Chapitre 6

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Le vaisseau était tout simplement impressionnant ! Hamich s'approcha de la longue file d'attente en clopinant, son énorme sac dans la main droite. Tout à coup, un homme en uniforme noir lui barra le passage. Bouche bée, le vieux Comte le regarda avec des yeux ouverts d'étonnement.

"Halte Monsieur, c'est un événement privé. Seuls les Citoyens possédant un titre de Noblesse sont admis. Veuillez circuler !

-Mais, voyons Monsieur l'Agent... J'ai reçu une invitation ! Je... J'ai même mes papiers en règle !

-Vraiment ? Montrez-moi cela..."

Bien que le gendarme soit imposant, les années de labeurs et de misère avait façonné le vieil homme et ce dernier dépassait l'officier d'une tête. Il lui tendit gentiment les documents légèrement froissés, un sourire amical aux lèvres. L'agent les observa pendant de longues minutes, puis les lui rendit.

"Veuillez m'excuser, Monsieur, je ne savais pas... Bredouilla-t-il, se confondant en excuses, terriblement gêné.

-Ce n'est rien mon garçon, l'erreur est humaine ! Répondit le Comte, affichant un sourire franc et rassurant. Où se situent mes appartements ?

-Par ici, Monsieur, quelqu'un vous y conduira... Veuillez m'excuser encore une fois, Monsieur. Passez un bon séjour, Monsieur."

L'agent s'excusait encore lorsqu'Hamich embarqua, suivant un autre homme en costume. Il ne pouvait pas le blâmer, un homme dans sa condition actuelle possédait rarement, voire jamais, de titre. Pourtant en se levant, il avait fait un effort. Il avait pris un bain et s'était même rasé - certes, la lame n'était plus vraiment coupante, mais cela avait suffi pour tailler sa pilosité faciale. Il avait également sortit ses plus beaux vêtements, qu'il gardait précieusement dans un coffre de son appartement depuis plusieurs années - en fait, depuis le décès de son épouse. Mais les années avaient passées et le tissu avait perdu son éclat. Les mites avisent fait quelques trous.

Ah ! Il se rendait maintenant compte dans quel état il se présentait, en une sorte de petit bourgeois sans fortune. Qu'il avait honte !

Le domestique devant lui le conduisit dans un dédale de couloirs, décoré de riches tapisseries et de feuilles d'or, et ouvrit une porte. Le Comte s'arrêta dans l'entrée, les yeux écarquillé d'étonnement. Certes, ses quartiers de trois pièces n'étaient sûrement pas les plus luxueux mais cela faisait si longtemps qu'il vivait dans une pièce miteuse sous les toits du Quartier Nord de La Ville que ce changement soudain le prit de court. Le petit vestibule d'entrée, dans les tons vert pâle, avait deux portes : l'une conduisait à une petite salle de toilette tandis que l'autre à la chambre. Dans cette dernière, se trouvait un étrange petit bonhomme rondouillard dont le col de la veste était piqué par de nombreuses aiguilles de différentes tailles et de différentes couleurs. Le crâne du petit homme n'était pas bien velu mais une grosse mèche retombait coquettement sur son front, formant une boucle large et élégante.

"Serais-je dans les mauvais appartements ? Demanda Hamich, douteux, s'apprêtant à sortir.

-Mais point du tout ! S'écria l'inconnu, d'une voix aiguë, rapide et enjouée. Laissez-moi me présenter : Lloyd Ginfield. Mon patron - celui qui a imaginé et construit cette machine, et qui vous a également invité à son bord - m'a chargé d'habiller à ses frais chaque personne qui en aurait besoin ici, sur le Rainflower.

-Votre patron ?

-Tout à fait, monsieur !

-Mais quel est donc son nom, à votre patron ? Demanda Hamich, dont l'absence de signature sur l'invitation avait éveillé la curiosité.

Rainflower [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant