La sphère d'Ordolann

VIII - Les ombres tueuses

Eleanor s'était rendu, comme à son habitude après avoir dépensé toute son énergie vitale, à la chapelle d'Honi, le dieu protecteur des fées. Sa participation au combat en compagnie de ses maîtres le remplissait d'honneur, mais le jeune magicien n'avait pas su gérer ses forces et c'était laissé emporter par leur puissance. Il avait dû se retirer par manque d'énergie.

En se traînant jusqu'au bain, il se mit à penser aux souvenirs du passé, quand il n'était encore qu'apprenti. En compagnie de son ancien mentor, Kalli, la fée s'épuisait parfois trop pendant les séances d'entraînement, et était donc forcé de venir ici pour se régénérer.

- Eleanor, appela une voix derrière lui alors qu'il rentrait dans l'eau.

Une fois installé, il sentit immédiatement le liquide magique lui redonner son énergie. Il pu ouvrir les yeux pour voir qui lui parlait.

- Maître Fawzi ? tenta la fée.

- Mais que faîtes vous dans cet état là, demanda cette dernière, sur ses gardes.

- Je n'est plus de force vous expliquer, lâcha-t-il, mais venez le découvrir par vous-même.

- Vous êtes nu, Eleanor, s'offusqua la maître magicienne.

- Ma nudité ne sera plus un problème quand vous verrez ce qui vous verrez.

Sans plus de façon, Fawzi s'accroupit sur le rebord du bassin. En y trempant les pieds, celui-ci se troubla, laissant un peu d'intimité à la fée. Il était si blanc qu'on l'aurait cru sur le point de perdre l'âme, mais il était sauvé par la bonté du dieu Honi et de sa source.

La jeune femme en profita pour lui insuffler un peu de son énergie vitale pour que la fée survive à cet échange télépathique, puis plaça la paume de sa main sur son front. Eleanor connaissait cette méthode d'information très précise que seul les maîtres magiciens savaient maîtriser. Fawzi commença alors à entonner un chant dans la langue des prophètes. Le jeune rescapé s'endormit.
Ce qu'elle vit était en effet peu commun, depuis le début de la journée, Eleanor n'avait jamais cessé de venir en aide à son maître, même s'il n'aimait pas se battre. Il avait d'abord sauvé Nessa sur la table de marbre, puis discuté du plan d'attaque contre les Terann, et le jeune prodige était venu à bout de presque la totalité des mages.

Après plusieurs minutes de communication qui avait permit à Fawzi d'enregistrer tous les détails, la fée se mit à tousser, forçant le magicien à mettre fin à cet échange.

- Où sont-ils, Eleanor ? demanda-t-elle après avoir sorti sa tête de l'eau.

- Nous étions chez maître Bereg et maître Nessa, en compagnie de maître Kalli. Mais je ne les ais pas tous désintégrés, ils ne sont donc sûrement pas resté là-bas.

- Reposez-vous, conseilla la maître magicienne, je vais voir si mes frères ont encore besoin d'aide.

Sans demander son reste, Eleanor se rendormit, et la femme se désintégra.

Fawzi réapparut devant la maison, tous ses sens aux aguets, mais ne perçut aucun signe de vie. Elle étendit ses sens, et trouva Bereg, Kalli ainsi que Nessa avec sept mages noirs. Elle ouvrir donc ses ailes et s'élança vers le champ de bataille. Elle resta en l'air et ce qu'elle vit lui coupa le souffle.

Ses frères magiciens enchainaient les faisceaux incandescents sur les Terann. Ils usaient de toutes les feintes qu'ils connaissaient pour venir à bout de ces bêtes. Kalli avait sûrement essayer de les faire partir, mais visiblement, ça n'avait aucunement marché. Plus loin se trouvait la cage ensorcelée où était enfermé les enfants.
Sentant qu'elle pouvait devenir une cible potentiel, la fée devint invisible et créa son écran de protection. Au bout de plusieurs heures de combat incessant, il ne restait plus que 2 mages à tués. Nessa ne tenait presque plus debout. Bereg soignait tant bien que mal les blessures de son frère Kalli.

C'est à ce moment là qu'elle repensa aux enfants de la prophétie. Elle habitait à Mérénoss, contrairement à ses frères et sœur qui c'étaient vu confiés une mission dans un autre monde. Elle s'était mit à côtoyer les prophètes du temple de Poliia pour en apprendre plus sur la grande prophétie. Fawzi en avait apprit qu'une petite partie à Kalli, elle savait qu'il ferait tous pour changer le destin.
Le premier événement qui avait été mentionné était celui des ombres tueuses. Les prophètes adoraient tourner les phrases prophétiques, mais la maître magicienne se mit à douter.

Les enfants, appela-t-elle. Je suis un autre magicien venu en aide à vos parents. Tenez vous par la main et imploré vos pouvoirs d'anéantir ses monstres, lança-t-elle.

Plusieurs minutes passèrent sans que rien ne se passe. Fawzi pensa donc à venir en aide à ses frères d'armes. Soudain, alors que Nessa se retira soudainement du combat, alors qu'elleessayaient de tenir sous les assauts incessants des deux derniers Terann, une colonne de feu s'éleva à sa hauteur. Elle provenait de la cage. La chaleur brûla tous le champs et les arbres jusqu'à la rivière. Quelques secondes plus tard, une colonne de glace transparente s'éleva à son tour, pour finalement s'écraser contre sa sœur. Les éléments commencèrent par fusionner, puis par s'élancés sur les Terann. La colonne de feu commença par brûler les barreaux de la cage. Tétanisés, les deux mages se firent incendier dès que le feu s'approcha d'eux. La colonne de glace recouvra ensuite les cendres d'une épaisse couche de glace.

Il ne fallut que quelques instants aux colosses pour détruire les mages. Une fois sa tâche achevée, elles se résorbèrent pour se renfermer sur Elouan et Elwing.

- Mais qu'est-ce que..., laissa tomber Bereg.

- Ses enfants se sont incroyablement bien entraînés, dit alors une voix derrière lui.

Bereg n'eut pas même la force de sonder la personne. Une fée se posa devant lui.

- Fawzi ?

- En personne.

- Que faîtes-vous ici, vous ne connaissiez même pas cet endroit. Et nos enfants ne connaissaient pas l'existence de la magie avant hier.

Nessa ne parla pas de la séance privée avec son fils, car jamais elle n'avait su elle même contenir autant de puissance.

- En effet, mais le combat que vous meniez pouvait s'entendre à de l'autre monde, inventa Fawzi.

La fée se tourna ensuite vers la cage qui retenait les enfants magiques. Elle fit disparaître le reste des morceaux de métal encore fumant et adressa un regard de compassions à ses amis.

- Allez-y, lança-t-elle. S'il vous reste un peu de force, rendez-vous à la cité, je vous rejoindrai là-bas.

- Et le champ, demanda Kalli, vois-tu tous les dégâts que nous avons causés.

- Je m'en occupe, ne vous inquiétez pas pour si peu. Allez, bougez vous !

N'attendant aucune réponse, son esprit de fée commença son travail. Sous ses pieds poussèrent immédiatement de petites fleurs blanches qu'elle ne connaissait pas.

- Dépêchons-nous, les pressa Kalli, nous sommes épuisés.

- Papa, appela Elwing.

Le son de la voix de leur fille finit d'achever les deux parents, qui se rendirent avec Kalli vers les enfants. Ceux-ci s'étaient évanouis.

- Cela vaut peut-être mieux, raisonna Nessa, en s'évaporant avec Elouan dans les bras.

Bereg en fît de même avec Elwing puis disparu avec Kalli. Un instant plus tard, seule Fawzi occupait le champ en s'amusant à refleurir l'immense étendue de terre.