Mille mots

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Expliquez, en quatre (4) parchemins ou plus, les effets qu'on eus les traités de Versaille et de Paris sur le monde sorcier.

À son bureau dans la Grande Salle, Dominique sourit en lisant la question. Cet examen d'histoire de la magie, c'était son dernier ASPIC à faire avant la fin de sa septième année. Quatre parchemins, c'était mille mots, si elle n'écrivait pas trop petit. Mille mots avant la liberté.

Seulement si tu réussis tous tes examens, entendait-elle répondre sa mère. Mais Dominique n'était pas inquiète. Elle avait toujours excellé à l'école, presque sans efforts. À ses BUSEs, elle avait eu des E partout. Toute sa famille avait été très fière d'elle, même si Victoire n'avait pas manqué de rappeler à tous qu'elle, elle avait eu des O en métamorphose, en astronomie et en potions. Mais Dominique n'avait pas laissé les propos de sa sœur la gêner. De toute manière, il aurait été mal vu d'avoir des meilleures notes que la Reine Victoire de Serdaigle. Alors la cadette chérissait ses E.

Sauf en histoire de la magie. Là, elle avait systématiquement des O à tous ses examens depuis la troisième année – l'année où, enfin Binns avait décidé qu'il en avait assez d'enseigner et avait pris sa retraite tant attendue dans un des plus vieux châteaux de l'Angleterre, avec lequel il avait embêté ses élèves pendant des décennies. Maintenant, la rumeur voulait qu'il n'en quittait pas la bibliothèque, lisant par-dessus les épaules des conservateurs les manuscrits datant de plusieurs siècles qui s'y trouvaient encore – et qu'ils avaient dû y augmenter le chauffage parce qu'il faisait soudainement plus froid que d'habitude.

Il avait été remplacé par un jeune professeur américain d'une trentaine d'années pour qui l'histoire incluait les cinq derniers siècles, et la population des classes de cette matière avait triplé du jour ou lendemain. À peu près toutes les filles de Poudlard s'étaient trouvé un intérêt soudain pour l'histoire de la magie, étrangement.

Dominique leva la tête et regarda un moment le professeur Markson faire les cent pas à l'avant de la Grande Salle, faisant tournoyer sa baguette entre ses longs doigts. À la droite de la table des professeurs, il s'arrêta quelques instants, regardant par la fenêtre le beau jour de juin ensoleillé, avant de faire demi-tour. Quand il croisa le regard de Dominique, il lui envoya un sourire et un clin d'œil, et elle baissa les yeux sur sa copie.

Plus que mille mots, et elle quitterait cette salle plus en tant qu'étudiante, mais qu'ancienne de Poudlard. Rien qu'à cette pensée, elle sentit poindre une étincelle d'excitation dans son estomac.

Ce n'était pas qu'elle avait hâte de quitter Poudlard. Non, l'école lui manquerait terriblement ; ses amis qui étaient devenus plus que sa famille, la chaleureuse salle commune de Gryffondor, les repas délicieux. Elle s'ennuierait même des longs après-midis à la bibliothèque. Mais elle avait reçu finalement la semaine dernière, juste après son examen de sortilèges, sa lettre d'acceptation à l'académie Sibelius en Finlande, section magie, option performance, et elle débordait d'impatience de se jeter corps et âme dans ce nouveau projet. Après avoir passé sept ans à apprendre à connaître sa baguette magique sous toutes ses coutures, elle avait hâte de pouvoir en faire de même avec son archet.

Dominique laissait son regard planer sur la Grande Salle, buvant des yeux ce qu'elle n'aurait peut-être plus l'occasion de revoir. Le plafond magique, qui aujourd'hui montrait un soleil éclatant ; la grande chaise de la directrice derrière la table des professeurs, sur laquelle Dominique s'était assise en quatrième année, sur un défi de Lewis – et avait constaté qu'elle était plus confortable qu'elle en avait l'air – ; la nuque brune de Fred devant elle, au-dessus de sa copie qu'il noircissait frénétiquement ; la grande horloge à l'avant de la salle, qui indiquait neuf heures et dix.

La jeune femme sursauta. Il s'était déjà écoulé dix minutes, et elle n'avait encore rien écrit ! Elle s'ébroua et plongea sa plume dans le pot d'encre noire.

Il ne restait peut-être que mille mots à sa scolarité, mais encore fallait-il qu'elle les commence !  

Miss Weasley-DelacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant