-4-

40 1 0
                                    

- Serez-vous là pendant qu'ils me poseront des questions?

J'avais l'impression que ma voix ne voulais plus sortir. Amendine sembla pensive et la réponse qu'elle me donna ne suffit pas totalement à me rassurer.

- Je ferai mon possible pour pouvoir y assister. Il n'est pas question que Samuel ou Violette endurent cela.

- Endure? Ce sera si terrible? La peur m'assaillait.

- J'espère de tout mon cœur que non.

Il fallait dire qu'elle semblait tellement nerveuse! Je me doutais que son but n'était pas de m'inquiéter, mais quand même. J'en venais presque à regretter d'avoir trouvé Strat ce matin, presque. Amendine me fit revêtir une robe de couleur crème qui était plus propre que celles de d'habitude. Un mâle vînt nous chercher, je serrais les mains de Violette et de Samuel, puis nous nous dirigeâmes vers la maison de l'aîné. Il y eut un débat lorsqu'Amendine demanda à entrer, mais elle finit tout de même par nous suivre à l'intérieur. C'était la première fois que je venais ici. La maison était plus grande que celle où j'habitais et elle semblait seulement meublée d'un demi-cercle de chaises. Un feu était allumé au centre. L'un des occupants de la pièce me fit asseoir sur une chaise placée en face de toutes les autres. Je sentais tous les regards peser sur mes épaules. Une voix intérieure me disait de la jouer douce et de baisser la tête, mais je refusais de l'écouter. Au contraire, je regardai chaque occupant de la pièce dans les yeux, l'un après l'autre. Il u en avait qui n'approuvaient clairement pas ma présence parmi eux, d'autres qui me regardaient comme si j'étais le nouveaux m'énerve d'une nouvelle espèce et certains, plus rares ceux-là, me regardaient comme un animal doté d'intelligence et de sentiments, comme eux. Grâce à ce tour d'horizon, je savais maintenant qui serait plus difficilement convaincu de mon récit, qui se soucierait de me sentiments et qui me poserait le plus de questions sur mon passé. Le silence se fit et le mâle le plus vieux du village entra dans la pièce. Il marchait lentement, mais se tenait encore bien droit. Ses cheveux blancs faisaient ressortir ses yeux noir comme une nuit sans lune. Toutefois, les prunelles de cet homme brillaient d'intelligence, comme de quoi même durant la nuit la plus noire, une étoile éclairait le firmament. La bonté resplendissait dans son visage, mais la dureté définissait le plus de sa bouche. Ce chef était gentil et compatissant tout en restant intransigeant. Il était mon premier auditeur et c'était lui qui aurait le dernier mot, quel qu'il soit. Six mâles vinrent prendre leur place, laissant le siège face au mien au ciel homme.

Celui-ci prit place et le reste des gens présent s'installèrent près des murs. George se trouvait à occuper le premier banc à coter de l'homme vénérable. Il était à ma gauche et je devais avouer qu'il était le seul que je reconnaissais. Je sentais la présence bienfaisante d'Amendine sur ma droite, elle s'était placée le plus près de moi possible. Le mâle aux cheveux blancs demanda alors d'amener le prisonnier. Quelques mâles se regardèrent, découragés. Je remarquais que c'était principalement ceux qui m'étaient ouvertement hostiles. Je commençais à croire qu'ils avaient d'autres problèmes à gérer avant moi lorsque je vis deux mâles qui arrivaient en tenant les chaînes qui entravaient Strat. Je me demandais comment ils avaient pu l'approcher pour l'enchaîner. Je me rendis alors compte de l'intelligence de l'homme face à moi, il avait fait exprès pour choisir un terme qu'une respecterait tout en restant acceptable pour la situation afin de désigner mon ami. Il me faudrait faire attention aux propos de ce chef car il se pouvait qu'il s'y cache un deuxième sens ou une manœuvre politique. Strat était placé entre moi et le feu, ces deux geôliers assez distancés pour ne cacher personne du demie-cercle. La voix profonde du vieillard s'éleva de nouveau.

- Le conseil est aujourd'hui réuni pour discuter de la place de cet enfant dans notre village ainsi que elle de son loup.

Ce même loup qui gardait obstinément son regard tourné vers l'orateur. Il semblait en santé, en réalité, les seul changement que je pouvais noter sur lui était que sa fourrure avait légèrement perdue de son lustre.

Une fille chez les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant