'est pour ça que j'avais l'impression de connaître cet endroit.
Ryan s'arrêta soudainement et lâcha finalement ma main.
Je regardai autour. Rien ici ne semblait inhabituel, à part le fait que reconnaissais l'endroit.
Théoriquement, c'était ici que se trouvait la trappe.
Je jetai un regard sur le sol.
Émergeant du sol apparaissait une grosse tuile d'acier, recouverte de feuille et de pierre. Elle passait presque inaperçu, de sorte que si quelqu'un marchait à proximité, jamais il ne la remarquerait.
Je repoussai le camouflage avec mes pieds pour laisser apparaître une épaisse trappe, avec une petite fenêtre blindée opaque en son centre. Le métal avait commencé à rouiller à certains endroit, ce qui voulait dire qu'elle devait s'être faite construite il y a bien longtemps.
Cette marque de technologie se démarquait du reste de la jungle maintenant qu'elle n'était plus recouverte de plante. Une création humaine au beau milieu de nul part, là où la nature régnait... Cela voulait certainement dire qu'il y avait eu une quelconque activité humaine sur cette île il y a plusieurs années... Et il y avait peut-être autre chose sur cette île qui trahissait la présence d'être humain dans le passé.
-Comment as-tu su pour la trappe..., lança Ryan, les yeux fixés sur la trappe.
Je me voyais mal lui expliquer mon "rêve", mais même si je n'avais aucune envie de lui raconter tout ça, je n'avais pas vraiment le choix.
Heureusement pour moi, je n'ai même pas eu à ouvrir la bouche.
Des bruissements se rapprochaient.
Ryan me tira vers lui, méfiant. Des branches craquaient sous le poids de quelque chose, et ce quelque chose se dirigeait par ici.
Locke émergea de derrière un arbre, Sayid juste derrière lui.
Le vieux sembla surpris de voir Ryan, puis son regard se porta vers moi. Étonnamment, il ne semblait pas fâché: un mince sourire se dessina même sur son visage, un sourire qui semblait désolé.
-C'est pas possible..., s'exclama Sayid tout bas en se penchant sur la trappe.
-Sayid m'a demandé de le conduire au Cessna, ce que j'ai fait..., dit Locke en regardant Ryan et en m'ignorant totalement. Je lui ai dit pour la trappe, et je l'ai mené ici en espérant qu'il ait une idée pour l'ouvrir...
Sayid passait ses doigts sur le métal, cogna quelque fois sur la fenêtre et se releva finalement, ses pantalons en treillis couverts de terre.
-Vous avez essayé de faire un effet de levier?, demanda-t-il.
-Oui, c'est Boone qui avait eu l'idée..., lui répondit Ryan, mais malgré les nombreuses tentatives, rien n'a réussis à la faire ouvrir...
Nous étions à présent tous les quatre en train de fixer l'étrange trappe sur le sol de la jungle, à essayer de trouver une idée pour l'ouvrir afin qu'elle nous livre ses secrets...
-Ne vous inquiétez pas, lança Sayid d'un ton assuré. On trouvera un moyen de l'ouvrir, coûte que coûte. Je vous le promet.