• Chapitre 1 •

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Je n'entendais plus rien.
Les rires et les cris des élèves autour de moi avaient subitement disparus.
Je me focalisais sur une seule chose :
Sentir le coeur de Linda battre sous mes doigts.
Elle commençait à devenir étrangement violette, mais elle l'avait bien mérité...
Je resserais ma pression autour de son cou, quand un violent coup de pied me fait valdinguer en arrière.

Je tente de me redresser, essuyant du revers de la main le sang qui commence à perler à ma lèvre.
Éric Stanford se tient debout devant moi les poings serrés :

-Ne t'approche plus jamais de ma meuf espèce de salope.

Il me regarde avec un tel dédain, que j'ai l'impression d'être un insecte écrasé sous sa chaussure.
Alors que je me redresse difficilement, il me donne un dernier coup de pied, en plein dans le visage, qui me fait m'écrouler à nouveau sur le sol bitumé de la cour.
Il me regarde une dernière fois, un sourire cruel aux lèvres, puis s'en va accompagné de toute sa bande, aidant Linda à se relever au passage.

Je les regarde s'éloigner, encore sonnée par la violence du choc.
Ma tête émet un bourdonnement sourd et j'ai l'impression que ma bouche est remplie de coton.

Mais j'ai l'habitude.

Alors, péniblement, je me relève.
Comme je le fais toujours.

Une fois debout, je jette un rapide coup d'oeil autour de moi, afin de m'assurer que personne n'a assisté à l'affrontement entre Linda et moi.
Je sais pertinemment que je serais mise en tort : c'est moi qui ai attaqué en premier.
Mais elle m'avait provoquée.
Seulement, d'après la C.P.E, ce n'est pas un argument valable. À ses yeux, je devrais : «ignorer et passer mon chemin» pour reprendre ses mots exacts.
Plus facile à dire qu'à faire...
J'aimerais bien l'y voir moi, la C.P.E face au harcèlement quotidien dont je suis victime.
La voir tenter désespérément d'ignorer les remarques, les rires moqueurs, les insultes...

Ma pensée s'arrête net lorsque j'aperçois à l'autre bout de la cour un garçon appuyé contre les casiers.
Il est habillé en noir et porte une capuche. Il porte un espèce de masque (noir aussi) qui lui couvre tout le bas du visage, ne laissant transparaître que ses yeux.
Il est trop loin de moi pour que je puisses discerner autre chose, mais j'ai le désagréable sentiment qu'il me fixe.

Je secoue la tête, et tourne le dos en ramassant mon sac trempé de la boue dans laquelle ces connards l'ont lancé.
Je fais quelques pas, puis, poussée par la curiosité, me retourne.
L'inconnu à disparut.

(Kyra en média)

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