Chapitre 4

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Hai jeta un regard nerveux derrière son épaule.

Elle se trouvait dans une salle d'attente de commissariat. La seule autre personne présente était une policière en faction devant la porte. Mais sa présence ne suffisait pas à rassurer la lanceuse d'alerte.

Un autre policier entra dans la salle et se dirigea vers l'ancienne employée d'Enki.

- Mademoiselle, le commissaire va vous recevoir.

Hai se leva en hochant la tête et suivit l'homme. Ils arrivèrent dans une salle nue, avec juste une table, quatre chaises et un miroir sans tain. Le genre de pièce qui devait servir pour les dépositions ou les interrogatoires.

Le commissaire était déjà sur place, assis devant une tasse de café. C'était un homme âgé, légèrement enrobé, qui arborait un air affable mais un peu fatigué. Dans d'autres circonstances, il aurait pu paraître sympathique à Hai. Actuellement, elle pensait juste qu'il n'avait pas la carrure pour gérer une telle affaire. Mais elle n'avait pas vraiment le choix.

- Bonsoir mademoiselle, commença poliment le commissaire. Prenez donc une chaise.

- Bonsoir monsieur, dit Hai en s'asseyant.

- Est-ce que vous voulez une tasse de café ?

- Eh...oui volontiers. Merci.

Le commissaire fit un signe à un autre agent qui s'éclipsa discrètement.

- Donc...vous voudriez rapporter un crime c'est ça ?

- Pas exactement. Je voudrais échanger contre une protection policière des informations pouvant prouver de nombreux crimes commis par Enki Corporation.

- Votre ancien employeur n'est-ce-pas ? Vous savez qu'ils ont engagé des poursuites contre vous pour avoir rompu votre charte de confidentialité ?

- Cela ne m 'étonne pas. Mais je vous garantis que ce sont eux les criminels dans l'affaire, et pas moi.

A ce moment, l'agent entra dans la salle et donna un gobelet de café à Hai. Cette dernière le remercia et but aussitôt une petite gorgée du liquide. Pendant ce temps, le commissaire lui posait une autre question :

- Cela fait plusieurs jours que cette affaire dure. Pourquoi ne pas être venue nous voir plus tôt ?

- Je voulais diffuser mes preuves sur internet. Je pensais qu'une fois qu'elles seraient publiques, Enki n'aurait plus de raison de s'en prendre physiquement à moi...que cela garantirait ma sécurité.

- Mais ?

- Mais les données ont une sécurité qui empêche cela. Il est possible de les lire localement mais dès qu'elle se trouvent sur l'internet, elles se détruisent d'elles-mêmes. J'ai passé les derniers jours à tenter de désactiver cette protection. Mais je n'ai pas pu...c'est au-delà de mes compétences.

- C'est pour ça que vous êtes venue nous voir ?

- Cela et parce que je suis traquée. Des individus suspects ont plusieurs fois approché de l'endroit où je logeais. J'ai réussi à leur échapper jusque-là car je bougeais en permanence. Mais mon avance se réduit. Le problème c'est qu'Enki connaît ma localisation exacte en temps réel.

En prononçant ces paroles, elle lança un regard nerveux derrière elle, vers la porte d'entrée.

- Pardon ?

- A partir du moment où l'on atteint un certain rang dans l'entreprise, on nous insère dans le corps un nano-traqueur qui nous localise en permanence. Une mesure de sécurité, soi-disant... Et la machine est d'une taille moléculaire : impossible à retirer sauf pour les meilleurs chirurgiens du monde.

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