Chapitre 1

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2014

J'habitais dans une petite ville française en Moselle. Mes parents étaient en instance de divorce.

Je vivais avec ma mère et ma soeur dans un appartement chaleureux au sommet d'un immeuble dont la façade ne payait pas de mine.

L'appartement se composait de cinq pièces et d'un étage. Il était simple. Ses murs étaient blancs, son sol en parquet brun luisait et il possédait des poutres en bois, lui donnant un aspect douillet et agréable. L'étage, étant une véranda, appartenait entièrement à ma mère.

Je venais de reprendre les cours dans une école française.

Je précise « française », car mes années de collège, je les avais passées dans un lycée franco-allemand en Allemagne.

J'étais une lycéenne, tout ce qu'il y avait de plus normal. J'avais certes, quelques problèmes, ayant eu une vie déjà très mouvementée pour mon jeune âge.

Que peut-on qualifier de « normal » de nos jours très franchement ?

Disons plutôt, que j'étais enjouée, une personne simple, quelque peu timide malgré les apparences, parfois trompeuses. Je ne me confiais que très rarement et j'avais très peu d'amis.

J'étais très refermée et secrète.

Ma mère me répétait à longueur de temps que je devais me livrer et lâcher prise.

« Ne garde pas tout pour toi ! » me disait-elle dès que l'occasion se présentait.

Alors moi j'hochais simplement la tête, lui promettant de me confier lorsque j'irais mal.

Mais c'était, très franchement, impossible. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayer.

Mais les mots se bloquaient dans ma gorge et ne voulant jamais franchir cette barrière.

Je me souviens d'une nuit, où j'étais au plus mal moralement et physiquement. Ma mère m'avait alors demandée de dormir avec elle. Pas pour recevoir de quelconques informations sur le pourquoi de mon état. Elle savait dans tous les cas qu'elle n'en recevrait pas ou que mes confidences ne seraient que mensonges.

C'était simplement pour que je ne passe pas ma nuit à pleurer dans mon oreiller en étouffant le moindre reniflement.

Comme à mon habitude.

J'avais alors voulu tout lui avouer, lui dire que je n'allais pas bien à cause de lui.

Ce monstre qui m'avait volé ma joie de vivre.

Mais je ne pus simplement pas.

J'ouvrais la bouche à plusieurs reprises pour lui dire, lui raconter mon histoire. Je me sentais sale et faible, fragile, idiote et naïve. Naïve, d'avoir pu croire qu'il m'aimait à un quelconque instant.

Je voulais hurler ma tristesse.

Mais rien ne sortait de ma gorge. Tout était coincé, emprisonné.

La seule chose que je fis ce soir là, c'était attendre le moment inévitable, où ma mère s'endormirait.

Quand enfin ce moment arriva, après ce qu'il me semblait être une éternité, je sortis de son lit plus dépitée et lâche que jamais et descendais finalement, sans un bruit, me blottir dans mes draps froids en pleurant à chaudes larmes.

En y repensant maintenant, je me dis que ce n'était finalement pas de la lâcheté, simplement la peur de blesser et l'inquiéter.

Ce n'était qu'un triste épisode de ma misérable vie.

A Part Of MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant