Chapitre un

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La douceur de l'air matinal fit naître un sourire sur le visage du brun alors qu'il marchait, les mains enfoncées dans les poches de son jean sombre, le regard joyeux, vers la devanture blanchâtre et propre de l'hôpital. Celui-ci avait été repeint il y avait de ça trois semaines, voir moins. Disons que la rénovation avait débutée trois semaines plus tôt et qu'elle avait sûrement dû se terminer dans la journée, s'était dit le brun. Car les échafaudages d'acier recouvraient encore le mur en face de lui et des pots de peintures clos se promenaient par-ci par-là. Il en enjamba un tandis que ses yeux se posaient sur une petite pancarte sur laquelle il était écrit à la main, au feutre noir :
Attention, peinture fraîche.

Une petit sourire fier se forma sur le visage du brun, il avait raison. Une douce voix emplit de narcissisme lui chanta que c'était toujours le cas à l'intérieur de sa tête mais il soupira en ricanant sous ses propres pensées. Avait-t-il toujours raison ? Il aimait à penser que oui, mais il savait très bien que ce n'était pas le cas. Personne n'a toujours raison car personne n'est parfait. Ceci était la réponse que sa bonne volonté donna à sa conscience dans le but de cesser son narcissisme.

Il inspira profondément en bombant le torse avant de pousser l'une des grandes portes de l'établissement, une grimace de dégoût lui fit retrousser le nez quand il pensa à toutes les mains, probablement remplies de microbes, ce qui était plutôt normal pour un hôpital, qui avaient touchées cette surface froide avant lui.

La chaleur présente dans le hall lui frappa le visage avec douceur et ses muscles se détendirent. Il s'était toujours senti bien dans les hôpitaux, ce qui était en soit très étrange, il est vrai. Comment pouvait-on se sentir bien dans un endroit comme celui-là ? Un endroit briseur de rêves, un endroit froid et fade, qui éteints les coeurs et qui vole les sourires. Un endroit plus proche de la mort que n'importe quel endroit au monde, excepté les cimetières, évidemment. Le jeune garçon ignorait pourquoi il se sentait si serein dans un endroit comme celui-là, mais il s'y sentait réellement bien. Comme si le simple fait d'entrer à l'intérieur le calmait, il se tenait debout, au milieu de ces gens, souriant, pleurant ou encore dormant pour certain, avachis sur les fauteuils en cuirs dans la vaste entrée de l'établissement.

Il se rendait à l'hôpital aujourd'hui pour une simple visite de contrôle. Il y avait de ça quelques semaines, il s'était cassé le poignet de la plus stupide des manières, il sentit ses joues rougirent de honte rien qu'en y pensant. C'était un soir de mai aux alentours de minuit, environ un mois plus tôt. Il était dehors, vers le Tower Bridge plus précisément, avec son petit groupe d'amis. Ils étaient tous assis à la terrasse d'un petit café, en face du brun se trouvait le pont imposant, qu'il contemplait avec fascination alors que le blond assit à ses côtés lui racontait son week-end en Irlande. Ce n'était pas que les propos de son ami ne l'intéressaient pas, mais la beauté du pont recouvert de lumière sous la noirceur de la nuit le laissait bouche-bée à chaque fois. Il sentit un contact brusque contre son épaule gauche, le faisant détourner le regard du monument qu'il admirait depuis maintenant une dizaine de minutes et lâcher sa tasse de café dans un fracas vif. Avant qu'il n'ait eut le temps d'émettre le moindre son, il se trouva projeté vers la droite, tombant de sa chaise, laissant tout le poids de son corps s'abattre sur son poignet. Un craquement sourd se fit entendre dans les oreilles du brun avant qu'il se mette à hurler de douleur en tenant son membre meurtri, sous les regards étonnés et inquiets de ses amis.

Le fait de ne pas avoir écouté son ami ce soir-là lui avait valu trois heures d'attentes dans un couloir sombre, des lampes grésillantes et clignotantes décorant le plafond, les dents plantées dans ses joues pour amenuiser la douleur dans son bras tout en lançant des regards noirs au fautif, qui, honteux, avait les yeux fixé sur ses mains liées ne laissant que le bruit des lampes faire la conversation.

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