Chapitre 5

1 0 0
                                        

Le palais des Malbourough, un splendide domaine, représentatif du courant moderne du néo-palladianisme, était construit selon le style épuré qui avait balayé le baroque de la cour anglaise. Ainsi le bâtiment ressemblait de loin à un antique temple romain de par sa façade à colonnes et sa sobriété. Cependant, la belle coupole rendait le lieu imposant et beau dans sa pureté. Quatre salles reliées par deux majestueux corridors drapés de rouge et d'or accueillaient les invités du bal. On pouvait également se rejoindre au cœur du palais, dans le salon central sous la belle courbure du dôme qui scintillait de milles éclats de couleur sous la lueur des chandelles.

Là évoluaient les plus grands noms de la noblesse britannique. Spencer, Howard ou encore Cavendish... Mais se mêlait, également la petite noblesse entre barons et comtes. Cependant, la soirée était privée et seule une cinquantaine d'invités dansaient, discuter et riaient dans le palais, chacun s'observant du coin de l'œil. Les dames avaient revêtu leurs plus beaux atours, leurs robes baroques étaient des plus luxueuses, tressées de fils d'or et malgré toute leur élégance elles contrastaient avec la simplicité de mise dans l'architecture du palais. Amelia quant à elle avait fait sensation lors de son arrivée de par sa mise vestimentaire. Sa robe était d'une pureté presque impudente. Elle se composait d'un corsage baleiné qui se terminait en pointe dans le dos, et ledit corset se fermait par devant grâce à deux pièces taillées en gilet appelées compères. Sans pièce d'estomac, ni même panier l'ensemble était moins contraignante pour la jeune femme. Le tissu, d'une soie d'excellente qualité, était d'un doux bleu clair au contraire manteau qui était d'un marine profond ainsi que ses jupons d'un blanc éclatant. Nulle décoration excessive ne venait agrémenter l'ensemble mis à part un fichu de coton blanc que la jeune femme avait croisé sur son décolleté, qu'elle avait trouvé presque offusquant, en cause : sa profondeur. La pièce de tissus tenait grâce à une broche d'argent, gravée des armoires des Grey-Codnor.

Mais là où la jeune femme se démarquait était son chapeau de feutre noir, décoré d'une plume de la même couleur ainsi que d'un nœud de soie bleu clair et rayé de blanc. Ses cheveux étaient simplement redressés en un élégant et surprenant chignon, bien que décoré d'un filet de perle. Un simple collier au ras de la gorge, orné d'une émeraude, composait les accessoires de la jeune femme qui souriait d'un air paisible. Elle avait très certainement fait frôler la banqueroute à sa famille en payant rubis sur ongle cette tenue mais Kupfer avait fait un travail de maître. Elle était parfaitement à l'aise et surtout elle se rendait compte d'attirer les regards, non simplement part son charme et sa beauté mais également par sa tenue atypique, novatrice qui faisait qu'elle semblait à sa place dans ce nouvel esthétisme architectural. Certaines femmes s'étaient moqués d'elle derrière les éventails à son arrivée. Amelia avait pu entendre les gloussements sur ses origines provinciales et qui détachaient sur sa tenue ou même encore sur la pauvreté de sa famille pour s'habiller de la sorte. Mais les rires s'étaient transformés en sourires crispés et en jalousie alors qu'elle accueillait les compliments de la maîtresse des lieux même. La duchesse de Malbourough faisait et défaisait la mode et son intérêt pour la jeune Grey-Codnor montrait le succès de sa manœuvre. Sans compter que les hommes s'intéressaient à elle, plus part son rôle d'héritière et de représentante de sa famille, mais l'effet sur les femmes en restait le même.

Coupe de vin en main, la jeune femme s'était légèrement écartée des musiciens pour échapper aux quelques jeunes fils de bonne naissance qui l'invitaient inlassablement à des contre danses. Au contraire, Amelia guettait le Duc pour se présenter. En tant que seule fille et héritière de la famille, il était de son devoir de se faire des alliés d'importance. Et le chef du parti whig ne pouvait qu'être le meilleur des choix. Principale force politique de cette époque, ils représentaient une faction militant contre le pouvoir royal et défendait une influence parlementaire puissante et dominante dans les décisions du gouvernement.

Une Odeur de PoudreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant