Ce fut une troupe fatiguée, couverte de poussière et de sang, mais heureuse d'avoir vaincue qui regagna bien des heures plus tard, la petite clairière qui abritait leur campement. Les hommes avaient les traits tirés par l'angoisse passée, le regard de ceux qui avaient cru voir leur mort. La survie de la troupe n'avait été dû qu'à une poignée d'éléments qui imbriquaient leur avait permis la victoire. En premier lieu, la charge inattendue de James ainsi que la puissance de ses coups avaient semé la panique dans les rangs anglais, permettant aux français de se disperser entre les arbres. Par la suite, la résistance de Jean Baptiste et des cinq autres soldats leur avait permis de se regrouper pour contre attaquer, malgré leur infériorité numérique, faisant craindre à l'ennemi des renforts. Qui arrivèrent à temps, lorsqu'Iris malgré les ordres de son capitaine avaient fait faire brusquement demi-tour à son groupe pour prendre d'assaut l'arrière de la troupe anglaise.
La compagnie se rendait parfaitement compte de la grâce que Dieu leur avait faite et les hommes ne parlaient que peu entre eux, encore sous le choc. Leur capitaine quant à lui avait disparu sous sa tente tandis que James amenait leur unique prisonnier vers les bois où il le pendit sans manière par les pieds à une branche. Alors que l'homme se débattait, il lui donna un violent coup de genoux en plein visage, brisant son nez et s'accroupit pour être à sa hauteur. L'écossais prit en étau dans sa main droite son menton et le regard droit dans les yeux. Le désir du meurtre brillait dans son regard et un rictus découvrait ses dents jaunies par le tabac. Effrayé par la vision du colosse, Simon cessa toute résistance et se fut avec soulagement qu'il le vit s'éloigner, non sans ordonner sur un ton cassant de surveiller leur prisonnier.
L'ecossais marcha à grand pas jusqu'à la tente du capitaine qu'il ouvrit d'un geste brusque. Là il aperçut Jean Baptiste lui tournant le dos, torse nu et Iris penchée sur lui. Les deux discutaient à voix basse tandis qu'un troisième homme soignait les quelques blessures que l'alsacien avait écopées durant l'escarmouche. Il pourrait compter désormais sur une cicatrice à la clavicule ainsi de multiples petites coupures sur l'avant-bras droit. Par ailleurs, dans le feu de l'action, une balle avait éraflé sa pommette sans qu'il s'en rende compte lui laissant une marque rougeâtre, d'ores et déjà en train de se résorber. James vint se placer contre la toile et s'appuya légèrement dessus, bras croisés sur la poitrine et attendit. Le capitaine leva les yeux vers son lieutenant qui y lut la douleur et le regret. Jean Baptiste ressentait le contre coup de la bataille. C'était la première fois que des hommes mourraient selon sa responsabilité. Le poids de la culpabilité se faisait déjà sentir.
« On fait quoi ? demande abruptement l'écossais.
– On soigne nos plaies et on se tourne vers le Sud, lança Iris d'un ton peu amène.
– Je parlais à notre capitaine, femme, rabroua l'écossais en montrant les dents.
– Notre capitaine peut se décharger de ce genre de détails, rustre !
– Silence ! Peut-être que par la grâce de Dieu tu nous as sauvé cela ne fait pas de toi notre chef !
– ASSEZ ! rugit Jean Baptiste, cela ne sert à rien de vous égorger comme deux spadassins allemands. »
Les deux attendirent plus de leur capitaine mais ce dernier soupira et regarda sa croix. Son regard se perdit dans les souvenirs et il redevint statique. Iris accorda un regard haineux à James et quitta la tente, râlant tout bas contre la stupidité des hommes. L'écossais n'en pouvant plus se planta devant son capitaine et donna un grand coup de pied dans la chaise, qui bascula en arrière. Le deuxième soldat sursauta devant l'action et recula sans rien tandis qu'avec un grognement de surprise, Jean Baptiste tombait au sol. Avec un cri rageur, il bondit sur ses pieds, attrapa un couteau sur la table et se jeta sur l'écossais, l'attrapant à la gorge et en visant son cou. Il se rendit compte de son geste et l'arrêta en l'air. James le regarda et un sourire sinistre apparut sur ses lèvres.
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Une Odeur de Poudre
Historical FictionDans un XVIIIeme siècle ensanglanté par une Guerre de Sept ans non achevée, un jeune capitaine de l'armée royale française combat au coeur du territoire britannique, cherchant à capturer un membre haut placé de la noblesse anglaise impliqué dans un...