Miss Weasley-Delacour

Sur le chemin du retour

  Assise à un café de la Gare du Nord, Dominique observait les passants moldus qui allaient et venaient devant elle. Depuis qu'elle était toute petite, elle avait toujours aimé les foules - une conséquence d'avoir vécu trop longtemps dans la solitude de la Chaumière aux Coquillages, peut-être - et pouvait passer des heures installée à une table, ou sur un banc dans un parc, à regarder les gens passer et à écouter les bribes de conversation qui flottaient jusqu'à ses oreilles.

— C'est un train comme ça que tu prends pour retourner à Pou'lard ?

Dominique fut tirée de sa rêverie par la voix de Daphnée, sa petite cousine de quatre ans. Gabrielle et elle l'avaient accompagnée jusqu'au train qu'elle prendrait pour rentrer chez elle, après son été passé en France. Elle n'avait pas encore l'âge de transplaner, et ses parents ne voulaient pas qu'elle prenne un portoloin international. Victoire avait toujours détesté aller en France en train ; c'était probablement une des raisons pour lesquelles Dominique adorait ce moyen de transport.

— Pour aller à Beauxbâtons, maman dit qu'on prend la poud' de Seminette !

Dominique sourit en jetant un regard en biais à leurs voisins de table, qui ne semblaient avoir rien remarqué.

— Ouais, pour aller à l'école je prends un train tout rouge ! Ça prend toute la journée, et quand on arrive -
— Vous pouvez faire de la mazie !

Cette fois, Dominique vit du coin de l'œil leurs voisins se tourner avec un sourire en coin. Elle eut un petit rire et se pencha vers sa cousine.

— Tiens Daph', bois ton lait.

La fillette obéit une dizaine de secondes, aspirant quelques gorgées à travers sa paille, puis leva à nouveau la tête vers Dominique.

— C'est quoi ton sort préféré ? Moi z'ai trop hâte d'apprendre le Lolomora !

Elle tira sa paille de son gobelet, la maniant comme elle le ferait une baguette magique, envoyant des gouttelettes de lait partout.

— Lolomora ! s'exclama-t-elle. Aksio ! Lumos !

Les voisins pouffèrent, et Dominique se tourna vers eux avec un sourire hésitant.

— Nous aussi on a une sorcière à la maison, lui dit la jeune femme d'un air confidentiel.
— Ah ! soupira Dominique avec soulagement.
— Oui, continua son copain. Elle s'est déguisée en sorcière à l'Halloween dernier, et depuis, elle se promène avec sa baguette en plastique, nous tape et crie « Abracadabra ! » dès qu'on la contrarie.
— Ah..., répéta Dominique.

À ce moment, Gabrielle apparut à côté d'elles, un sac plein de livres accroché à un bras.

— Vous avez fini, les filles ? Dom, ton train vient d'arriver, j'ai vu en passant. On peut y aller si tu veux.

Dominique ouvrit la bouche pour lui répondre, mais Daphnée la coupa.

— Maman, tu sais voler sur un balai ?

La bouche de Dominique se referma avec un claquement. Leurs voisins les écoutaient toujours avec amusement, et la jeune femme sentit le rouge lui monter aux joues. Mais Gabrielle éclata simplement de rire et répondit, en prenant Daphnée dans ses bras :

— Mais bien sûr, ma chérie ! C'est comme ça que je vais au bureau tous les matins !
— Pour vrai ? demanda la fillette, époustouflée.

Gabrielle rit, et Dominique la vit faire un clin d'œil à leurs voisins de table. Elle se leva à son tour, leur souhaitant une bonne journée.

— On se reverra à Beauxbâtons ! appela Daphnée par-dessus l'épaule de sa mère en leur faisant de grands signes de la main.

Dominique se passa une main sur le visage. Cette fille était un danger pour le secret magique.