« Nous y sommes presque, Hannah ! s'exclama Hamich, les yeux rivés sur ses pieds pour ne pas louper de marche. Je voix de la lumière au bout. »
Finalement, les deux aristocrates arrivèrent dans une sorte de sas, où une immense porte en acier se dressait devant eux. La salle des machines était de l'autre côté, ils en étaient sûrs. Si près du but ! Après avoir échangé un regard complice avec son amie en pantalon, Hamich tourna l'immense poignée avec difficulté. La porte s'ouvrit mais des voix venant du haut de l'escalier les alertèrent. Sans perdre une minute, ils entrèrent et se plaquèrent contre un énorme tuyau en cuivre. Des hommes, habillés de noirs, passèrent devant leur cachette sans les apercevoir.
« Hamich ? murmura la jeune femme. Puis-je vous poser une question indiscrète pendant que nous sommes à l'abri ?
-Bien sûr, je n'y vois aucun inconvénient puisque je n'ai rien à cacher à une amie.
-Votre jambe, Hamich. Que... Que vous est-il arrivé ? »
Le Comte ne s'attendait pas à cela. Certes, il n'avait jamais tenté de dissimulé sa claudication. De toute façon, il n'aurait pas pu. Il n'osait pas regarder le visage angélique d'Hannah car il souhaitait garder une certaine contenance tout en étant totalement sincère. Il se plongea alors dans sa mémoire.
Vingt-deux ans plus tôt.
Georges regarda son épouse qui se tenait devant la porte de sa demeure. Il n'allait pas la revoir avant quelques jours. Peu importait. Certes, il avait une profonde admiration pour Mary mais il ne l'aimait pas du même amour qu'un mari devrait aimer sa femme. C'était également pour cette raison qu'ils n'avaient eu qu'un seul enfant. Son fils s'installa devant lui, le sortant de ses pensées, et la voiture s'éloigna de la demeure des Wyford.
« Où allons-nous, Père ? demanda l'adolescent. Vous ne m'avez rien dit...
-Ta mère et moi avons décidé que maintenant que tu es un homme, nous pouvons passer plus de temps ensemble, n'est-ce pas ? Je t'emmène à mon club. Tu verras, cela te plaira ! »
La calèche traversa La Ville entière, du moins, c'est ce qui semblât au jeune Wyford. Enfin, les chevaux s'arrêtèrent. L'endroit semblait plus ensoleillé que le Quartier Ouest. Etaient-ils sûrement dans le Quartier Sud ? De plus, les passants n'étaient pas habillés de la même façon. Certes, les hommes portaient la redingote et les femmes leur robes bouffantes mais il y avait quelque chose de différent. L'architecture avait également changé : les arabesques ornaient les murs des bâtiments, jouant avec le soleil. Etait-ce un autre monde ?
Georges mena son fils dans ce qu'il semblait être une demeure. A sa grande surprise, l'adolescent découvrit que l'endroit était remplit d'hommes semblables à son père mais de tout âge. Ils traversèrent la maison sans adressé la parole à qui que ce soit et entrèrent dans une pièce très vite reconnut par le jeune homme.
« Un jeu de paume ! s'écria-t-il. Allons-nous jouer, Père ?
-Bien entendu, Hamich ! Nous y jouerons en double. Mon ami, Lord Mayer, ne devrait point tarder... »
Pour Hamich, ce fut la plus belle journée de sa vie. C'était la première fois que le Comte et lui s'amusait, se parlaient, ne criaient pas. Le soleil avait brillé longtemps, leur permettant de découvrir les bordures de La Ville et de La Campagne. Ils purent pique-niquer, le soir. Puis, alors qu'il s'était installé dans une des chambres de la Résidence, Georges décida, pour la première fois, d'agir en véritable père. Il frappa à la porte de celle de son fils et entra. Ce dernier était déjà dans son lit, prêt à dormir, dévorant un livre de mathématiques. Le Comte n'avait jamais compris son intérêt frénétique pour cette matière, certes louable mais moins utile à un gentleman que l'escrime ou la chasse à courre.

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Rainflower [en pause]
FantasiHannah Metford, Amos Dickingson, William Bristow et Hamich Wyford sont des aristocrates mais surtout, des inventeurs de génie. Alors qu'ils passent chacun de leur côté une soirée tranquille, leurs notes sur leurs créations géniales sont volées. Un a...