Miss Weasley-Delacour

Au prochain

Les Whirling Dervishes cherchent un guitariste !

Si votre guitare et vous êtes à la recherche d'un groupe, les Whirling Dervishes aimeraient vous rencontrer ! Présentez-vous à Montréal, au 775 rue de la Commune, le 24 janvier à 13 h, et amenez votre instrument ! Nous avons hâte de vous entendre !

Dominique plia l'annonce qu'elle avait déchirée l'avant-veille dans la Presse Volante, le journal sorcier de Montréal, et la rangea dans son manteau. Elle leva la tête vers l'immeuble, plissant les yeux contre les flocons qui tombaient lourdement, et s'assura une dernière fois qu'elle avait la bonne adresse. Les quelques passants moldus la regardaient de travers – il fallait être folle pour se promener dehors avec un immense instrument de musique en pleine tempête de neige ! –, mais semblèrent oublier son existence dès qu'elle poussa la porte du 775.

Dominique resta quelques minutes dans l'entrée, laissant la chaleur pénétrer jusqu'au bout de ses orteils. En près de dix ans en Amérique du Nord, elle avait connu des hivers bien plus rudes qu'en Angleterre, mais jamais rien d'aussi pire que cette tempête montréalaise. Elle s'attendait d'ailleurs à ce que l'audition soit annulée, ou au moins que presque personne ne se soit présenté. Ça serait tant mieux pour elle, se dit-elle en enlevant sa tuque et ses mitaines. Elle hissa son instrument sur son épaule et monta d'un étage, suivant les flèches qui indiquaient le lieu de l'audition.

Quand elle poussa la porte vitrée, Dominique écarquilla les yeux de surprise. La salle d'attente était pleine à craquer ! Il y avait au moins vingt guitaristes, de tous les âges et de toutes les apparences, assis sur les chaises en plastique. Certains lisaient des partitions, d'autres chantonnaient, et il y en avait un dans le coin qui dormait profondément, la bouche ouverte. Un jeune homme s'approcha de Dominique pour l'accueillir et lui demander son nom.

— Il va y avoir de l'attente, dit-il faisant un geste vers la salle. Mais installe-toi quelque part, Dominique. Il y a du café là-bas, et la toilette est sur le palier à droite.

Dominique le remercia et s'installa sur une des trois dernières chaises libres, entre un jeune homme qui ne semblait même pas majeur – elle voulut lui demander pourquoi il n'était pas à l'école – et une dame âgée dont les cheveux gris étaient coupés en mohawk. Dominique essaya d'entamer la conversation avec eux, mais ils ne répondaient que par monosyllabes, si bien qu'elle abandonna rapidement et se prépara à une longue et ennuyante attente.

Finalement, trois tasses de café, deux passages à la toilette et quatre heures plus tard, le jeune homme qui l'avait accueillie à l'entrée s'approcha d'elle.

— Dominique Weasley-Delacour ? C'est à toi, ils t'attendent.

Dominique hocha la tête et traversa la salle d'attente, maintenant presque vide, pour se rendre dans la salle d'audition. Deux hommes et une femme – les membres des Whirling Dervishes – étaient installés sur un fauteuil rapiécé, et levèrent la tête à l'arrivée de Dominique.

— Bienvenue, Dominique. Contents que tu aies pu –

Celui qui parlait – Trent, le chanteur – s'interrompit quand il vit l'étui que portait Dominique.

— Oh, excuse-nous, mais dans notre annonce on demandait un guitariste, pas un...

Il fit un geste vers Dominique.

— Violoncelliste, fit-elle en hochant la tête, comme s'il n'y avait rien de plus normal au monde. Je joue de la musique classique depuis dix ans. Je finis le mois prochain un contrat avec l'Orchestre symphonique de Montréal, et je me suis dit que plutôt que chercher un autre orchestre, je changerais bien de style, pour voir d'autres horizons.
— C'est très intéressant, dit Trent. Mais tu vois, je ne sais pas si un violoncelle serait compatible avec notre style...

Mais Dominique était déjà en train de sortir son instrument de son étui et de le placer entre ses jambes. Trent se tourna vers ses collègues, mais ceux-ci ne firent que hausser les épaules et lever les yeux au ciel, l'air de dire « on a déjà perdu un après-midi à passer en audition des gens avec moins de talent les uns que les autres, qu'est-ce qu'on a à perdre ? »

Alors tous trois se détendirent contre le dos du fauteuil, s'attendant au moins à un bon concert qui reposerait leurs oreilles. Mais 30 secondes après que Dominique eut posé son archet sur les cordes, ils se redressèrent. Cinq minutes plus tard, ils souriant en battant la mesure avec leurs pieds. Après dix minutes, ils échangèrent des coups d'œil et des hochements de tête.

La dernière note résonnait encore quand Trent se leva en tendant la main à Dominique. Elle se leva pour la serrer.

— Bienvenue dans les Whirling Dervishes, dit Trent avec enthousiasme. Quand est-ce que tu peux commencer ?