Lady Arthemisia Dickingson était une jeune fille d'une beauté sans pareille. Ses longs cheveux couleur corbeau cascadaient dans son dos jusqu'à ses hanches, et dansaient avec le moindre souffle de vent. Lorsque l'on regardait dans ses yeux, on avait l'impression de regarder le plus beau ciel d'été, et lorsqu'elle les fermait, le ciel se couvrait du long voile de ses cils. Sa blanche peau était douce, ses courbes si bien dessinées, ses fines mains si habiles aux travaux de couture... Malheureusement pour ses parents, elle rejetait constamment ses prétendant et se retrouvait à dix neuf ans sans promesse de mariage.
Alors que la jeune fille s'était enfermée dans la salle de musique, Jonathan et Peggy s'inquiétaient à son propos :
"Notre fille est inconsciente ! S'écria Lady Dickingson. J'ai peur pour sa réputation... Elle a même refusé de rencontrer le Marquis de Whitegarden, c'était une chance qui ne se représentera jamais !
-En même temps, ma chère, ronchonna Lord Dickingson, il faut dire qu'elle n'a pas eu de véritable modèle...
-Qu'insinuez vous ?
-J'insinue que votre fils n'est lui non plus toujours pas marier ! À son âge, je vous avez déjà épouser !
-Je serais marié depuis longtemps, Père... Si vous n'aviez pas refuser toutes les charmantes jeunes filles à qui j'avais demandé la main"
Amos venait d'entrer dans le salon. Il le traversa à grandes enjambées et déposa un tendre baiser sur la main de sa mère qui lui répondit par un grand et beau sourire. Le vieil homme lançait un regard courroucé à son fils désobligeant.
"Je ne l'ai fait que pour toi ! Se justifia Jonathan. Mais là n'est pas la question. La réputation de ta sœur est en péril car elle n'est toujours pas mariée. Certains murmurent qu'elle a déjà perdu sa vertue !
-Point du tout, Père, les temps ont changé depuis votre époque. Dans les salons que je fréquente. On me complimente sur la modernité d'Arthemisia et notre famille !
- Je suis si las de vos disputes, s'interposa Peggy. Arthemisia épousera en temps voulu l'homme qui aura sut conquérir son cœur !"
Ce soudain changement d'avis pris de court Lord Dickingson. Furieux, le vieil homme sortit en claquant la porte, faisant trembler toute la maison. Au bout de quelques secondes d'un silence pesant, Lady Dickingson se tourna vers son fils et ouvrit la bouche :
"Comment avance ton projet, mon chéri ?"-ooOoo-
Amos déposa son manteau sur le dossier de sa chaise et s'assit en soupirant. Son travail était faramineux et difficile : il devait reconstruire sa maquette volée un an plus tôt. Malheureusement, il ne se souvenait pas de tout les détails qu'il avait mis tant d'années à trouver et à bâtir dans son esprit et sa fâcheuse habitude à ne rien noter devenait handicapante. Ainsi, la structure de métal restait nue et incomplète. Il observa les étranges arcs suspendus avec ennui et soudaine colère folle monta en lui. C'était une colère contre personne en particulier, mais plutôt contre le monde entier. Il rageait contre ce voleur qui avait détruit son travailler - et son rêve par la même occasion -. Il rageait contre le système qui lui imposait une étiquette inutile. Il rageait contre ses parents trop enfermés dans les dictats et les conventions de leur société mondaine. Il rageait ! D'un mouvement courroucé, il lança le premier livre qui lui tombait sous la main à travers la pièce. Le bouquin tapa le tableau de famille sans l'abîmer -heureusement !- et retomba lourdement sur le parquet d'ébène. Le jeune homme sortit en claquant la porte. Il devait s'aérer l'esprit.
Dans le hall, il cria son intention et sans attendre une réponse provenant de ses parents ou de ses domestiques, il s'élança dans le dédale de rue qu'était la Ville. En cette douce soirée d'Avril, le passage était noir de monde. Des fiacres et des chaises à porteurs créaient des embouteillages, et les passants, aristocrates ou gens du peuples, vociféraient de ne pas pouvoir avancer. En jouant des coudes , le jeune Lord se faufila à travers la foule et aboutit dans une petite ruelle en cul-de-sac qui était déserté. De son poing ganté, il frappa à la porte la plus abîmée qui s'ouvrit sur un homme, quelque peu plus jeune que lui.
"Bonsoir Monsieur Dickingson, lança-y-il, le coin droit de ses lèvres relève en un sourire moqueur. Que puis-je faire pour vous ?
- Pas de cela avec moi, Marty ! Répondit Amos, riant intérieurement à ces politesses exagérées et inutiles. Puis-je entrer ?"
Le jeune homme s'écarte pour le laisser passer. Marty était le fils de la cuisinière de la famille et les deux garçons avaient été compagnons de jeux depuis leur plus tendre enfance. Malgré la petite différence d'âge, ils s'étaient toujours parfaitement bien entendus. Malheureusement, à l'adolescence, la classe sociale d'Amos leur avait fait prendre des chemins différents tandis que l'un continuait les cours pour pouvoir succéder au paternel, l'autre avait pris la direction de l'usine à l'autre bout de la Ville. À presesent, ils ne partageait qu'une nuit par mois, à se saouler jusqu'à l'aube, se racontant leur malheurs et concluant qu'ils ne voudraient en aucun cas être à la place de l'autre.
Comme à leur habitude, Marty prêtait des vêtements à son ami prestigieux et tous deux se dirigeaient vers le pub le plus éloigné qu'ils pouvaient atteindre en une heure, espérant ne pas être reconnus ensemble pour éviter tout scandale. Mais aujourd'hui, Amos confia à son ami son désir d'être libéré de ses tourments. De bon conseil, Marty lui dit en levant sa choppe de bière :
"Mon cher, pour oublier quoique ce soit, rien ne vaut l'alcool... Et les femmes !"
Et pour appuyer ses dires, il attrapa la main de la serveuse qui passait près d'eux..
"Je te présente Beckie, on va se fiancer !
-C'est vrai ? Félicitations ! Tu vas enfin devenir un homme respectable !"
La jeune femme en question, une blonde platine aux formes voluptueuses, se pencha et embrassa son fiancé de façon qui aurait été perçue dépasser dans le monde d'Amos. Mais ici, les meurs n'étaient pas les mêmes et le jeune aristocrate n'avait pas peur de faire un faux pas. Si sa famille le voyait à cet instant, presque ivre, courtisant une inconnue ! Il était certain qu'il n'aurait après cela plus de liberté. Mais il était heureux et c'était tout ce qui lui importait.
Finalement, l'alcool eut raison de lui. À peine trois heures après leur arrivée, Amos s'écroula sur sa table, ses ronflements grondants, sa choppe à moitié pleine à la main.

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Rainflower [en pause]
FantasyHannah Metford, Amos Dickingson, William Bristow et Hamich Wyford sont des aristocrates mais surtout, des inventeurs de génie. Alors qu'ils passent chacun de leur côté une soirée tranquille, leurs notes sur leurs créations géniales sont volées. Un a...