- Non ? répéta-t-il sans comprendre.
Je pouvais voir ses yeux briller de la même lueur humide que les miens. A présent, rien que la vérité.
- As-tu envie de partir ? insistai-je.
- Non ! s'étrangla-t-il. Bien sûr que non ! Mais il le faut...
Je m'essuyai les yeux du revers de la main. Il n'était pas question de faiblir.
- Tu sais très bien comme moi que c'est impossible ! L'énergie te ronge aussi, je le sais. On ressent la même chose, pour tout, ça j'en suis certaine même si je ne comprends toujours pas ce qui nous arrive. Ce pouvoir n'est pas là pour rien. Au début, je le maudissais et croyais qu'il n'existait que pour détruire ma vie. Mais ce que je saisis maintenant, c'est qu'il faut le suivre.
Il ferma les yeux et passa aussi la main sur ses paupières. Lorsqu'il les ouvrit, et était redevenu sérieux, sans larmes ni joie.
- Comment tu penses qu'on pourrait s'en sortir ? dit-il. Tout s'acharne contre nous ! J'ai essayé de l'empêcher de nous détruire, mais j'ai l'impression de me battre contre une énergie inépuisable ! Elle ne cesse de revenir à la charge. Je te jure que je veux rester avec toi, plus que tout au monde Elsa ! Mais je ne sais pas comment... être avec toi.
Mes yeux étaient secs à présent. J'étais prête, rassemblai mon courage pour parler sûrement. Je ne flancherai plus désormais.
- Julien, ce n'est pas qu'à cause de l'électricité. J'ai mis longtemps à me l'avouer mais la vie n'est peut-être pas assez compliquée pour souffrir inutilement ! Si j'ai aussi mal, c'est parce que je sais que c'est depuis que je suis avec toi que je souffre le plus. Mais j'en ai besoin. La douleur éveille aussi mes souvenirs de toi, elle me permet de garder l'espoir que tout cela sert bien à quelque chose. Si je surmonte tout depuis le début, c'est en espérant te revoir quand je me réveillerai le jour suivant. Et en imaginant la possibilité que tu puisses ressentir pour moi ce que j'éprouve à ton égard depuis le début.
Je me tus. Si je redoutais une réaction de sa part, je ne regrettais pas ce que je venais de dire. Je me sentais plus légère, vivante. J'avais compris l'essentiel qui m'avait amené jusqu'ici et je saisissais enfin que je m'étais battue pour en arriver là. Le silence dura quelques seconde pour le laisser réagir. Son regard, précédemment vide de souffrance, s'était éveillé. Ses prunelles d'azur scintillaient à nouveau, comme par miracle. Comme s'il avait eu une révélation. Je ne parvenais cependant pas à lire ce qu'elles décelaient au plus profond de leur couleur, mais je continuais d'espérer.
Le ciel bleu se voilait d'une légère obscurité annonçant la nuit prochaine. Une brise souffla à travers le jardin, balayant quelques feuilles perdues au bord de la haie. La seule chose qui nous assurait un éclairage certain était le réverbère proche de la maison voisine. Quand la brise fut disparue, le calme laissa de nouveau place au bruit de nos respiration.Tout se passa très vite ensuite, même si je ne l'oublierai jamais.
Julien réagit. Il courut vers moi et traversa en quelques pas immense la douloureuse distance qui nous séparait. Avec une assurance dénuée d'hésitations, il se pencha vers moi jusqu'à ce que ses lèvres rencontrent enfin les miennes.
Mon bonheur fut tel que j'avançai vers lui sans réfléchir et lui rendis son baiser. Ce qu'il se passa semblait magique. Toute l'électricité qui nous possédait à tous les deux se réveilla d'une nouvelle manière. Je la sentais parcourir mon corps à m'en faire frissonner jusqu'à ce qu'elle me quitte. Je la ressentais toujours mais elle effleurait ma peau au lieu de me torturer. La sienne en faisait partie, je percevais une différence dans le courant qui me survolait. L'ensemble n'était plus néfaste mais incroyablement agréable, preuve que c'était bien sa destinée.
Il doutait encore de lui pourtant. La paume de sa main effleurait ma joue, refusant de se poser. Son autre main gauche hésitait également à se poser sur ma hanche. Moi, je n'avais plus peur d'être ce que je voulais avec lui. Je m'emparai de la droite sur ma joue et la maintins sur mon visage pour le mettre en confiance. J'imitai son geste et finis par enfouir ma main dans ses cheveux d'ébène. N'avais-je pas déjà affirmé adorer sa chevelure de toutes manières ? Je ne devrais étonner personne. Je pouvais sentir un sourire se dessiner sur ses lèvres alors qu'il continuait de m'embrasser. Il finit par oublier ses inquiétudes et m'attira vers lui par ma taille.
Je n'aurais jamais cru être folle de lui à ce point, pourtant j'étais en train de prouver le contraire. Je ne me lasserai jamais de lui, et je ne me sentais pas non plus capable de rompre ce baiser. C'est donc cela que j'attendais depuis si longtemps, ce dont j'avais envie. Il me suffisait d'être dans ses bras pour me sentir exister. C'était tout ce dont j'avais besoin pour être heureuse finalement. Et je n'avais pas ressenti une telle chose depuis bien longtemps.

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La Force du Lien
Storie d'amoreDepuis que ce champ électrique avait traversé son corps, plus rien ne fut comme avant. Lorsqu'il l'avait rattrapé par la main, le courant l'avait paralysée. Ce n'était pas son imagination qui déraillait, non. Dans son regard, elle lisait la même sou...