~Mythomane~

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Mythomane.
Il mentait comme il respirait.
Il s'inventait des problèmes, comme si une belle vie n'était pas intéressante.
Il pouvait vous regarder droit dans les yeux et vous affirmer un mensonge, comme si il y croyait lui-même.

C'était fascinant.
Je le contemplais, j'écoutais ses récits. Il me rappelait les histoires de maman lorsque j'étais petite.
La lueur qui brillait dans ses yeux, comme lorsque un enfant vous parle de ses plus grands rêves, faisait battre mon cœur si intensément...

J'aurais pu lui dire que je savais. Que je savais qu'il mentait. Que je savais que sa vie n'était pas très palpitante.
Mais je ne l'ai pas fait. Si les étoiles scintillantes dans ses yeux avaient eu le malheur de disparaitre, toute mon âme aurait été engloutie par le néant.

Mais finalement, j'aurais du lui dire...

Si je lui avais dit, il ne serait pas en prison. Et moi, je ne serais pas seule.

Nous avons tout d'abord été amis, depuis nos dix ans, nous étions inséparables. Je me souviens qu'à ce moment là, ses mensonges étaient simples et pas bien méchants. Vous savez ce genre de bobares que l'on raconte en maternelle, que l'on a reçu un téléphone pour Noël, de petites choses pour se rendre intéressant.

Vers quatorze ans, nous avons commencé à sortir ensemble. Plus ou moins à cet âge, probablement en cherchant à m'épater, il a commencé à raconter des affabulations encore plus exagérées. Il me disait partir en vacances dans un hôtel de luxe à New York, plus tard j'ai appris qu'en vérité il était simplement allé séjourner dans une autre ville de le France, ses parents louaient un simple petit châlet de bois.

C'est ensuite à seize ans, alors que nous étions encore ensemble, qu'il a réellement commencé à raconter des mensonges purs et durs. Je me souviens de cette journée de printemps, j'étais assise sur un banc, le vent caressait mon visage tandis que je contemplais le soleil, me laissant bercer par le chant des oiseaux, lorsque Timéo est apparu. Ses cheveux bruns volants dans le vent, les larmes roulant sur ses joues, il s'est jeté dans mes bras.

Je lui ai demandé de m'expliquer ce qui l'avait mis dans cet état là, ce à quoi il m'a répondu que sa soeur, Nina, était morte. En vérité elle était juste partie en voyage pour deux mois. Il avait l'air si sincère que je l'ai cru.

Ce n'est que deux semaines plus tard, que sa mère m'a montré les photos que Nina avait envoyée de ses vacances que j'ai su que, une fois de plus, Timéo m'avait menti.

J'étais si blessée, cette fois il avait menti sans que ses yeux ne brillent de passion. Il mentait simplement pour mentir, pour se rendre intéressant. Pourtant il l'était sans ça...

J'aurais du lui dire...

Car depuis une semaine, celui que j'aime est en prison, alors qu'il n'a que dix-huit ans. Cette fois les mensonges sont allé trop loin.

Samedi passé, alors que nous mangions de la pizza, serrés l'un contre l'autre dans son grand fauteuil en cuir, le journal a dévoilé une information. Une femme avait été assassinée, la police ignorait qui était le coupable.

C'est alors que Timéo m'a serrée contre lui comme il ne l'avait jamais fait, m'a regardée droit dans le yeux comme pour s'imprégner de mon âme, m'a volé un baiser et est parti en courant. Je n'ai rien pu faire.

Véritable mythomane qu'il est, il a déclaré à la police être le meurtrier.

A présent il est en prison pour un crime qu'il n'a pas commis. Et moi, seule, sans la lueur dans son regard et ses bras réconfortants, je suis confrontée à un dilemme.

La boîte de somnifère entre les mains, je n'ai plus que deux choix.

Souffrir ou en finir.

Si seulement je lui avais dit...

You Aren't AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant