Chapitre 2

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Ma tête me tournait et mes jambes me faisaient défauts. Je me sentais défaillir. Mais repris assez vite leur contrôle pour ne pas inquiéter encore mon entourage suffisamment malmener par cette situation. Je me retins de justesse à la poignée de porte.

Je me concentrais sur ma respiration et pris le temps d'inspirer de grandes bouffées d'air et d'expirer, ne tenant plus compte de son parfum.

Je lâchais alors ma chère poignée et entrais lentement dans la chambre en vascillant, mes jambes ne s'étaient pas totalement remises de leur légère absence.

Elle était là, allongée dans ce lit d'hôpital. Peinant à respirer depuis sa chute, les médecins lui avaient posés un masque relié à tous types de câbles et machines, trônant derrière son lit. Ceux-ci, lui permettait de rester encore en vie, un court moment.

Nous sentions clairement qu'elle en avait assez de se battre, de vivre. Elle essayait constamment de parler et de faire des gestes précis pour communiquer, mais ayant auparavant fait plusieurs gros AVC, ses paroles ne sortaient qu'en sons et bruitages.
Ses gestes n'étaient que brouillon et désordonnés.

Je fuyais son regard, baissant la tête sur le sol de la pièce. J'étais terrorisée. Je n'osais même pas la toucher.

Je ne sais toujours pas pourquoi j'avais si peur... Probablement la vision d'horreur que ce flux de machines, câbles et bruits procurait.

Je ne la regardais pas. J'observais de long en large la pièce dans laquelle elle passait ses journées, retardant un maximum le moment où je poserais mon regard sur elle.

Le sol était bleu marine, il grinçait sous nos pas. Les murs étaient blancs immaculés, parfaitement propre et sans défaut.

On pouvait distinguer trois portes. Celle par laquelle nous étions entrés, celle de la salle d'eau et une petite porte cachant un placard.

La pièce était simple. Trop simple. Elle était petite.

Au milieu de la pièce, se tenaient deux lits, celui de mon arrière grand-mère, côté droit de la pièce, et celui d'un voisin de chambre inexistant, côté gauche. Elle était seule dans sa chambre. Personne ne pouvait la déranger.

Contre le mur derrière nous, se dressait une petite table carrée, pouvant contenir deux plateaux repas au maximum. Il y avait deux chaises autour de celle-ci. Nous y avions d'ailleurs déposés nos affaires.

Au-dessus de cette table, fixée au mur pendait une télévision, de taille plutôt moyenne. Mamie Élisabeth ne s'en servait pas. Elle était éteinte.

De grandes fenêtres étaient visibles sur le mur droit, nous offrant une belle vue sur le parking et sur un morceau de la zone commerciale de la ville. Éclairant d'avantage la chambre maussade.

Je ne savais où regarder. J'avais clairement fait tout le tour de la pièce.

Je pris alors mon courage à deux mains et décidai de poser mes yeux sur sa faible personne.

Elle était livide, frêle et son regard se perdait dans les nuages.

Cette vision m'effrayait. Le bruit assourdissant des machines, les fils plantés partout sur son corps et son visage déformé par la pression du masque ne créaient pas le tableau parfait de la mort vue mil et une fois dans les films.

Je retenais mes sanglots et ravalais mes larmes, plus d'une fois. Je souhaitais qu'elle ait un souvenir d'une fille forte et non d'un bébé pleurnichard.

Puis, voir tout le monde la mine triste et abattue dans la pièce ne devait sûrement pas la réconforter. Alors je m'efforçais de garder un sourire, cachant une quelconque once de tristesse.

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