Prologue

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Le coeur malade, il vivait chaque journée d'une allure maussade et hors connection, flottant dans l'air tel un vulgaire grain de poussière porté par le vent, comme une étoile filante perdue dans la galaxie. Il naviguait jour après jour, le corps bringuebalant, sans vie, le coeur lourd et l'estomac creux. Voilà deux semaines qu'on lui a retiré un bout de lui, qu'on lui a volé sa joie de vivre, que l'on a compressé ses poumons dans sa cage thoracique, arrachant une partie de son coeur à sa poitrine, ne laissant qu'un filet de sang brûlant se déverser dans ses entrailles.

Ces deux semaines ont été les plus longues et les plus terrifiantes de sa vie. Ses journées se sont résumées à rester allongé sur les draps blancs de son lit, contemplant le plafond, les bras tendus le long de son corps comme une statue de cire.

Newt ne mangeait plus, ne buvait plus, ne souriait plus, ne riait plus, ne parlait plus, ne dormait plus, ne vivait plus. Son corps n'était plus qu'un tas d'os vidé de toute énergie. Son âme errait en peine hors de lui et virevoltait dans les recoins de sa chambre, confinée entre les quatre murs gris sans aucune issue pour prendre la fuite. Un silence de plomb régnait dans la pièce, il ne se donnait même pas la peine d'ouvrir ses volets, se disant que la noirceur qu'ils produisaient ne pouvait que l'aider à arrêter de penser. Ses livres ne bougeaient plus de son étagère, ne devenant plus qu'une vulgaire décoration dans la chambre du blond, sans grands intérêts, ils n'étaient redevenus que de simples objets conservateurs de papier imbibé d'encre et de lettres.

L'âme de Newt l'avait quitté un soir de juin. Alors qu'il aurait dû se réjouir, comme tout autre adolescent de son âge, du début des vacances, du commencement de l'été avec ses journées plus longues, de sa chaleur et de sa bonne humeur, de ses soirées et de ses rires, de ses nuits et de ses secrets, de son ciel étoilé parsemé d'étoiles filantes. Il n'était plus qu'un garçon triste et détruit par la plus sombre nouvelle que l'on ait pu lui annoncer depuis sa naissance. Jamais ô grand jamais Newt n'avait ressenti une telle douleur. Une douleur étouffante, submergeante, une douleur qui ne vous laisse aucun répit. Une blessure qui s'était emparée de lui comme un enfant s'empare d'un jouet. Les parcelles de son coeur s'étaient détachées les unes après les autres dans un fracas de pleures et de larmes ce jour-là. Il n'avait encore jamais eu aussi mal de toute sa petite existence ; non, jamais.

La souffrance morale avait surpassée la souffrance physique et Newt s'était demandé ce jour là s'il allait survivre à cette ultime attaque. Toute son existence était remise en jeu désormais. Tout le parcours qu'il avait accompli jusque là se voyait remis en question, entassé vulgairement au bord d'un précipice dans un amas fragile, risquant de tomber au moindre coup de vent. Il n'était plus qu'un funambuliste marchant sur le fil frissonnant de la vie, luttant pour ne pas perdre équilibre. Se battant pour garder la tête hors de l'eau et ne pas la laisser entrer dans ses poumons.

Le soulagement qu'il avait ressenti au creux de son ventre après avoir enfin terminé sa semaine d'examens avait été remplacé par un ras de marrée d'incertitude et de terreur.

Ce fut un soir de juin que sa vie changea de direction, que son destin prit un autre tournant. Que la vie lui rappela que rien n'était jamais acquis, lui envoyant une épreuve des plus dures à surmonter.

Newt était très affaibli et très fatigué les semaines précédant le baccalauréat. Il a frôlé l'évanouissement plusieurs fois, il avait également une peine inexplicable à monter les escaliers en pierre du lycée. Ses amis le chambraient à ce sujet, blaguant en lui disant qu'il était vieux avant l'âge. Newt en riait avec eux, son état ne l'avait pas inquiété le moins du monde. Il avait mis ça sur le compte du stress à l'approche des examens finaux, à ses nuits courtes passées à relire ses cours et à se tirer les cheveux jusqu'au larmes assit sur son bureau, un stylo coincé entre les dents, n'arrivant pas à faire un foutu exercice de mathématiques. Le blond n'avait jamais autant stressé que la semaine précédant ses épreuves, cela l'avait rendu malade, du moins c'est ce qu'il croyait. Il était même devenu insociable, lui, Newt Lakeston, l'adolescent le plus sociable du lycée. Une sensation de malaise le saisissait quand il se trouvait avec des gens, une sensation qu'il n'avait pas pu expliquer, une sensation étrange, qu'il avait très vite rangé dans le coin : " stress bac ", de son cerveau.

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