CHAPITRE I : Adiós Argentina.

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C'était le jour des grandes vacances, je rentrais des cours comme tous les soirs avec ma musique dans les oreilles, j'ai reçu un message de mon père qui me disait de rentrée directement après les cours. J'étais d'humeur nostalgique car je savais que je ne reverrai mes amies que pour nos entrées au lycée. Ce soir la j'appréhendais de rentrer chez moi car mes parents n'étaient pas au courant que je n'avais pas eu mon brevet des collèges. Je n'habitais pas loin du collège et mon père savait exactement le temps que je mettais à rentrer.
J'observais les rues de Bueno Aires comme si  je découvrais le quartier alors que je vivais là-bas depuis ma naissance. J'avais cette sensation étrange que je n'avais jamais vu ce quartier.
J'avançais rapidement comme si j'étais stressée, au loin j'ai vu mon père qui m'attendait avec agacement, j'ai couru vite vers lui car il semblait énervé. Je lui demandai comment s'était passée sa journée, il ne répondit pas, il me fit juste signe de rentrer à l'intérieur.
En arrivant dans le salon j'ai vu ma mère assise sur le canapé, avec une lettre dans la main. Je lui dis bonjour mais elle ne me répondit rien, je me suis assise à côté d'elle, et j'ai appelé mon père. Ma mère se leva et se mit à côté de lui, ils avaient tout les deux de la déception dans leur regard.
Je me suis demandée qu'est-ce qui avait pu tant les marquer. J'ai regardé ma mère droit dans les yeux et je lui ai demandé ce qu'il y avait. Elle ne parlait pas, elle se mit juste à pleurer. J'ai alors regardé mon père et lui ai posé la même question, il m'a demandé de me lever, ce que j'ai fais. Il me gifla. Je me suis demandée s'il avait bu, car ce n'était pas dans ses habitudes de me gifler. Il sécha les larmes de ma mère et me dit avec agacement:
- Tu vois ce que j'ai dans la main? C'est ton bulletin scolaire. Et j'ai appris que tu n'avais pas eu ton brevet. Tu peux m'expliquer Meli? Comment as-tu fait pour ne pas avoir ton brevet? Je t'ai mis dans une école Française exprès pour que tu puisses avoir ce diplôme !
Je n'avais pas compris pourquoi il s'énervait autant car ce bout de papier n'allait pas changer ma vie après tout...
- Je ne sais pas... C'était pas cohérent avec nos cours. Et puis ce n'est pas grave ce diplôme n'est valable qu'en France et dites moi si je me trompe mais nous vivons en Argentine. Donc ce n'est grave, dis-je avec une voix tremblotante.
- Et bien justement à ce propos, avec ta mère nous avons pris une décision. Nous allons partir vivre en France, puisque tu es incapable de travailler correctement ici alors tu vas étudier là-bas. En Alsace. Ce n'est pas négociable. Fais tes valises. Nous partirons lundi à l'aube.
Je savais que mon père ne plaisantait pas car vu comment ma mère était... La seule fierté de ma mère était son pays d'origine ; l'Argentine.
Je suis montée dans ma chambre avec les larmes aux yeux. Je n'ai pas mangé de la soirée. La seule chose que j'ai fais c'est de faire ma valise. J'ai envoyé un message à mes amies pour leur dire que je partais vivre en Alsace, elles ne me croyaient pas, elles pensaient que je leur faisais une blague.
Pendant deux jours, j'ai pleuré et j'ai lu. Je me suis dis que j'étais folle. Mon amie Taniana m'a appelé pour me demander si c'était vrai. Si c'était vrai que j'allais partir en France. Je lui est répondu que oui, mais je ne pouvais pas répondre à la question en réalité. Je me suis dis qu'il était possible que mon père dise ça sous le coup de l'énervement ... je croyais à cette excuse.
Mais effectivement mon père est venu me réveiller à l'aube, à 7h. Je n'avais pas vraiment dormit, quelque chose m'en avait empêché. Je sentais comme une présence qui m'observais, et je n'arrivais plus à bouger, j'étais comme paralysée... Je me suis juste dis que j'étais tellement chamboulée par les derniers événements que c'était normal d'être dans cet état la. Je me suis habillée en vitesse, je vis que la maison était vide. Tous les meubles étaient déjà partit pour l'Alsace. Ma mère n'était pas encore à la maison, je me suis dis qu'elle serait bientôt de retour de sa nuit de travail. Mon père avait été licencié trois mois au paravant pour travail non-fournis. Il était dans l'immobilier avant, ça ne m'avais pas étonné qu'il se fasse virer car il avait déjà eu deux avertissements de la part du gouvernement.
Je n'avais jamais pris l'avion, le train ou quelque chose du genre, nous n'avions pas les moyens de partir en dehors de notre pays.
Ma mère rentra à 8h de son travail comme à chaque fois. Elle travaillait en tant que médecin dans le meilleur hôpital de la ville. C'était grâce à elle qu'on partait en France.
Je n'ai jamais compris pourquoi mes parents voulaient absolument que j'aille dans une école française. J'étais au courant que mon père était français, c'est lui qui m'a appris cette langue.
J'ai toujours eu l'envie de visiter la France, je connaissais tout de ce pays, quand j'ai appris que j'étais d'origine française j'ai eu envie de tout savoir ; ses traditions, sa nourriture, sa langue, ses départements, ses villes, ses musiques, son hymne... Hymne que je connaissais par coeur.
Je suis allée prendre ma mère dans les bras, elle me regarda et sourit. Elle me chuchota dans l'oreille qu'elle s'excusait de ne pas avoir convaincu mon père de rester ici.
Je me suis dis que c'était une nouvelle vie qui commençait. Je ne pouvais rien faire de toutes façons.
9h17 : c'est l'heure.
J'ai regardé la maison vide, comme mes pensées. Je me suis dis que c'était un cauchemar et que j'allais me réveiller. Je me suis pincée plusieurs fois, histoire d'être sûr que ce soit réel.
Mon père fit un signe à ma mère et moi, il prit nos valises et les mit dans le coffre. J'ai pris mon sac et suis partit m'assoir à l'arrière de la voiture. Nous sommes partit de notre maison, je me suis mise à pleurer. Tout en regardant une dernière fois ma maison je me suis dis : 
"C'est sûrement la dernière fois que je verrai cette maison. Ce pays. Adiós Argentina"

[ HISTOIRE TERMINÉE ] Sommeil : TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant