II. Noëlle : Le soleil brille dans les étoiles.

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I.


Noëlle était allongée dans son jardin. Il faisait encore frais pour un début de printemps mais la nuit était dégagée. Elle était emmitouflée dans une couverture et repérait les constellations. Son téléphone bipa,c'était un message de Coraline, l'une des amies qu'elle s'était faites dans son ancien « chez-elle ». Elle lui manquait un peu mais la jeune femme avait l'habitude, maintenant. Son père était chirurgien militaire, ils étaient donc régulièrement appelés à déménager, çà et là. Maintenant, ils en avaient pour 2 ou 3 ans ici et entre temps, elle aurait réussi à trouver un appartement et à se débrouiller presque seule. Malgré les contraintes, elle avait adoré cette enfance et adolescence. Elle avait pu découvrir une immensité de nouveaux paysages et cultures grâce à cela et aussi aux voyages qu'ils avaient faits dans divers pays pendant les vacances. Ses études lui plaisaient, elle n'avait pas de mal à s'intégrer dans les nouveaux établissements scolaires. Elle ne manquait de rien, ou presque. Presque.

Le bruit de l'ouverture de la porte fenêtre la tira de ses pensées. Le visage de sa mère se glissa à l'extérieur, elle frissonna.

-Noëlle ! Il est tard et c'est un jour important demain. Tu vas attraper froid en plus d'être fatiguée. Rentre, s'il-te-plaît.

Noëlle, docile, se leva.Elle ramassa la couverture et le livre qu'elle avait apporté sans pour autant le lire, et entra dans le salon. La chaleur l'envahit.

- Tu as fait ton sac ?

Cette voix de baryton venait d'un siège de la cuisine, qui se retourna pour découvrir le visage de son père.

- Fabrice, ta fille n'est plus vraiment une gamine. Je crois qu'elle sait faire son sac toute seule à 19 ans. Enfin, j'espère...

Anna regarda sa fille longuement.

- N'oublie pas ta prière, chérie.

Et elle baisa son front avant d'aller rejoindre son mari. Noëlle déglutit et hocha la tête en signe d'assentiment. Au fil de ses voyages, elle s'était ouverte aux cultures différentes qu'elle avait rencontrées. Dès le plus jeune âge, elle avait rencontré des gens très ouverts,différentes religions, des gens athées. Elle s'était imprégnée de tout, avait touché à tout et la dorure lui en restait aux mains.Malgré les efforts de ses parents, son âme s'égarait dans le vague et les réflexions davantage que dans le catholicisme.

Elle n'avait jamais eu cette foi dont on parlait tant. Elle avait l'espoir. Les deux choses n'étant pas antithétiques, elle donnait cependant à l'espoir un sens différent. Elle l'attribuait au simple fait de croire à partir de rien. Il n'y a rien ni personne à mettre derrière le mot espoir.Il n'a pas d'origine, pas de support, il repose simplement sur le vide et porte pourtant si haut.

Noëlle monta les marches,se changea et entra dans son lit, encore des rêves plein la tête à accomplir dans son sommeil.

Soudain, elle se réveilla en sueurs, la respiration haletante, son pouls suivait bien mal son souffle. La jeune étudiante se leva, s'accrocha à la fenêtre et l'ouvrit. Le vent frais fouetta son visages et les mèches échappées de sa queue de cheval pendant la nuit. Le froid lui mordait la peau,elle reprit son souffle peu à peu. Son rêve lui revint par fragment. Noëlle ferma les yeux et se concentra. Elle vit une main,sa main -elle y reconnaissait sa bague- qui caressait quelque chose.C'était le corps de quelqu'un. La sensation lui revint en mémoire, les frissons de plaisir. Pourquoi s'était-elle éveillée si brutalement s'il ne s'agissait que de ça ?

D'autres fragments lui arrivèrent. Elle entendait un souffle, sa main continuait à parcourir un corps étrangement mince pour... Et soudain elle vit un visage féminin qui n'était pas le sien. Le cœur de Noëlle bondit dans sa poitrine. Elle devait arrêter ces foutus rêves ! Ses parents n'allaient jamais accepter une telle chose, ils n'allaient jamais accepter qu'elle put être attirée par des personnes du même sexe qu'elle. La jeune femme frappa le rebord de la fenêtre plusieurs fois. Elle sentait ses désirs lui échapper, ses envies.Elle ne contrôlait rien de tout ça et pourtant elle voulait le faire, parce qu'elle avait peur. Du regard des autres, d'être différente, rejetée, insultée. De ses parents, davantage que tout.Noëlle se mordit la lèvre inférieure et ferma la fenêtre. Elle retourna se coucher mais ne dormit pas du reste de la nuit.

Le soleil sous la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant