Rainflower [en pause]

Chapitre 9

Le lendemain, Hannah se leva tôt. Son petit déjeuné avait été porté dans le petit salon. Tant mieux ! Elle n'avait pas envie de parcourir dès cette heure matinale tout le Rainflower afin de trouver un restaurent et risquer de tomber sur sa sœur. D'ailleurs, elle avait été surprise de retrouver toute sa famille. Certes, Lady Cornally lui avait manquée et l'ambiance telle que celle de la veille lui faisait chaud au cœur, mais elle n'avait été informée de la présence d'aucun d'entre eux avant que ce serviteur lui porta la lettre, la conviant au dîner de famille.

Alors qu'elle sirotait son thé, on frappa à la porte. Bessie, à pas feutrés, entra avec une des robe de la baronne dans les bras. Lorsqu'elle reconnut le vêtement, le cœur de la jeune veuve se serra, des larmes lui montèrent aux yeux mais en même temps, elle sentit une rage l'envahir. Pourquoi ce bleu ? Cette robe ? Ces dentelles ?

« Bessie ! Pourquoi as-tu mis cette robe dans mes valises ? Ne sais-tu point que je la portais lors de la dernière soirée passée dans un restaurent avant que mon époux décède ? Je croyais m'en être débarrassée.

-Excusez-moi, madame... dit la petite servante en se courbant. Je l'ai trouvé au fond d'une de vos vieilles malles au grenier, et je me suis dit que le Rainflower serait une bonne raison de la ressortir ! »

Le doux visage d'Arthur apparut alors à l'esprit de la Baronne. Sa peau, sur laquelle quelques rides commençaient à marquer ses yeux, son front et ses joues, était d'un beige rosé sur lequel le temps avait laissé sa marque. Ses yeux noirs profonds, sa barbe soyeuse, se mains pleine de cambouis, tout lui revint en mémoire, si précisément que si elle avait levé le bras, elle aurait pu sentir sous ses doigts la caresse de sa peau, et cela en était délicieusement douloureux.

« Non, ne t'excuse pas Bessie, dit alors Mrs Metford lentement. C'est à moi de te demander pardon, je n'aurais pas dû te réprimander sans raison.

-Non, madame, je vous promets que je prendrais plus d'initiatives...

-Tu as raison, Bessie, il est grand temps que je passe à autre chose. Après tout, je suis jeune, veuve, à la tête d'une immense fortune, je pense pouvoir m'amuser ! »

Ce soudain changement d'attitude surprit la petite servante, mais cela la rassura. En effet, ce que sa patronne ignorait, c'est que quelques semaines auparavant, Lord David Pelly s'était présenté à l'improviste alors qu'Hannah était chez une amie. Il semblait soucieux et son inquiétude s'était révélée être plus grande encore lorsqu'il ouvrit la bouche. Il confia à Bessie la mission de l'informer si l'état de sa sœur évoluait, aussi bien positivement que négativement. Aussi. En entendant ces mots, la jeune fille de dix-sept ans fut combler de joie, enfin une bonne nouvelle !

Sans plus tarder, Bessie aida sa maîtresse à enfiler la robe et à la coiffer, puis Hannah déclara qu'elle pouvait prendre une journée pour elle comme elle ne rentrerait que le soir. Finalement, après avoir longuement contrôlé son apparence dans le miroir en pied, elle quitta les appartements. Bessie attendit quelques minutes puis se précipita dans sa propre chambre, retira son tablier de femme de chambre et attrapa son manteau. Elle verrouilla la porte de l'appartement et traversa le vaisseau en rasant les murs, tête baissée. Enfin, la jeune fille arriva devant une porte qui ressemblait à toutes les autres. Doucement, elle frappa, et un homme, de grande taille, filiforme, les cheveux blonds bouclés, la fit entrée.

« Cody ? appela une voix masculine dans l'autre pièce. Qui est-ce ?

-Il ne s'agit que de moi, monsieur, répondit la petite Delanay. J'ai de bonnes nouvelles concernant votre sœur. »

Elle poussa la porte de la chambre et fit une petite révérence pour saluer. Lord Pelly était assis, droit, les jambes croisées de façon nonchalante, dans un fauteuil recouvert de velours. Il ne portait pas de veste, seulement son gilet brun. Un lord se tenait debout près de lui, debout, la main dans la poche de son pantalon. Il devait être plus jeune et une certaine naïveté se dégageait de sa personne.