Chapitre 7

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Je suis assise contre le mur, la tête calée entre deux pierres, hésitant à poser ma question à Come. Il s'est déjà passé une semaine depuis nos présentations, et suite à ça, je n'ai jamais pris la peine de lui reparler. Nous étions ensemble durant l' « activité » que nous avons pratiquée samedi dernier, mais je crois que j'avais vraiment besoin de cette semaine de solitude afin de digérer tout ça.

J'étais vraiment heureuse d'apprendre que nous n'allions pas rester enfermés toute la semaine dans nos cellules. Je pense que je ne l'aurais pas supporté. Je trouve ça vraiment dommage que je ne me rende compte que maintenant de la chance que j'avais avant de rester cloitrée 7j/7 dans un espace minime. Mais comme on dit souvent, « on ne se rend compte de l'importance d'une chose que lorsqu'on la perd ».

Et pour une première activité de groupe, je peux dire que je n'avais pas été déçue. Bien que le silence ait régné toute la journée, prendre quelques rayons de soleil sur mon visage encore plus pâlot que d'habitude m'avait fait du bien. Nous avions passé toute l'après midi en extérieur, dans la cour de limbes, surveillé par plusieurs dizaines de gardes. Mais personne n'avait fait de faux pas. J'aurais pu dire « comme de petits citoyens modèles», mais non. Premièrement, je doute que nous soyons considérés comme des citoyens, et ensuite, nous ne sommes pas des modèles. Nous sommes des personnes ayant commis un terrible crime, nous gardant directement une place dans les limbes, et de cette manière, ruinant notre futur, qui, pour certains, aurait pu être brillant. Mais la vie est composée de choix. Nous avons tous, ici présents, fait le mauvais choix.

Durant ma semaine de solitude, j'avais pu réfléchir à ma condition. Et je me rends compte maintenant que le gouvernement ne fait que sévir. Que ce serait il passé si j'avais commis ce crime dans la rue ? J'aurais enfreint l'une des Règles Premières. Le gouvernement a bien fait de m'enfermer, je suis quelqu'un de dangereux. Je n'ose pas imaginer les répercussions que cela aurait eu si je n'avais pas été dans une simulation. Ils m'ont arrêtée avant que je puisse enfreindre pour de bon cette fois-ci, l'une des Règles qui nous maintient en sécurité.

Mes pensées me font mal. Comme si, au fond de moi, j'étais contre cette idée. Comme si je menais un combat intérieur. Un combat contre moi-même. Mais c'est faux. J'ai le contrôle total. Je suis juste triste de savoir que je n'ai aucune chance de pouvoir retourner à ma vie.

Je sors de ma torpeur. Il faut que je lui pose ma question. Qu'est-ce que j'ai à perdre ? Rien du tout. Dans le pire des cas, il me dira non.

J'essaye de me convaincre intérieurement, bien que je sache que des choses à perdre, j'en ai beaucoup. Une possible amitié avec un être humain, par exemple. Car je ne pense pas que passer le restant de mes jours seule soit la meilleure solution dans mon cas.

Mais, dans le cas contraire, il se peut aussi que, s'il me répond, nous commencions sur une base de confiance. Notre plus grand secret sera dévoilé, et ça aura brisé la glace. De toute façon, on sait tous que nous sommes des terribles personnes. Il a commis un crime. Aucun risque que je sois surprise par sa réponse.

Je prends mon courage à deux mains, puis me lance.

- Pourquoi tu t'es retrouvé ici ?

Je le fixe. Intensément. Peut être un peu trop, car il finit par détourner le regard.

Il ne répond pas. Ni ne bouge d'ailleurs. Il est toujours assis, les dos contre le mur, les jambes étalées devant lui. J'arrive à le voir en entier, mais lui n'aperçoit sans doute qu'une partie de mon visage, tant je suis proche du trou entre nos deux cellules.

Je m'apprête à me lever, n'ayant vu aucune réaction de sa part. Mais je me retins en entendant le timbre de sa voix, plus rauque que la normale.

- C'est une question très indiscrète. Mais... Je vais quand même y répondre. J'aimerais aussi savoir comment une fille même pas marquée à pu se retrouver dans les Limbes.

Je reste silencieuse. J'attends qu'il continue. S'il me répond, il est évident que je fasse de même.

- J'ai commis... Un meurtre.

Je ne montre aucune émotion. La plupart des personnes enfermées ici (et heureusement que les Limbes ne possèdent qu'un couloir de criminels) sont des meurtriers. Cela signifie que dans tout notre Monde, le pourcentage de personnes étant capable de tuer quelqu'un est infime. Mais il existe. Malgré toutes les tentatives pour le gouvernement pour rendre notre Monde proche de la perfection, il reste ces individus, ces meurtriers. J'espère qu'un jour, ils seront éradiqués à tout jamais. Seul le gouvernement sait à quel moment la mort est un sort préférable.

Mais ce que je veux savoir, c'est pourquoi. Pourquoi quelqu'un de Violet, voudrait ôter la vie à quelqu'un.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

Il me fit un sourire de coin. Je le regarde ébahie. Et cet individu est sensé être l'un des plus intelligents de ce monde ?

- Pourquoi as-tu tué cette personne ! C'est impensable...Tu ne peux pas être Violet !

Il me fit un sourire de coin qui m'horripila. Je suis très sérieuse, on ne rigole pas avec ça.

- Pourquoi je ne pourrais pas être Violet ?

Mais ma parole, cet individu est des plus stupides !

- Parce-que un Violet est quelqu'un d'intelligent ! Quelqu'un d'intelligent n'ôterait pas consciemment la vie à quelqu'un sans qu'il n'ait enfreint l'une des Règles Première ! Quelqu'un d'intelligent ne détruirait pas son brillant avenir comme tu l'as fait ! QUELQU'UN D'INTELLIGENT NE REPONDRAIT PAS A MES QUESTIONS PAR D'AUTRES QUESTIONS, STUPIDES QUI PLUS EST !

Ryan m'observa quelques secondes, puis détourna le regard pour pouvoir voir ma main gauche bien visible maintenant que j'étais debout.

J'entendis alors le roulement métallique signifiant clairement l'arrivé de l'un des robots qui nous surveillait à l'extrémité du couloir. Mais qu'est ce que j'avais encore fait ? Je ne suis pas non plus très intelligente apparemment.

EXISTEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant