Le lendemain matin, j'appris la mort de mon arrière grand-mère.
Une mort plus que respectable.Après avoir eut une vie plutôt complexe et mouvementée, elle avait pu s'évader dans son sommeil, tranquillement.
Ma mère, l'après-midi même, avait fermé sa boutique et nous avait emmené à l'hôpital ma sœur et moi.
La même odeur et la même atmosphère oppressante se faisaient déjà ressentir. J'avais une maigre impression de déjà-vu. Le même ascenseur nous fit monter les étages un à un.
Nous débarquions sur le même palier. Les couloirs me paraissaient légèrement plus froids et sombres que la veille.Nous arrivions finalement devant la porte de sa chambre. Ma mamie et ma tante étaient déjà dans la pièce.
Puis je l'ai vu.
J'étais sous le choc. Ma sœur occupait déjà les bras de ma mère et cette dernière laissait échapper quelques larmes.
Elle... Que dis-je...
Son corps gisait là, sans vie, dans ce lit recouvert de fins draps blancs cassés, les bras posés le long de son corps. Elle avait l'air sereine, paisible et calme, comparé à la scène à laquelle nous avions assistés hier. Ses lèvres rentraient vers l'intérieur de sa bouche. Son teint était livide et son corps blanc tendait vers le bleu. Le contour de ses yeux se colorait d'une légère teinte bleutée qui tirait vers le violet lorsqu'on s'approchait de ses globes oculaires cachés de ses paupières.
Ma mère lâcha ma petite sœur, qui alla se réfugier dans les bras de ma tante et cette dernière s'assit à côté du corps de sa grand-mère.
Elle lui fit d'innombrables caresses sur le visage, les bras, les mains et autant de baiser qu'il en était possible de donner.
Moi, j'observais les larmes dévalant mes joues et ravalais mes sanglots en réalisant le moins de bruit que je pus. Je fixais ma grand-mère allongée dans ce lit de mort.
A vrai dire, j'avais peur qu'elle se réveille.
Vous voyez ces films, où les héros arrêtent de respirer et de vivre pendant quelques minutes, puis soudainement ils se réveillent et répondent à la phrase que leur nana leur avait dit pendant qu'ils étaient inconscients. Moi... J'avais peur que cela se produise et pourtant je savais que ça n'arriverait pas.
J'avais observé méticuleusement son buste pour être plus que sûre, qu'il ne bougeait plus. J'étais paralysée par la crainte. Mes membres s'affaiblissaient petit à petit.
Je voulais tant l'approcher, lui murmurer que je l'aimais, la caresser... Mais ma mère m'en dissuada définitivement quand elle prononça ces mots :- Elle est gelée.
- Mais Katia ! Tu t'attendais à quoi ? Lui répondit ma tante après l'avoir fusillée du regard une bonne dizaine de fois.
Mon parrain, le conjoint de ma tante, avait fait irruption dans la pièce. Il avait rassuré ma tante en lui disant que les enfants étaient restés avec ses parents.
- Camille m'a donné ça. Il brandit un bracelet fait à partir d'élastiques de sa poche. Elle m'a dit de lui mettre au poignet.
Je dois avouer que j'avais arrêté à ce moment d'écouter leur conversation, étant trop concentrée à dévisager la dépouille de mon arrière grand-mère.
Je poussais un petit cri lorsque je sentis des bras s'enrouler autour de mon cou. Mon parrain m'avait rejoint dans mon coin de la chambre. Il m'avait brusquement sorti de ma contemplation. Il passa sa main sur ma tête d'un geste doux et apaisant, puis me toisa longuement.
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A Part Of Me
Teen FictionComment font-ils, tous ces gens, pour vivre et être heureux ? Je les envie tant... Moi mon monde s'est arrêté. Il a cessé de tourner, de s'illuminer et de rayonner. Il est devenu froid, terne, triste et lugubre. Je n'arrive plus à vivre, sourire, ma...