XVI - Noëlle : Le soleil sous la pluie.

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Sur le chemin du retour, Noëlle fit un détour par le centre-ville. La fin de journée diffusait sa lumière rassurante sur les gens et le vent secouait ses cheveux. Elle mit ses mains dans ses poches. Le bruit tout autour la réconfortait. Elle ne savait pas combien de temps encore elle parviendrait à maintenir Chloé en vie et cela lui déchirait le cœur. Elle sentait déjà goutter le sang à l'intérieur d'elle.

Plic.

Ploc.

Soudain, les quelques nuages de passage commencèrent à s'essorer sur la ville. Les rayons du soleil couchant se fragmentaient à travers les gouttes. Noëlle observait les choses au ralentit. Peu importait qu'elle soit mouillée, cela l'aidait à se sentir en vie.

Parfois, elle se demandait simplement pourquoi elle s'accrochait tant à Chloé, quel bonheur cela pouvait lui apporter. Parce que, oui, cela lui faisait mal de le dire. Mais si son amie continuait de pourrir, elle finirait par l'entraîner avec elle. Noëlle se maudit de le penser, elle se maudit de tous les noms. Mais qu'y pouvait-elle ? Elle l'aimait, elle l'aimait. Et Chloé, elle, aimait la mort. Elle n'osait pas se l'admettre, évidemment. Parce que ça faisait peur, et parce qu'elle était bien trop fière. Mais Chloé s'enivrait de douleur pour en avoir tant subi. C'était comme mettre de la peine à la place de la nicotine dans sa cigarette. Une bouffée par ci, une cigarette par là, un paquet pour la semaine, un paquet pour la journée. De l'essence de souffrance à en crever.

Noëlle ferma son manteau, la pluie faisait de petites tâches de froid sur sa peau.

Plic.

Ploc.

Elle arrivait à proximité de l'université. Elle regarda tous ces étudiants, reconnut quelques visages de sa classe réalisa qu'elle s'était totalement renfermée autour de Chloé, qu'elle n'avait été vers personne. Elle le regretta. Les gens étaient son moyen à elle de voir la vie en mieux et elle comprit soudain pourquoi toute sa vie la faisait souffrir en ce moment même : Il n'y avait pas assez de monde, pas assez de nouveauté.

Noëlle glissa une mèche mouillée derrière son oreille. Elle revoyait encore le corps magnifique de Chloé, son sourire éclatant. Elle entendait son rire rauque et sentait son parfum délicieux. Elle ne pouvait décemment pas vivre sans sa dose de Chloé tous les jours. Sans sa goutte de poison planant.

Plic.

Ploc.

Noëlle s'assit sur un banc et soupira. Elle leva la tête vers le ciel d'où l'averse continuait dans de multiples tracés blancs qui déchiraient l'air gris. Pour quiconque la voyait, l'on aurait dit un soleil échoué au bord d'un banc de nuages noirs. Tout d'elle illuminait et chassait la grisaille.

Les passants la regardaient intrigués, compatissants, amusés. Ils suivaient le foncement de ses cheveux sous l'eau des yeux. Mais au bout d'un moment, Noëlle commença à trembler de froid. Elle était trempée jusqu'aux os et le soir s'étendait de plus en plus autour d'elle, l'entourant de couverture de bruine glacée.

Les gouttes étaient silencieuses, désormais, tellement plus légères.

Plic.

Ploc.

"Tellement plus légères." se dit-elle.

FLASHBACK

***


Où donc pouvait-elle être ? Noëlle ne cherchait pas un endroit où quelqu'un pouvait trouver du réconfort, mais bien un lieu où l'on ne trouvait personne. Personne d'autre que soi. Ce ne pouvait être que là qu'elle se trouvait. Et effectivement, en parcourant le haut de la falaise, elle la vit en baissant les yeux.

Le soleil sous la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant