Le premier Noël

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  Il faisait chaud. Vraiment trop chaud. Dominique avait beau avoir remonté ses épais cheveux blond-roux en un chignon élevé, elle avait quand même des grosses gouttes de sueur qui lui coulaient dans la nuque, entre les omoplates, sur le front. Elle passa la langue sur ses lèvres, goûtant le sel, et se leva soudainement. En trois pas, elle traversa le sauna, s'enveloppa d'un peignoir et ouvrit la porte.

— Hého, t'es folle ! cria quelqu'un derrière elle. Ferme ça !

La jeune femme fit un signe vulgaire de la main par-dessus son épaule, mais s'empressa de sortir et de refermer la porte derrière elle.

Instantanément, le bruit, la lumière et la chaleur disparurent. Ne restaient plus que le silence de la nuit, les étoiles qui scintillaient dans le ciel et le froid d'une fin décembre scandinave. Dominique soupira et s'appuya contre la barrière qui courait autour du sauna, ses orteils nus protestant contre le bois froid. Laissant courir son regard sur l'étendue intacte de neige blanche, elle pensa à sa famille. Ils devaient tous être chez grand-maman Molly et grand-papa Arthur, ce soir. Tous les cousins, jusqu'à la petite Lily. Même Victoire faisait toujours du temps dans son horaire chargé, posant quelques jours de congé pour revenir à la maison pour Noël.

Peut-être y avait-il Teddy et Andromeda, cette année. Ou bien Luna, Rolf et les jumeaux, venus de la colline d'à côté. Elle le demanderait à sa mère, la prochaine fois qu'elle lui écrirait.

« Tu es ridicule, Dom ! » se dit-il en essuyant rageusement quelques larmes qui avaient coulé sur ses joues. Elle aurait pu rentrer, elle aussi, ses parents lui auraient payé le billet de portoloin. C'était elle qui avait décidé de rester ici, en Finlande, et de venir passer la nuit de Noël chez Akseli à Porvoo. Elle avait vu la déception qui était passée dans les yeux de son père quand elle lui avait dit, par Cheminette, qu'elle ne rentrerait pas, mais il lui assurait qu'il comprenait. Après tout, lui aussi avait voulu passer son premier Noël après Poudlard loin de chez lui, avec ses amis.

La porte s'ouvrit derrière elle, laissant les éclats de rire et les voix élevées de l'intérieur du sauna percer le silence. Quand les bruits eurent à nouveau disparu, elle n'entendit que des pas qui se dirigeaient vers elle. Dominique ne se retourne pas, mais elle reconnut la présence d'Akseli quand il s'appuya à la rambarde à côté d'elle, leurs bras pressés l'un contre l'autre.

— Ça va, Dom ?

La jeune femme hocha la tête.

— Petit moment de nostalgie, c'est tout, répondit-elle. Je m'ennuie de ma famille.
— Ah, je vois. Je sais ce que tu ressens.

Dominique se tourna vers lui, un sourcil haussé et un sourire en coin. Elle désigna du doigt la grande maison à une petite centaine de mètres du sauna.

— Ta famille est juste là-bas, je te signale !
— Cette année, oui, mais l'an dernier j'ai dû passer Noël à Durmstrang. Je m'ennuyais de ma famille aussi.

Dominique hocha la tête et se retourna vers la neige et la nuit. Maintenant qu'Akseli était à côté d'elle, son petit moment de tristesse lui semblait bien futile. Elle s'amusait comme une folle avec ses amis, et elle reverrait sa famille bientôt, pendant les vacances de février. Elle s'ennuyait des Weasley, certes, mais elle ne pouvait pas dire qu'elle passait un mauvais Noël loin d'eux. Ni qu'elle regrettait sa décision.

Akseli s'approcha encore un peu d'elle, lui passa un bras autour de la taille et déposa un baiser sur sa nuque, où la sueur avait gelé depuis longtemps.

— Tu es prête à y retourner ?

La jeune femme se retourna et lui prit la main.

— Absolument !  

Miss Weasley-DelacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant