I - Le sous

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Voici comment Elouan voit la vie. Pour lui la vie n'est pas une suite d'événements au hasard, comme le laisse penser la plupart des savants. Avec leur stupide expérience du pile ou du face, ils pensent pouvoir berner ce jeune homme sur le fait que c'est le hasard qui est responsable de ce phénomène physique. Cet enfant ne pensait jamais comme les autres et ne vivait pas comme les autres. Il était grand malgré son âge, les épaules carrés, la peau basané alors qu'il vivait dans un pays nordique et ses yeux était vert tendant pour un orange vif en leur centre. Avec toutes ses caractéristiques étranges, l'enfant n'avait pas vraiment d'amis et ne pouvait compter que sur sa soeur.

- Elouan ! le réveilla une voix.

L'enfant sortit immédiatement de ses pensées. En regardant autour de lui, il s'aperçut qu'il était en classe et que son professeur le toisait avec ses yeux bleus. "comme d'habitude" pensa-t-il.

- Oui, dit-il d'une voix forte.

- Arrête de hurler s'il te plaît, répliqua son professeur, tu commences à vraiment m'énerver.

- Mais je n'ai pas crié monsieur j'ai...

- Stop ! hurla-t-il.

- Laissez-moi au moins répondre à la question, je vous prouverais que j'écoutais.

Il lui fit signe de se lever et d'un seul bond, il se dirigea vers le tableau. À côté de lui, Elouan paraissait un géant. Pas plus grand que que ses élèves, l'homme était très fin et ses longs cheveux noirs tombaient dans son dos.

- Les savants ainsi que nos professeurs nous enseignent le savoir inéluctable, cependant, le hasard n'est pas fondé sur de solides connaissances le prouvant.

Des murmures commençaient à s'élever, mais il n'y porta pas plus d'attention que ça. Son professeur l'écoutait attentivement. Elouan sortit un sous que sa tunique.

- Une autre force agit sur la pièce, c'est la pensée, continua-t-il. En effet, selon un ancien, la pensée affecte également la rotation de la pièce.

L'enfant ne connaissait pas cette personne, mais elle apparaissait dans beaucoup des manuscrits présent dans la bibliothèque de son père. Voyant que ce n'était pas convaincant, il continua.

- Je vais vous le prouver. Je veux que le sous atterrisse sur le côté pile, je vais donc la lancer et vous le prouver.

Il lança le petit objet circulaire en priant pour que celui-ci retombe du côté pile. En retombant dans la paume de sa main, il vit le premier que la pièce n'était pas tombée du bon côté. Le professeur, à côté de lui, vit aussi que le mauvais côté de la pièce était face vers le plafond.

- Peut-être que tu feras mieux la prochaine fois, l'encouragea-t-il.

Les enfants, ayant compris le message, se mirent à rire.

- Arrêter, regarder, je vais le refaire, se défendit aussitôt Elouan.

- Pour que le hasard te joue encore des tours, dit l'un d'eux, qui tentait de reprendre son souffle.

Sans demander son reste, il relança la pièce bien décidé à prouver qu'il disait vrai. Il se concentra tellement qu'il lui sembla que le temps ralentissait. La rotation se fit de plus en lente. Elouan la fixa longuement. La cloche qui signalait la fin de la journée sonna, sortant Elouan de cette étrange épisode. La pièce retomba lourdement sur le sol, elle avait le côté pile sous son nez.

Son maître permit aux élèves de quittés la salle, sauf Elouan. Les jeunes élèves prirent leurs affaires, les entassèrent dans leur bras et sortirent en riant.
Il transperça l'enfant du regard, se tourna, et regarda par la grande fenêtre. Au bout d'un long moment, et voyant que son maître réfléchissait toujours le dos tourné, comme une statue de marbre, il se dirigea vers ses affaires, mais celles-ci s'envolèrent avant même qu'il puisse les attaindre.

La sphère d'OrdolannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant