Chapitre quatre

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" - Ton père et moi sommes fières de toi, Newt. "

Le souffle de sa maman lui chatouilla la joue quand elle prononça ces mots. Les yeux fermés, Newt essayait de se focaliser sur les douces caresses que sa mère produisait dans ses fins cheveux blonds. Il n'arrivait pas à sourire, il n'en trouvait pas la force. Il était heureux pourtant, du moins, un poids venait d'être ôté de ses épaules.

Ses parents lui avaient fait part des résultats du baccalauréat, dont ils avaient pris connaissance sur le site internet de l'académie de Londres. Il avait eu son baccalauréat, il avait même obtenu une mention. La meilleure mention d'ailleurs. Newt Lakeston s'était vu attribuer la mention très bien. Ce résultat n'avait choqué personne, tous étant habitués au niveau excellent du jeune homme. Sa mère était venue seule dans la pièce, après avoir frappé timidement à la porte, pour lui communiquer la nouvelle. Son père n'osait pas venir le voir dans sa chambre, Newt le savait, il avait pleinement conscience de l'impact qu'avait eu le diagnostic médical sur son père, et il le comprenait.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'annonce de cette sombre nouvelle et les journées du blond se résumaient à rester enfoui sous les couvertures qui surplombaient son lit, les stores fermement clos, ne laissant passer aucune dose de lumière, aussi faible soit-elle. Newt avait besoin de se retrouver seul avec lui-même et rien ni personne d'autre que lui-même. Il se laissait lentement happer par la noirceur de la pièce, le regard perdu dans le vide, les bras cloués le long de son corps. Les larmes avaient cessées de couler au fil des jours. Le blond s'imaginait que sa personne était devenue trop faible pour laisser libre court à ses larmes. Ou peut-être son corps n'avait-il plus assez d'énergie pour en façonner de nouvelles, il avait probablement épuisé tout son stock durant la première semaine, n'en laissant plus une seule pour la deuxième.

Il avait tenté de faire bonne figure devant sa maman ce matin-là, il avait usé de toutes ses forces pour lui rendre son sourire, mais il n'y était pas parvenu. L'âme de Newt était meurtrie, abîmée, bien trop pour s'autoriser à faire semblant de se réjouir. Il riait intérieurement, se moquait de la personne qu'il était quelques semaines plus tôt, à angoisser pour ses examens, à pleurer de stress en relisant ses cours en pleine nuit. S'il avait su, se disait Newt. S'il avait su que ces fichues épreuves ne lui seraient d'aucune utilité, qu'il ne lâcherait même pas un sourire en apprenant qu'il les avait réussi. Il s'en voulait amèrement d'avoir été aussi stupide. Il s'en voulait également de ne pas être capable de sourire à sa mère, qui souffrait autant que lui, il s'en voulait de ne pas trouver la force de descendre à l'étage inférieur pour prendre son père dans ses bras.

Il s'en voulait d'être aussi faible, de se laisser aller de cette manière, de ne pas être aussi fort qu'il prétendait l'être. Il se demandait comment sa vie avait pu basculer aussi rapidement, aussi agressivement. Jamais il n'avait connu la souffrance, la vraie, la dure. Celle qui vous fait perdre la tête et pleurer jusqu'à n'en plus pouvoir. Celle qui vous brûle le coeur et vous taillade les entrailles. Newt avait toujours été avantagé par la vie, un miraculé parmi les gens, les obstacles ne faisaient pas parti de sa route, il menait une existence simple et sans embûches. Il aurait dû se douter que cela ne resterai pas ainsi pour toujours, le destin fait bien les choses, d'une certaine façon. Newt était trop privilégié pour l'environnement dans lequel il évoluait, le monde était cruel, malfaisant et abominable, c'est pourquoi il se faisait barrer la route. On est tous égaux, selon le dicton, alors il n'y avait pas de place dans ce monde pour un adolescent sans soucis. Aussi atroce cette vérité soit-elle, chaque être humain connaîtra la souffrance. Et ça, Newt l'avait très bien compris.

‪Il faisait chaud cette après-midi là, le soleil brillait dans le ciel dépourvu de nuages. Ses rayons projetaient de la lumière sur Newt et ses cheveux dorés scintillaient majestueusement, se mouvant doucement sous la brise qui courrait sur sa peau. Il frissonna et s'éclaircit la gorge avant de se tourner et poser ses coudes à travers la vitre du côté passager, celle-ci étant entièrement baissée pour aérer le véhicule.

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