Chapitre 10

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Cette effroyable semaine s'était lentement écoulée. Comme si son enterrement ne devait jamais avoir lieu.

La semaine suivante, la cérémonie tant attendue se rapprochait de plus en plus.

La veille de son enterrement, un mercredi, nous nous étions une dernière fois rendu au funérarium.

« Comme la tradition le voulait ».

Je venais tout juste de finir mon « service ». Ma mère m'attendait dans son magasin avec ma sœur. Elles avaient toutes deux considérablement maigries. Leurs joues s'étaient creusées. Tristesse et désespoir pouvait se déchiffrer sur leur mine cadavérique.

Et moi... Moi, j'avais toujours ce foutu faux sourire, cet air de fausse joie plaquée sur le visage. Je n'avais pas perdu de poids à ce moment là comme le reste des membres de ma famille.

La bombe à retardement, que voulez-vous ...

Silencieusement et dans le plus grand calme, ma mère avait clos son magasin justifiant un rendez-vous médical auprès de ses fidèles clients. Nous nous étions consciencieusement dirigés vers la voiture garée quelques rues plus loin.

Le silence régnait toujours. Il était Roi depuis la nouvelle que nous avions apprise cette épouvantable matinée.

Installées dans la voiture, ma mère mit le contact et alluma le moteur. Nous avions premièrement déposés ma sœur chez ma tante, elle devait garder ma cousine pendant sa sieste. Lorsque nous arrivâmes sur les lieux, toute la famille y était, ma tante, une de mes cousines, mon parrain, sa sœur, leurs parents et nous.

Un tableau de famille si idyllique. Pourtant tâché par la mort ornant le bord d'une parfaite photo.

Puis nous sommes tous partis en direction du funérarium, -ou l'endroit du malheur.

L'atmosphère oppressante et pesante me donnait mal à la tête, comme si celle-ci était compressée et confinée dans ma boîte crânienne. Elle ne demandait qu'à se libérer de toute cette pression.

L'atmosphère était si lourde, que je suffoquais.

Je voulais tellement le voir. Lorsque nous y arrivions enfin, ma tante composa le numéro de déverrouillage sur le boitier et nous entrions dans le hall du funérarium.

Les quatres mêmes portes étaient occupées par des personnes affranchies de leurs âmes.
Nous passions la porte de sa chambre.
Un soupir passa au travers des lèvres condamnées de ma tante.
Il résonna dans toute la pièce.

J'avais pris la première chaise et l'avais positionnée proche de son lit de mort. Je voulais être une dernière fois près de lui. Au plus proche avant de le laissé s'envoler pour de bon.

Je lui caressais la joue, les cheveux, la bouche, retraçant les courbures de de ses lèvres, l'arrête de son nez, la forme de ses yeux. La douceur de ses cheveux de son épiderme me manqueront forcément.

Malheureusement, il n'était plus. Ses joues creusant sa peau, ses yeux légèrement bleutés voire violines, sa peau froides, blanches et morte... Il était parti depuis quelques jours. Pourtant la, dans cette chambre, je savais qu'il était encore là, auprès de nous.

Le plus écoeurant était les relents d'odeur putrides et dégoutantes de décomposition arrivaient jusqu'à mes narines. La première fois, cela avait déclenché une monstrueuse quinte de toux que je dus calmer en sortant de la pièce.

Ma mère avait pris ma place pendant que je calmais ma toux.
Elle avait aussi ce besoin de sentir notre bébé auprès d'elle.

Une dernière fois.

Puis le téléphone de ma mère sonna et je pus reprendre ma place.
Ma soeur souhaitait une dernière fois lui dire aurevoir.
Du coup tous était rentré pour la chercher et retourner chez ma tante.

La soeur de mon parrain et moi étions restées en attendant la venue de ma soeur. Nous en avions profités pour lui chanter une berceuse en lui caressant les joues, les cheveux, les mains.. Tout ce qui pouvait nous rapprocher de lui.

Je ne pourrais pu exactement écrire les paroles de la berceuse mais c'était une berceuse douce, qui parlait d'un oiseau qui enfin pu prendre son envol et voler à travers le monde.

Nous étions seuls tous les trois. Lui, elle et moi.
Nous avions pu nous lâcher toutes les deux et pleurer notre douleur. Nous nous étions vidées. 

Puis ma soeur arriva et pris ma place, elle déversa toute sa colère, sa haine et sa tristesse. Elle pleurait à chaudes larmes sans s'arrêter.

Le moment de partir arriva. Nous devions rentrer, nous étions attendu chez ma tante. Ma soeur n'arrivait pas à se détacher de mon cousin. Cette vision me brisa le coeur et me tordit l'estomac.

Elle retourna cinq fois auprès de lui pour l'embrasser une dernière fois avant de partir.
Ma mère l'appelait sans cesse pour lui dire de revenir vers nous et de partir.

J'avais passé une très mauvaise nuit.
A vrai dire, je n'avais pas dormi de la nuit. J'avais passé ma soirée à lire, à penser, à me tourner et me retourner.

Le matin personne n'était d'humeur. Nous nous étions tous préparés dans le silence absolu, un silence lourd et pesant, quasiment morbide. Personne n'osait dire un mot. Nous étions tous de noir vêtus. Ma robe malheureusement n'était pas complètement noire. Sur la robe, il y avait des fleurs de couleur dessinés.

Le chemin m'avait semblé plutôt court. J'étais si fatiguée de ma mauvaise nuit que je m'étais endormie durant les dix minutes de trajet pour atteindre l'église.

Il faisait beau étrangement. On pouvait entendre les oiseaux gazouiller, un vent frais caressait mes jambes découvertes sous ma robe noire.
De nombreuses voitures étaient déjà présentes devant l'église. Elles avaient toutes l'air dépourvues de couleur.
Le corbillard ainsi que les hommes de main, attendaient sagement devant les grilles rouillées de l'entrée. Ils étaient tendus mais portaient tout de même un visage neutre, sans doute obligé par le métier qu'ils exerçaient.

Nous nous étions rapprochés de notre cercle familial en saluant quelques personnes, dont je reconnaissais à peine le visage, la vue brouillée par mes larmes ruisselant sur mes joues.

Le prêtre du village nous salua et nous nous installâmes en silence sur les bancs en bois glacé de l'église.
J'avais gardé une place pour mon petit-ami.
Mais quelle fut ma déception, quand je le vis s'approcher de l'autel et du cercueil pour faire une courbette devant mon défunt cousin, se retourner, me voir, me faire un signe et ne jamais venir s'asseoir.

C'était à ce moment précis que je sus que j'allais passé toute la cérémonie seule à me vider de toute l'eau que contenait mon corps sans avoir ne serait-ce qu'une personne sur qui compter.

Mon coeur se brisa. Encore.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 17, 2022 ⏰

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