Mon caporal-chef

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Si j'avais eu à définir ma première expédition hors de ces murs en un seul mot, j'aurai sûrement répondu "tragédie".

Aujourd'hui encore, cette expédition fait remonter de douloureux souvenirs en ma mémoire, poignardant mon cœur que l'on qualifie inexistant, et qui pourtant, se trouve être bien présent. Seulement, il était meurtrit et emprisonné dans une cage composée d'ossements à la senteur acre de décomposition.

Oui, présent, disais je avec beaucoup de volonté.
Mais c'est une présence sans chaleur, sans bruit.
Une présence discrète, invisible, inaudible, morte.

Mais... Un jour, il a bien fallu que je fasse avec, il m'a fallu apprendre comment vivre sans sentir son cœur.

Et chaque Homme, ne devient pas important sans l'aide d'un autre.
Et si aujourd'hui je suis une figure importante du bataillon d'exploration, c'est parceque l'on m'a sorti la tête de l'eau et donné un bon coup de pied au cul.

Vivre sans regrets...
Cette phrase, qui pouvait être banale et foutrement logique, ne m'était curieusement pas venue d'un seul coup.
La tête perdue dans les étoiles, j'avais réfléchis.
Longtemps même après leur mort, je m'étais demandé où j'avais échoué dans ma mission ?
Quand avais je fais une erreur ?
Mon envie de tuer ce type nommé Erwin Smith, qui aujourd'hui s'avère être un grand ami, m'avait fait changer de route.

Je dis être autodidacte, mais la seule vérité, c'est que les valeurs, les objectifs, les rêves, eux, ne naissent pas sans une personne près de vous qui vous le fasse réaliser.

Sortir des bas fonds... Quelle drôle d'idée pour un fils de pute, un tueur, un maragouineur, sans famille et par dessus tout, sans raison de sortir de cette foutue cage ?
Dans cette optique, j'étais plus un danger pour l'extérieur qu'autre chose. Ma vie était destinée à se finir dans ces bas fonds.
Si Isabel n'était pas entrée dans notre vie avec cet oiseau blessé , je n'aurai jamais pensé pouvoir partir d'ici un jour.
C'est seulement lorsque j'ai vu cet être qu'Isabel c'était tuée à soigner, s'envoler dans le seul puit de lumière, qui plongeait dans mon monde obscure, que j'ai jalousé ses ailes.

Moi aussi, ce jour là, j'avais eu envie de m'envoler comme il le faisait si naturellement et simplement.
Un simple battement le portait loin, très loin d'ici.
J'avais était submergé par cette envie de liberté, et m'étais dit, pourquoi pas ?
Moi aussi je sais voler après tout, alors, pourquoi pas voler au dessus de ce plafond de pierre qui recouvrait ma tête depuis le jour de ma naissance ?

Elle m'avait donné envie d'être libre.

Mais il y en a une qui m'a donné plus que cela, qui m'a appris plus que cela, l'envie de vivre, bien que sans cœur et couvert de jugements.
J'avais eu l'envie d'apporter quelque chose au monde.

C'était peu après l'expédition.
J'avais alors trouvé la base bien vide par rapport à quand nous étions partis. Le cœur meurtri, la nostalgie, même courte, de ces lieux me hantait
Ça me tuait à chaque instant, de me dire que je n'entendrai plus jamais Isabel m'appeler "frérot", de cette intonation enfantine, son visage décoré d'un grand sourire. Que plus jamais Farlan se sera là pour me remettre dans le droit chemin lorsque je faisais fausse route.

La force ne fait pas tout dans la vie, et ce jour là, j'avais bien compris qu'elle ne suffisait pas à garder les gens près de moi.

Ce blond, dont la présence m'horripilait jusqu'au plus profond de mon âme , et dont les paroles froides m'étaient restées au travers de la gorge, m'avait transféré dans une nouvelle escouade. (Vu que Flagon, avait lui aussi péri lors de ce massacre.)
Toute mon escouade à péri d'ailleurs si je me souviens bien.

Shingeki No Kyojin : Recueil OS | Livaï x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant