Chapitre deux

456 34 6
                                    

Une vive douleur le pris à l'épaule et le fit presque perdre l'équilibre. Il venait de se heurter à quelqu'un, et pas légèrement, il lui était carrément rentré dedans. Newt venait de percuter une personne avec une force surhumaine, le choc avait été vif et rude. Il faut dire que la vitesse avec laquelle se déplaçait le blond quelques secondes plus tôt ne laissait place à aucun ménagement de sa part s'il rencontrait quelqu'un. Et le mélange de la vitesse incalculable de ses pas et de ses yeux embués de larmes ne créa évidemment pas un résultat très satisfaisant, bien au contraire.

Gêné et complètement mort de honte, Newt se retourna vers un grand brun qu'il jugea être dans ses âges qui l'observait, sourcils froncés et visage fermé. Le blond déglutit, il n'avait pas l'air d'être d'une humeur des plus sympathiques. En même temps, cela est plutôt plausible quand quelqu'un vous rentre dedans d'une telle force sans même vous adressez le moindre signe d'excuse.

Puis soudain, alors qu'il sondait toujours le blond du regard, le visage du brun s'adoucit à vue d'oeil et ses orbes noisettes s'éclaircirent. Une douleur semblable à un violent coup de poing saisit l'estomac de Newt. Ce genre de regard, le même genre que celui que lui avait lancé le médecin il y avait de cela quelques minutes ; ces regards emplient de compassion et de pitié envers sa pauvre personne, il détestait ça plus que tout. Il maudit une fois de plus son être tout entier en sachant d'avance qu'il n'allait recevoir que ce genre de regard stupide maintenant. Ce genre de regard plus inutile les uns que les autres, qui lui rappèleraient à quel point sa vie était misérable.

Prenant une profonde inspiration et ramenant toutes ses forces mentales et physiques à lui-même pour se retenir de pleurer devant l'adolescent qui lui faisait face, Newt tenta de prononcer une excuse bateau, simple et efficace, pour pardonner sa maladresse. Mais il n'est pas facile de parler quand son corps tout entier est épris par la douleur et le chagrin, et ça, Newt l'avait compris dès qu'il souffla d'une voix qui lui était complètement étrangère le semblant d'excuse banale qu'il préparait malgré lui dans sa tête depuis le choc de leurs deux épaules masculines.

" - Excuse-moi. "

Étonnement, le visage du grand brun devant lui, constellé de grains de beauté, se fendit d'un grand sourire créant deux petites fossettes très légères mais visibles au coin de ses lèvres, retroussant son nez par la même occasion, lui donnant une petite mine douce et chaleureuse qui, malgré la peine sans nom qu'il éprouvait, envoya un petit pincement chaud dans la poitrine de Newt, lui rappelant qu'il était bel et bien en vie et que sa personne pouvait toujours ressentir des choses, ce qui lui paraissait complètement impossible quelques temps plus tôt, alors que son coeur venait de s'émietter dans sa poitrine.

Une voix rauque mais à la fois très accueillante s'infiltra dans les oreilles du blond pour répondre à son pardon.

" - Oh, ce n'est rien ne t'inquiète pas. Il n'y a pas mort d'homme. "

Il n'y a pas mort d'homme. Ces mots envoyèrent une vague d'effroi dans le corps du blond. Il fallait qu'il aille prendre l'air, et au plus vite. Des sueurs froides s'emparaient de son dos et il se sentait plus que mal. Il avait l'impression de s'étouffer avec son propre oxygène, de manquer d'air, de se noyer dans ce vaste hall d'entrée. Après avoir envoyé un dernier regard curieux et peiné au grand brun devant lui, il tourna les talons et repris sa route vers l'extérieur de l'hôpital.

La réaction de la grande femme blonde en robe rouge fut presque imminente quand elle vu son jeune fils sortir de l'établissement d'un pas fébrile ; elle fondit en larmes. Elle s'était jurée de ne pas pleurer devant son fils, elle s'était fait promettre de ne pas lui montrer sa souffrance. Chaque larme qu'une mère de famille laisse glisser sur ses joues devant sa progéniture est un fragment de bonheur en moins. Une perte totale d'espérance. Le rôle d'une maman est de même à celui d'un pilier de bois dressé au milieu d'une maison. Si celui-ci s'effondre toute la toison s'écroule. C'en est fini de la maison, il ne restera plus rien d'elle que des fragments irréguliers et poussiéreux brisés par sa faute.

MédecineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant