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 - Marguerite-Agile?

J'eu l'impression de sortir d'une mare de souvenirs lourds et collants pour me retrouvée à court de souffle parmi les vivants. Les cris me percutèrent de plein fouet tandis que je respirais difficilement. Je ressentais comme un coup de poing dans mon ventre qui refusait de s'estomper, me coupant par le fait même toute respiration facile. Je tombais à genoux dans une sorte de brouillard des sens. Je ne comprenais pas très bien ce qui m'arrivait, mais je ressentais très bien la douleur poignante qui me serrait dans son poing. Je sentis la main de Phil contre ma nuque alors que Strat me regardait sévèrement. 

 - Un loup ne tombe jamais avant sa mort. 

Il se retourna et attendit, le museau décidé, devant la porte que Philippe lui ouvrit. Je ne cherchais pas à comprendre, seulement à me relever. Phil vint me soutenir avant de me regarder dans les yeux. Je repris lentement conscience du massacre qui devait avoir lieu juste de l'autre côté des murs. Strat avait raison, je ne pouvais m'effondrer tandis que ses gens avaient besoin de mon aide. Comment pouvais-je leur être utile? Phil me tendis mon arc et je lui fit un signe de tête avant de me diriger vers la porte. Je me retournais pour me saisir de mon carquois et ouvrais la porte. À l'extérieur, la la panique régnait, étendant ses doigts afin d'enserrer le cœur du plus grand nombre d'humain présents dans le village possible. Les enfants courraient se cacher dans les bras des femelles tandis que tous ceux qui savaient se servir d'une arme s'en trouvaient une et partaient faire feu à l'entrée du village. 

 - S'ils décidaient d'entrer aussi par l'autre côté? 

Ça semblait faire du sens dans ma tête. Phil me regarda puis partit à la course en sens inverse. Je le suivis prestement alors qu'il montait au poste d'observation. Un homme s'y trouvait avec pour seule compagnie une torche traîtresse. Je n'étais plus qu'à quelques pas d'arriver jusqu'à lui lorsque je fus spectatrice de son décès qui le plongea dans une longue chute au travers des ténèbres jusqu'au sol où il s'écrasa dans un son mat. Il me fallait continuer d'avancer, de monter, une marche à la fois. Détacher mon regard du noir qui, je le savais, cachait un sol recouvert d'une immense tache d'un rouge insolent. Deux autres marches. Empêcher mes yeux de se reposer sur le spectacle macabre tout en franchissant une autre marche. Monter la dernière tout en s'accroupissant comme Phil pour ne pas aller rejoindre l'homme en bas.

 Ce dernier avait échappé son arme avant de tomber. Phil s'en empara, vérifia le nombre de munition et se positionna pour pouvoir regarder rapidement de l'autre côté de la barricade de bois. Debout, la palissade devait m'arriver aux hanches et je craignais de ne pas être assez accroupie, de laisser dépasser mon corps suffisamment pour offrir une cible. Avant que mon compagnon ne se lève afin de jeter un rapide coup d'œil en bas, je découvris une interstice entre les planche et je la lui montrais. Phil s'y dirigea et me fit comprendre que trois hommes se tenaient en bas. Je ne savais pas comment il avait pu les voir, mais je lui vouait une confiance entière. Deux contre trois, c'était jouable, mais dans les conditions, nous étions en désavantage. Ils avaient plus de liberté de mouvement que nous n'en avions, l'effet de surprise ne nous avantagerait pas longtemps. Mon attention se dirigea subitement en bas, où nos proies parlait maintenant sans crainte!

 - Tu pense qu'il y en a d'autres en haut?

 - Je n'en ai pas vu.

 - S'il y en avait, ils nous auraient déjà repérés garces à vous deux, bande de débutants!

 - Eh bien, ils auraient fait feu depuis le temps.

J'étais incrédule, ces hommes se croyaient réellement hors de tout danger! Apparemment, je n'étais pas la seule puisqu'un bruyant soupir se fit entendre. Je n'osais plus bouger, tout comme Philippe devant moi, de peur de nous faire repérés. Soudainement, le silence régna sur le petit groupe, bien que les coups de feu au village étaient encore facilement perceptibles. Il me semblait d'ailleurs qu'ils se rapprochaient de nous. C'est alors que le mur se mit à trembler légèrement tandis qu'un bruit aigu s'élevait jusqu'à mes oreilles, rapidement enfoui sous des tirs répétés. Ce pouvait-il qu'ils coupent la palissade? Était-ce seulement possible? Je regardais par la fente pour voir que deux des hommes enfonçaient puis tiraient un outil que je n'avais jamais vu tandis que le troisième surveillait leurs arrières. Heureusement pour nous, il ne regarda aucunement en haut. 

Une fille chez les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant