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À partir de ce matin là, Médérick vérifia toujours si je mangeais assez et il m'empêcha de me morfondre. Le jeune homme passa la semaine à s'occuper de Phil et à me garder sur un projet. Il s'assurait que j'avais toujours quelque chose à faire. Je n'eus aucun moment pour réfléchir et encore moins pour angoisser. Strat aussi s'y mit en revenant me parler. Le loup réussit à reconstruire peu à peu notre relation que j'avais laissée tombée à l'arrivée de Feu. Je notais aucune différence, mais selon le soignant, l'état du blessé s'améliorait. Adaline vint nous rendre visite, d'abord affolée de ne pas nous trouver chez nous, puis pour prendre soin de nous. Elle nous rapporta nos vêtementsde voyage et m'obligea à quitter cette atmosphère qu'elle disait lourde et noire. La feune femme m'amena voir le cordonnier comme promis et je fus rechausée. Mes nouvelles bottes étaient chaudes et estéthiques. J'avais demandé à ce qu'elles soient résistantes et elles l'étaient jusqu'à présent. Je voyais la neige s'amonceler dehors tandis que la proximité de tous ces gens commençait à m'étouffer. La maison n'était pas supposée abriter tant de personnes, et surtout pas des loups. Les tâches incessantes de Médérick commençaient à me peser et je révais d'une journée entourée de pleines blanches où je pourrais être seule avec mes pensée, que ce soit une bonne idée ou non.

Le garçon aux cheveux noirs dû s'en rendre compte puisqu'il me proposa de déplacer Phil chez nous et d'y habiter. La maison qu'on nous avait confiée étaient tout de même plus grande que celle du guérisseur, mais surtout, elle comptait déjà deux lits. il ne nous restait plus qu'à déménager celui de notre présent hôte et nous pourrions tous dormir plus loin du sol gelé. Il nous fallu la moitié d'une semaine pour tout préparer et emballer les herbes médicinales de Médérick. Puis nous transportâmes un Philippe bien emmitouflé dans les rues du village jusqu'à notre cabane. Adaline nous y attendait avec un feu crépitant et un bouillon qu'elle donna à Phil dès qu'il fut déposé sur sa couche.

D'habitude, c'était moi qui le nourrissait de la sorte, mais je la laissais faire pour cette fois avec un léger pincement au cœur. Mes muscles criaient grâce après l'effort que je venais de fournir. Philippe avait beau être malade, il n'en pesait pas moins lourd. Je roulais mes épaules et grimaça sous la douleur que ce mouvement entraina. Je me dirigeais vers mon ami et entrepris de le sortir de son cocon de couvertes. Nous avions fait le plus vite que l'on pouvait et il ne me sembla pas qu'il ait pris froid. Les derniers flocons fondaient sur sa chevelure de feu tendis que ses joues arboraient une légère teinte rosée, redonnant à sa peau une impression de couleur. Sa peau avait oubliée la morsure du soleil ces dernières semaines et j'étais soulagée de lui voir un teint moins blême. Adaline me tendis doucement le bol et je pris sa place sur le bord du lit. Je déversais le liquide chaud entre ses lèvres beaucoup plus facilement maintenant.

Ce soir là, je dormis sur un lit, Strat à mes côtés, Feu à mes pieds. J'étais située devant Phil et il fut la dernière image que j'apportais dans mes rêves.

Les jours qui suivirent se ressemblèrent et une routine s'installa rapidement. Je déjeunais avec Médérick, puis je nourrissait Philippe, pour enfin cuisiner avec le jeune guérisseur. Je faisais ensuite le ménage et recommençais tranquillement à me battre avec Strat de façon plus régulière. Je pus ainsi extérioriser ce qui me pesait sur le cœur. Je pris l'habitude de porter mes pantalons sous mes robes et fit très attention à porter le collier d'Amendine jour et nuit après un incident où je faillis le perdre dans le feu. La queue de la louve l'ayant jeté beaucoup trop près des flames en l'accrochant sur une table basse. Mon monde avait chaviré en trop peu de temps et je ne fus calmé qu'après que Médérick me remit le pendentif dans les mains. Adaline me donna un nouveau cordon de cuir, le dernier s'étant fait avalé dans la foulée.

Dans mes temps libres, j'appris à sculpter le bois auprès du sombre jeune homme. L'atmosphère restait relativement légère dans la maison malgré tout, mon rire s'y faisait souvent entendre tout comme celui de mon compagnon. Ses cheveux me semblaient encore plus longs, ils devaient lui arriver sous les épaules lorsque détachés. La plaie de Phil s'était finalement refermée. L'homme qui était mort lors de la bataille avait été brûlé et ses proches avaient offert ses cendres à tous vents. Médérick m'avait expliqué que c'était de coutume ici, une fois brûlé, les défunts étaient disposés dans l'élément qui les représentait le mieux de leur vivant. j'appris, d'ailleurs, par ce biais qu'il existait quatre éléments; le feu, la terre, l'air et l'eau. Je trouvais cette intention plutôt belle, bien que je ne comprenais pas comment cet élément aiderait la communauté à ce remémorer les hauts faits de l'homme. J'y songeais souvent, redoutant malgré moi qu'il n'y aurait aucune chanson à mon égard.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 05, 2019 ⏰

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Une fille chez les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant