La brune parlait depuis plusieurs minutes déjà, mais le brun ne l'écoutait pas, il était distrait. La distraction, c'était son passe temps favoris. Le voilà qui marchait calmement, les mains dans les poches de son jean sombre, aux côtés de la jeune femme. Tout autour de lui l'empêchait d'écouter ce qu'elle avait à lui dire. Pourtant, à en juger aux plissements que la frustration faisait naître sur son front, et à la vitesse avec laquelle ses mains bougeaient pour accompagner son récit, l'histoire que Teresa était entrain de lui raconter avait l'air lourde d'importance.
Le regard perdu devant lui, il faisait mine d'écouter son amie, hochant la tête quelquefois, toutes les trente secondes approximativement, pour ne pas se faire repérer par celle-ci. Ses yeux caramels plongèrent sur un petit café à sa gauche, à l'entrée du centre ville. Ce fameux café, celui dans lequel il était repartit sans payer, la mâchoire crispée par la douleur, tout en tenant son poignet brisé entre sa main, plusieurs semaines auparavant. Il ricana et s'excusa auprès de Teresa, les joues rosées de honte et d'embarras. Celle-ci avait cru qu'il se moquait d'elle et de ce qu'elle lui racontait. Si elle savait qu'en fait, il ne l'écoutait pas.
" - Au fait, Thomas, tu en penses quoi ? J'ai raison n'est-ce pas ? "
La question que venait de lui poser la brune vibra dans ses oreilles comme le faisait l'alarme de son téléphone avant qu'il aille au lycée. Dans son esprit, un vacarme pas possible venait de se déclencher ; alerte rouge, lui cria sa conscience. Pris au dépourvu, et très embarrassé, il déglutit. Ses lèvres se crispèrent, et il bégaya des paroles maladroites tout en se passant une main dans la nuque.
" - Eh bien.. Je.. Je pense que- ", on le coupa.
" - Tu n'as pas écouté un traître mot de tout ce que je viens de te raconter, n'est-ce pas, Thomas ? ", la brune lui lança un regard agacé, connaissant déjà la réponse à sa question.
" - Pas vraiment, non.. ", dit le brun, secoué par un rire qui se voua nerveux.
" - Je ne suis pas surprise, tu ne changera donc jamais.. ", Teresa secoua la tête, elle semblait désespérée.
Gêné et le coeur soulevé par un sentiment amer de culpabilité, Thomas ouvrit la bouche pour s'excuser. Cependant, rien ne sortit, il avait trop honte. Si honte que sa voix semblait l'avoir laissée tomber, le laissant se débrouiller seul. Teresa obliqua vers son ami et se mit à rire sous son regard penaud, perdu dans l'horizon, comme toujours. Elle le poussa d'une main avec légèreté et lui assura que ce n'était rien, qu'elle en avait l'habitude et qu'au final, cette cruche de Mélanie ne méritait pas l'attention d'un beau garçon comme Thomas. Et ils se mirent à rire, tous les deux, leur sourire illuminé par les lumières roses du magasin de bonbons, situé un peu plus loin dans le centre ville.
Quand Thomas franchit la porte grinçante du pub, un léger tintement vînt accompagner ses éclats de rire, et une vague de fraîcheur s'empara de l'intégralité de son corps quand il passa sous la climatisation. Il s'arrêta de rire calmement et laissa ses yeux examiner la salle pour lui. Un sourire enfantin pris possession de ses lèvres quand il aperçut le petit groupe qui jouait sur une scène boisée dans un coin de la salle. Celui qu'on entendait le plus, c'était le batteur ; assis sur un minuscule tabouret de fortune en cuir brun usé, le son de ses baguettes, qui rentraient en collision avec la caisse claire, fit vibrer la cage thoracique de Thomas. La batterie, c'était son instrument de musique préférée. Et ça, depuis sa plus tendre enfance. Il tenait cela de son père, Edward James Stephen, surnommé Ed par ses collègues et ses proches, qui lui faisait écouter du rock n roll tous les jours et toutes les nuits de la semaine, sous les râles de sa maman et de sa grande soeur, qui elles, étaient plus du genre Beethooven.
Alors qu'il émergeait de ses pensées, une fois encore, ses prunelles caramels plongèrent dans des iris sombres. Si sombres que, sous la lumière bleutée du bar, elles lui paraissaient noires et électriques, d'une teinte qui, à son plus grand étonnement, lui semblait familière. Intrigué, Thomas plissa les paupières et se mit à réfléchir. La personne à qui appartenait ce regard était un grand blond, assis en face d'un garçon aux cheveux noirs que Thomas ne pouvait discerner, puisqu'il se trouvait dos à lui. Après quelques secondes d'intense réflexion, le mot hôpital lui rentra en écho dans la tête comme l'aurait fait sa musique favorite ; le garçon de l'hôpital, voilà à qui appartenait ce regard.
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Médecine
FanfikceIls se sont rencontrés un jour de pluie, dans le hall d'un hôpital. Ils se sont rencontrés un jour de pluie, un blond, les yeux emplis de larmes. Ils se sont rencontrés un jour de pluie, un brun, le sourire aux lèvres. Ils se sont rencontrés un jour...