Chapitre trois

1.3K 23 0
                                    

   Je m'arrêtais dans un magasin et m'appuyai, dos au mur, yeux clos – rien que ceci m’avait semblé étrange, Noël étant un jour férié. J'ai haleté bruyamment plusieurs minutes, encore choquée et, surtout, troublée. Je me laissais glisser le long de la paroi, et tomber à terre. J'étais assise. J'avais chaud. Je voulais pleurer, mais les larmes ne venaient pas.

   Que s'était-il passé ? Je venais de vivre l'un des moments les plus étranges et les plus magiques de ma vie. Avais-je rêvé ? Je ne pourrais l'affirmer. Est-ce que ça s'était réellement passé ? Qui était-il pour me faire ressentir de telles choses, de tels sentiments ?

   - Mademoiselle ?

   La jeune responsable, que j'avais aperçu quelques jours plus tôt, se tenait près de moi, visiblement inquiète, une main sur mon épaule.

   - Li ! Apporte un verre d'eau ! Venez avec moi.

   Elle passa un bras autour de ma taille et m'aida à me relever. Elle me fit traverser un rideau de perles de bois derrière le comptoir de la caisse et m'emmena dans une salle aux murs coupés en deux ; en bas, des boiseries - peut-être du cerisier - et en haut, séparé par une grande bande rouge, peinte d'un long dragon noir, une peinture blanche et mate. Une table basse en ébène se dressait au milieu de la pièce, entourée de coussins rouges et noirs. Des tableaux étaient accrochés aux murs, le plus souvent représentant des geishas, et aussi de petits éventails en ivoire. Une grande fenêtre donnait un aperçu sur la rue, couverte de grands rideaux de velours blanc. Elle me fit enlever mes chaussures.

   - Asseyez-vous.

   J'obéis.

   Li m'apporta un verre d'eau, je l'en remerciai et bus le tout d'une traite. La fraîcheur de l'eau dans ma gorge me fut d'un plus grand bien. L'autre femme s'assit à côté de moi.

   - Alors ? Ça va mieux ?

   - Un peu, oui. Merci beaucoup.

   - Avec plaisir.

   Elle avait un accent asiatique à couper au couteau, mais elle semblait parfaitement maîtriser le français.

   Li s'assit à mon autre côté.

   - Que s'est-il passé pour que ma sœur vous retrouve dans cet état ? posa celle-ci.

   Je les regardais toutes deux. En effet, elles étaient bien jumelles. Même si elles avaient une voix différente. Li s'en alla dans une autre pièce.

   Je me sentais, bizarrement, en confiance totale avec elles deux.

   Je répétais donc mon aventure avec l'homme à la Citroën à la jeune femme.

   - Remontez vos manches.

   Je fus étonnée par la question de l'autre. J'obéis.

   J'étouffai un cri en découvrant cette chose sur mon poignet droit.

   Une somptueuse cicatrise en croix, couvrant tout l'intérieur de mon poignet, et son centre se trouvant en plein sur ma veine.

   La jeune femme effleura la marque.

   - Depuis quand possédez-vous cette cicatrise ?

   - Je ne sais pas ! m'écriai-je, complètement affolée. Je ne l'avais même pas ce matin !

   - Je reviens.

EnergieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant