Des jours meilleurs

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  — Vic ! appela Bill vers le haut des escaliers. Tu es prête bientôt ?
— Je t'ai dit de ne pas m'appeler comme ça !
Victoire, alors !

Bill se tourna vers Dominique, qui était assise à la table de la cuisine, un livre à la main, et leva les yeux au ciel. La jeune fille sourit en réponse, et se cacha le visage derrière son livre quand celui-ci s'élargit sans qu'elle ne puisse le contenir.

Car ce jour-là, Dominique avait de quoi célébrer : Victoire quittait la maison, enfin, pour un stage au Portugal. Les sœurs ne se reverraient pas avant au moins l'été prochain, car l'aînée ne pourrait pas rentrer pour Noël, et pendant ses vacances au mois d'avril, Dominique serait à Poudlard. Elle devait cacher depuis des semaines son euphorie à ses parents, qui n'avaient jamais voulu voir la haine qui existait entre leurs filles, mais n'avait plus que quelques heures à tenir. Après, elle serait enfin libre !

Quand Victoire daigna enfin descendre, près d'une heure plus tard, sa famille au complet l'attendait dans la cuisine.

— Vous savez, vous n'êtes pas obligés de venir avec moi au Hall des Portoloins internationaux.
— Je sais bien, c'est pour ça que j'y vais pas, répondit Dominique, s'attirant un regard meurtrier de Victoire et réprobateur de Fleur.

Même si Victoire disait cela, Dominique savait très bien que ça lui plaisait que ses parents et son petit frère se déplacent pour elle. D'être une fois de plus le centre d'attention de la famille Weasley-Delacour. Raison de plus pour laquelle elle n'y allait pas, elle refusait de lui faire ce dernier plaisir.

— Bon eh bien, petite sœur...

Victoire posa son sac de voyage à ses pieds, contourna la table, et s'approcha de Dominique, les bras ouverts. Celle-ci se leva, réprimant un frisson, et fit un câlin à sa sœur.

— Occupe-toi bien de Louis et des vieux sans moi.
— Eh ! protesta Fleur.
— On se revoit bientôt.

Dominique ne répondit que d'un sourire crispé – que ses parents pourraient prendre pour de l'émotion si ça leur chantait –, et Victoire reprit son sac, passa un bras autour des épaules de Louis, et sortit de la cuisine en adressant un dernier signe de la main à sa sœur. Aussitôt la porte fut-elle fermée derrière ses parents que Dominique se précipita à la fenêtre. Elle regarda la petite famille marcher vers le bosquet et l'aire de transplanage, s'éloigner de la maison, disparaître derrière les premiers feuillages, et...

— YES !

Dominique lâcha un hurlement de joie et esquissa quelques pas de danse dans la cuisine vide. Sans Victoire, elle pourrait prendre de la place, elle pourrait avoir de l'attention, elle pourrait être remarquée, elle pourrait vivre comme elle le voulait !

Mais elle avait quelque chose à faire avant...

Elle courut jusque dans sa chambre à l'étage, s'empara de son violoncelle, et redescendit aussi vite au salon. Elle s'installa au centre de celui-ci, sérieuse, presque solennelle, et s'empara de son archet, qu'elle posa doucement sur les cordes tendues. Elle prit une grande inspiration, expira, et se mit à jouer.

Fort.

Et faux.

Des sons, des notes grinçantes qui auraient fait hurler Victoire si elle avait été là. Ce qu'elle n'était pas. Ce qu'elle ne serait plus.

À cette pensée, Dominique ne put plus se retenir. Elle laissa tomber son archet et, se tenant au manche de son instrument, la tête penchée vers l'avant et ses mèches rousses se mêlant aux cordes, éclata de rire.  

Miss Weasley-DelacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant