chapitre 20

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- Comment expliquez-vous ça?

Tout venait de s'écrouler. Je sentais l'ensemble mon corps se retourner, brûler, mourir. La respiration de Jungkook était saccadée, la mienne irrégulière. Incapable de bouger, de parler ou de réfléchir, je sentais tout le monde autour de nous attendre ces explications. Ces explications à propos la photo sur laquelle était imprimé le baiser pationé entre deux garçons dans une gare. 

Ce baiser qu'il m'a donné, qui nous a réconcilié. Celui qui nous a redonné espoir, l'espoir d'être à nouveau heureux ensemble. 

Mes joues se mirent à chauffer à la seule idée de devoir répondre. Que répondre? Comment? Jungkook serra ma main plus fort. Après un long silence, c'est finalement notre leader qui prit la parole:

- Ça ne se reproduira plus, dit-il solenelement.

- Je l'espère bien, nous avons réussi à éviter un scandale mais-

- Si ça se reproduira!

Je m'étais levé, sans réfléchir, les mots étaient tour simplement sortis de ma bouche poussés par mon cœur. Ce n'est qu'après les avoir prononcés que je réalisais les conséquences irréversibles qu'ils entraînaient.

- Et tout les jours ne de notre vie!

Je tournai la tête, encore plus surpris qu je ne l'avais été de moi même. Jungkook se tenait debout à côté de moi, le regard fixement encré dans celui de notre directeur.

- Je... Veux...

Il venait tout comme moi de réaliser la portée de son acte, je sentais que des larmes lui montaient aux yeux, les autres étaient plongés dans un profond silence à l'affût de la moindre parole, du moindre geste. Bang Sihyuk leva les sourcils.

- Je... o-on veut juste... euh... ça-change-rien-c'est-comme-ci-on-était-très-amis.

- Ça change rien? Tu rigoles j'espère. Ça-

- Si on à pas le droit de s'aimer je quitte le groupe.

Tout les yeux se tournèrent en direction de notre Maknae. Mon estomac se retourna. Serais-je prêt à faire le sacrifice de mon rêve pour une personne? Pour cette personne... Pour Jungkook. Mon cœur s'emballa mais sans hésiter une seconde de plus, je repris:

- Comme ça il n'y aura plus aucun problèmes, je fermais les yeux, je quitterais le groupe moi aussi.

           Désolé. Désolé tout le monde. A cause de nous, de notre égoïsme, on écrase votre rêve. Tous si près du but, désolé.

Ma vision était trouble et ma bouche se déformait. Je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas craquer. Quitter le groupe n'était pas ce qui me faisait le plus de mal, mais abandonner et gâcher le rêve de mes cinq hyung, ça c'est ce qui était le plus difficile. Je ne voulais pas que nous soyons les méchants de l'histoire, nous ne voulions que nous aimer.

A présent, plus personne n'osait parler, l'aura qu notre directeur dégageait était d'une noirceur impénétrable. Une seconde après, il entra dans une colère tout aussi noire. Nous disant que c'était impossible, que des gens du monde entier attendaient la sortie de notre premier album et que l'on ne tue pas la poule aux œufs d'or. Que l'on abandonne pas ses amis pour une "amourette d'adolescent".

- Une. Amourette. d'adolescent.

Sans un mot de plus de sa part ni de personne, Jungkook quitta la pièce calmement, suivi des yeux par toutes les gens s'y trouvant.. Toutes les émotions présentes en moi se traduisaient par une colère froide. Je voulais crier, hurler au monde que je l'aimais, mais n'en avait pas la force, j'avais l'impression de ne jamais pouvoir m'échapper de cette situation fatale.

Je m'apprêtais à suivre mon camarade.

- On à pas terminer.

- On ne peux pas avoir le beurre et l'argent du beurre.

Sur cette phrase, je quittais la pièce à mon tour. Laissant les autres derrière moi.

          Je suis désolé.

Attrapant mon manteau au passage, je quittais le bâtiment aussi vite que possible. Plus on essayait d'être discret, plus les répercussions étaient grandes. Personne n'avait l'air de comprendre que vivre ensemble, amoureux tout les deux mais sans aucun droit de se toucher, de se parler était la pire des solutions, pour tout le monde.

Je ne voulais en aucun cas tout gâcher, et Jungkook non plus et certes en théorie l'intérêt général est préférable au bonheur s'une seule personne, mais "l'intérêt général" n'a pas idée de combien cette personne peut être mal. J'errais sans but dans les rues vides de Séoul en ce début d'année, année qui avait pourtant si bien commencée.

Jungkook, où est-tu? J'aimerais que tout soit simple, ou seulement m'enfuir avec toi, loin de tout, loin de ces problèmes. Mon téléphone vibra, un semblant de sourire s'esquissa sur mon visage en voyant le nom de l'expéditeur du message.

De: Jungkookie :3

Tae, où est-tu?

Je levais la tête pour regarder autour de moi. Je me trouvais à côté de la rivière Han, une silhouette étrangement familière se trouvait sur la rive opposée. Je plissais les yeux pour en distinguer les détails.

A: Jungkookie :3

Juste en face de toi ~

Le garçon en face leva alors la tête, je sentis son regard me transpercer, mon cœur fit un bond. Le pont le plus proche se trouvant une dizaine de mètres en amont, d'un même pas, nous le rejoignîmes.

Quelques mètres de distance restaient entre nous, il était à portée de voix, sa silhouette avançant au même rythme que la mienne sur ce pont. Les battements de mon cœur ne cessaient d'accélérer à mesure que la distance entre nous rapetissait, comme à chaque fois qu'il était là. 

L'un en face de l'autre, sans un mot, mes yeux dans les siens. Un instant passa avant que timidement, je ne prenne sa main froide. Le contacte de sa peau pâle réchauffa la mienne instantanément et malgré les évènements qui nous avaient conduits ici, nos visages s'illuminèrent, ici, tout les deux, nous étions hors du monde et de ses problèmes, libres, ensemble, amoureux.

Lentement, il s'approcha de moi et joignit ses mains dans mon dos, son front touchant presque le mien. Je sentais à ce moment là un flux chaud de vie couler dans mes vaines, il me faisait revivre, tout oublier, exister. Il était mon espoir.

- On abandonnera pas les autres.

Dis-je très doucement, de manière à n'être entendu que de lui. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, un mélange de tristesse et l'amour.

- Je ne veux abandonner personne.

Il termina sa phrase en déposant ses lèvres douces contre les miennes. Mes joues rosirent et comme un renouveau en moi, de mon cœur naquit un nouveau papillon, fort et étincelant. De la couleur de l'espoir, il quitta les ruines de notre passé, laissa tout ces morceaux de verre dangereusement coupant, ruine du mur d'interdiction entre nous, pour aller se poser là ou rien ne pouvait nous arriver à tout les deux, le futur, notre futur.




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