-15-

20 0 2
                                    

Je ne sais pas combien de temps Adaline aurait prit d'habitude, mais elle occupa le reste de notre journée à nous expliquer le fonctionnement du village. Théoriquement, je devais maintenant savoir qui faisait quoi et où je pouvais les trouver. J'avais essayer d'engranger le plus d'information possible tout en gardant un œil ouvert pour détecter quoi que ce soit d'insolite, ce qui entrainait que je ne devais pas pouvoir me rappeler de la moitié de ce que la jeune femme avait dit. Heureusement que je savais que Philippe écoutait. Je ne paraissais pas impolie, j'y faisais bien attention, mais je décortiquais plus ce qui m'entourait que ce que la fille me montrait. Le garçon, Médérick, était resté silencieux la plupart du temps, n'ouvrant la bouche que lorsque qu'Adaline le poussait à prendre la parole. Son ton démontrait clairement le peu d'intérêt qu'il portait à l'égard de son rôle de guide. Par contre, j'attrapais quelques fois ses yeux qui s'attardaient sur moi. Il me semblait alors qu'une étincelle renaissait au milieu de se regard de glace, y apportant une touche de chaleur qui était la bienvenue. Ce n'est était pas moins troublant pour moi.

Adaline nous invita finalement à manger chez elle et nous fûmes bien obligés d'accepter, faute de raison convaincante pour ne pas y aller. Médérick, pour sa part, ne se priva pas de lui faire comprendre qu'il avait d'autres choses plus importantes à faire. Avant de partir, il adressa un signe de tête à Phil et, après une légère hésitation, à Strat aussi. J'eu droit à un sourire que je lui retournais spontanément sans même y penser.

 - Je rêve ou il t'a vraiment souri?

J'étais troublée par la franche surprise sur les traits de la jeune femme.

 - Qui a-t-il de mal à ça?

 - Absolument rien!C'est seulement qu'il ne sourit pas très souvent, du moins d'à ce que j'ai pu en voir. Peu importe, suivez moi, ma maison n'est pas bien loin. 

Jamais je n'aurais pensé qu'autant de mots puissent être dit en aussi peu de temps par une seule personne! Je peinais à entendre mes propres pensées sous son jacassage. Alors même qu'elle atteignait le maximum de ce qui pouvait ce dire d'un sujet et que l'espoir qu'elle se taise enfin étreignait mon cœur, Adaline se relançait gaiement dans un monologue interminable qu'elle saturait d'information impertinentes! J'entendis Phil rire doucement à mes côtés tandis que je lui lançais un regard désespéré. Dire qu'il me faudrait écouter poliment son babillage tout au long du repas. En ce moment, elle s'extasiait sur les garçons du village sans même taire leur nom. Ce souper s'annonçait comme une torture si elle continuait ainsi, surtout que je ne pouvais m'empêcher d'être sur mes gardes. Je me sentais attaquée de tout bord tout côté, sans échappatoire possible entre mon instinct et cette fille insoutenable. J'en étais rendue à m'étonner qu'Adaline ne parle pas tout simplement de Phil en feignant qu'il ne pouvait pas l'écouter. Elle m'avait pourtant parue gentille, peut-être la jugeais-je trop vite trop vite. Je me devais de lui laisser une chance, après tout, combien de gens m'avaient jugés sans me connaître? Pour l'instant, je rêvais de pouvoir déguster quelques secondes de silence. La jeune femme me sembla à court de mots sur la gent masculine et j'en profitais pour l'interrompre.

 - Que fais-tu normalement de tes journées?

 - Je cous, je prépare à manger, je garde les enfants des voisines lorsqu'elles me le demandent, ce genre de chose quoi.

 - Qui était la dame qui nous a parlé tout à l'heure? Celle qui prend les décision. Elle me semble importante pour votre communauté.

 - C'est ma tante Jocelyne, c'est elle qui préside aux assemblées du village. Elle nous représente et nous soutient. C'est elle que l'on va voir lorsqu'on a un problème que l'on ne peut régler par nous-même. Elle trouve toujours les bons mots pour calmer tout le monde.

Une fille chez les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant