- À ce soir m'man !
- Mais tu pars déjà ? Il est tôt et...
- Alexa m'attend, je dois te laisser !
Dans ma hâte, je claquai la porte derrière moi sans le faire exprès. Aujourd'hui j'avais décidé de parler sérieusement à ma meilleure amie de tout ce que je ressentais ces derniers temps. Elle méritait de savoir ce qui me préoccupait depuis près d'un mois alors que sans le savoir, je m'éloignais d'elle. Je la découvris devant le portillon de mon jardin à moitié endormie avec un chignon - dont on voyait qu'elle l'avait fait uniquement pour éviter la corvée du démêlage de ses cheveux frisés indomptables. Pour ma part j'avais, comme d'habitude depuis quelques semaines, peu dormi mais j'avais tellement attendu cette conversation avec mon amie que le sommeil venait en second plan. Quand elle me vit, ses yeux reprirent l'éclat de gentillesse avec lequel j'avais grandi et ce fut un bonheur de retrouver cette complicité avec mon amie.
- Sérieusement Elsa t'es folle ou quoi ? Tu sais très bien que j'ai besoin de mes douze heures de sommeil !
Nous rîmes en cœur et toute sa fatigue soudain s'envola.
Je profitais de m'attarder sur le chemin pour tout lui expliquer dans les moindres détails. Je lui racontai à quel point j'étais irrévocablement amoureuse de Julien mais aussi l'énergie électrique mystérieuse qui avait resurgi. J'utilisais ce temps pour lui conter les moindres détails de ce qui s'était passé lors de notre première rencontre, lorsqu'il venait à peine d'être admis au lycée et que je l'avais percuté dans le couloir, alors qu'elle était passée juste quelque secondes avant moi. Maintenant que j'y pensais, cette journée aurait pu en être tout autre si c'était Alex qui l'avait rencontré en premier... Mais je ne pense pas que cela aurait été tant différent par la suite. Ce que nous vivions était inévitable, à un moment où à un autre je l'aurais touché, et de toute manière mon amour inconditionnel pour lui n'avais jamais été dû à cette électricité ; elle ne faisait que renforcer mon intrigue envers lui.
Je poursuivais en lui expliquant ce que j'attendais des dires de Camille et de ses raisons qui l'avait amenée à Seattle. Son visage de poupée faisait drôlement enfantin, et pourtant elle était d'une maturité sans précédent pour quelqu'un de son âge ; comme ces mages ou les vieux sages des films de science-fiction qui étaient présents uniquement pour guider le héros vers sa quête. Combien de fois n'avais-je pas regardé Le Seigneur des anneaux avant d'identifier mon amie au célèbre magicien dont le temps ne vieillissait pas les traits ? Ce genre de rôle m'incitait à penser que Camille avait le devoir de m'apprendre ce que je vivais ces derniers temps. Elle m'avait aussi affirmé qu'elle était passée par là, ce qui n'était pas pour m'inquiéter puisqu'elle n'avait pas l'air aussi perturbée que je le suis en me moment.
Je passai les détails sur les interventions de Marc dont elle avait été témoin assez de fois pour me comprendre, car nous étions arrivés devant l'enceinte du lycée. C'était aussi, pour moi, une bonne excuse pour ne pas retomber dans cette frayeur qui me prenait à chaque fois que je pensais à lui. Alors que nous allions entrer, je fis signe à Alexa de ne pas m'attendre de partir sans moi. Elle ne me posa pas de questions ; elle l'avait vu.
Et ce fut après que m'ai quittée ma meilleure amie que se joignit à moi mon miracle personnel.
- Elsa ! s'exclama-t-il de sa voix angélique.
Son regard s'illumina et un sublime sourire éblouit ses traits, ce qui équivalait pour moi à un coup de couteau fictif dans la poitrine quand celui- ci m'était adressé comme en ce moment. J'étais inéluctablement accro à tous ces petits détails qui le rendaient si merveilleux quand il me regardait, mais cela me rappelait aussi sans cesse que j'étais tout à fait minable comme fille pour qu'il puisse s'intéresser à moi.
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La Force du Lien
RomanceDepuis que ce champ électrique avait traversé son corps, plus rien ne fut comme avant. Lorsqu'il l'avait rattrapé par la main, le courant l'avait paralysée. Ce n'était pas son imagination qui déraillait, non. Dans son regard, elle lisait la même sou...