Croyez-le ou non

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  — Vous venez, on va lire la lettre de Dominique !

Bill fut le premier à entrer dans le salon, où se trouvait déjà Fleur, qui tenait la lettre de sa fille à bout de bras, les sourcils froncés.

— Tes lunettes sont sur la table, mon amour, dit-il pour la énième fois depuis qu'on les lui avait prescrites.

Et pour la énième fois aussi, elle répondit qu'elle n'en avait pas besoin. Bill haussa les épaules et prit place à ses côtés, prêt à lui souffler les mots qu'elle n'arriverait pas à déchiffrer.

Suivirent Victoire, son mari et leur fils unique.

— Je ne vois pas pourquoi il faut toujours qu'on soit ensemble pour lire sa lettre, pesta la blonde en s'installant. On a toutes les nouvelles qu'on veut sur elle dans les journaux à potins.

Puis Louis et ses deux filles.

— C'est une tradition, tante Vic, dit Elsa en s'asseyant au pied de l'arbre de Noël. Et moi, j'adore avoir de ses nouvelles.
— Bon, taisez-vous, je commence ! « Chers maman, papa, et tout le monde qui est là. Je suis désolée de n'avoir pas pu venir cette année encore, mais j'avais des engagements dont je ne pouvais pas me sortir ces jours-ci. »
— Comme d'habitude, marmonna Victoire.

Cela faisait maintenant une bonne quinzaine d'années que Victoire ne prenait plus la peine de cacher son dédain pour sa petite sœur. Plus exactement, depuis qu'elle avait trouvé autre chose à critiquer que la simple existence de celle-ci – son mode de vie déplorable, ses habitudes douteuses, et, pire que tout, sa carrière qui la menait à Merlin seul savait quoi. Si elle avait pu, elle aurait empêché son fils et ses nièces d'avoir tout contact avec l'autre fille Weasley-Delacour.

Fleur lança un regard noir à son aînée, puis poursuivit sa lecture d'une voix plus forte.

—« J'espère que vous avez quand même apprécié les petits cadeaux que je vous ai envoyés. D'ailleurs, à ce propos, j'ai quelque chose à vous annoncer. Non, maman, je ne me marie pas, et je ne suis pas non plus tombée enceinte. »

Fleur leva les yeux au ciel. La blague restait, mais il y avait bien longtemps qu'elle s'était résignée à l'éternel célibat de sa fille cadette.

— « J'ai plutôt accepté un nouvel emploi. Depuis que les Dervishes se sont séparés, l'an dernier, j'ai fait quelques petits guests çà et là dans les projets de mes amis, mais jamais rien de plus permanent. Le mois dernier par contre, on m'a proposé un poste permanent d'enseignement, à... »

Interrompant sa lecture, Fleur écarquilla les yeux, puis tendit la lettre à Bill. Celui-ci la prit, fronçant les sourcils, et reprit la lecture où sa femme l'avait interrompue.

—« ... un poste permanent d'enseignement à Poudlard ! Vous saviez peut-être qu'ils comptaient commencer à donner des cours de musique officiels, à compter de la rentrée de septembre. Neville m'a recommandée, et ils m'ont offert le poste ! »

Bill leva les yeux vers sa famille, un grand sourire sur les lèvres. Ses deux petites-filles étaient debout et se trémoussaient de joie, sous les yeux amusés de leur père. Leur cousin souriait aussi d'une oreille à l'autre, mais n'osait pas se joindre à leur célébration, sous l'œil courroucé de sa mère. Le mari de Victoire, quant à lui, murmurait quelque chose à l'oreille de sa femme. Sans doute un avertissement de ne rien dire qu'elle regretterait plus tard, pensa Bill. Son gendre était plutôt du genre à calmer les tensions – tout le contraire de Victoire.

Finalement, il se tourna vers Fleur, qui le regardait, les larmes aux yeux, mais avec un sourire qui reflétait le sien.

— Elle revient vraiment ? Je ne rêve pas, Bill ? Dominique va enfin revenir près de nous ?

Bill déposa un baiser sur le front ridé de sa femme.

— Non, tu ne rêves pas.  

Miss Weasley-DelacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant