Chapitre 12

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Après une bonne vingtaine de minutes de course effrénée, à tenter de poursuivre tant bien que mal leur petite troupe à travers le bois, nous nous arrêtons enfin devant un petit ruisseau d'où découle une eau claire. 

Je suis exténuée. Mon corps ne me soutient plus, et je m'affale sur un rocher relativement plat, tandis que les autres discutent à quelques mètres de là, tout en me lançant de temps des regards.

Je ferme les yeux et pose ma main sur mon ventre, tentant de calmer petit à petit ma respiration. Je n'ai jamais été très sportive, malgré l'heure de course quotidienne obligatoire, et nos performances enregistrées, - par notre très cher tapis de course, qui nous dénoncera immédiatement si à minuit passé, toutes les personnes de l'habitation n'ont pas dépensé leurs calories nécessaires sur le tapis de course -, et il va sans dire que mes quelques mois dans les Limbes m'ont énormément affaiblie.

Une légère pression s'exerce sur mon épaule gauche, et j'ouvrai difficilement les yeux, pour apercevoir à mes côtés la femme qui m'avait permis de m'évader.

Elle est encore plus belle de près. Ses longs cheveux blonds, bien que relativement sales sont maintenant détachés, et mettent en valeur ses grands yeux marron ainsi que ses pommettes hautes. Même si ce n'est aucunement le moment de penser à ça, je comprends immédiatement pourquoi Come est tombé sous son charme.

Lorsqu'elle prend la parole, je m'arrête presque de respirer pour l'écouter.

- Je m'appelle Kaylee.

Je hoche la tête. Je sais qu'elle connait mon prénom et qu'il est donc inutile de me présenter à mon tour.

- Et voici Darren, continue elle en pointant dans cet ordre le violet qui m'a littéralement arraché le poignet, positionné dos à moi et dont je ne peux apercevoir le visage, mais seulement la fine carrure tout en longueur, et Zach. Je pense que tu le connais, non ?

En effet. L'évadé de la cellule d'en face.

Elle étire ses bras vers l'avant avant de reprendre :

- Tu dois être vraiment perdue. Et fatiguée. Je ne peux pas tout t'expliquer seule, et encore moins maintenant – son regard dévie vers les arbres, comme si elle redoutait soudainement quelque chose -, mais je veux que tu saches que tu peux nous faire confiance. On est tous dans le même bateau ici. On t'expliquera tout une fois en sécurité. Si tu nous fais confiance. Je sais que c'est difficile mais...

- Je vous fais confiance, m'exclamais-je.

Ce n'était pas vrai. Je venais d'apprendre que je ne pouvais avoir confiance en personne. Mais ils m'avaient sortie de prison, et sans eux, j'étais perdue. J'allais devoir être des leurs quelques temps. Je ne savais rien d'eux mais je devais bien avouer qu'ils m'avaient sorti de là. Malgré la réticence visible de Come. Je ne veux pas me retrouver de nouveau dans les Limbes, ou être tuée sur place pour m'en être évadée. J'allais devoir rester avec eux, le temps que je sache me débrouiller seule. C'était le seul moyen de survivre.

Elle me sourit avant de se lever et de lancer :

- Bon les gars, on y va. Déjà qu'on n'est pas en avance, si en plus on arrive avec un imprévu – je la vois regarder dans ma direction. – mieux vaut pas perdre notre temps si vous voulez diner ce soir.

Mon ventre gargouille. J'ai vraiment faim. Encore plus que d'habitude. Je me lève. Je ne sais pas où l'on va, ni comment. Je ne sais pas qui ils sont, ni ce qu'ils veulent, ni pourquoi. Mais je ne dis rien. Elle m'a dit qu'elle m'expliquerait tout plus tard. Je ne veux pas faire foirer leur plan qui est visiblement préparé depuis très longtemps- encore plus que ce que j'ai fais jusqu'à maintenant - et risquer à les énerver et les avoir contre moi.

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