Chapitre 3

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Dix-sept heures sont arrivées bien trop vite et les hordes de clients potentiels ont commencé à se clairsemée dans les allées du vide-grenier.
L'après-midi avait été bonne, j'avais vendu la plupart des gros objets, y compris une collection pourrie de romans de gare, un cadre hideux représentant un clown qui me fichait les jetons chaque fois que je posais les yeux dessus ainsi qu'une statuette Art déco de chat noir surmontée d'un abat-jour, équipée d'un fil électrique et d'une prise, à l'endroit où aurait dû trouver sa queue.
Autrement dit, il ne nous a pas fallu trop de temps pour remballer le stand et charger les caisses en plastique dans l'énorme 4*4 ultra-polluant de la mère de Barney, et il n'a même pas été nécessaire d'en entasser sur le siégé arrière, contrairement à d'habitude. Barney avait son permis depuis peu et le fait de ne pas voir à travers la lunette arrière le mettait dans un état de panique, tout en sueur et tremblements.
Son champ de vision était totalement dégagé, certes mais Barney, au volant, avait aussi besoin de silence complet. Cependant, comme nous approchions de chez moi,je commençais à avoir du mal à me contenir.
J'ai attendu qu'on soit arrêtés à un feu.
- Alors, tu as envie de venir un moment à la maison ? ai-je proposé. Ou tu préfères qu'on aille au cinéma ? Il y a ce film avec Ellen Page dont nous avons discuté l'autre jour. Sinon...
    Barney a lâché un bruit agacé: j'avais continué de parler alors que le feu vantait de passer au vert.
    - Pardon, ai-je murmuré en me renfonçant sur mon siège.
    Il a bandé tous ses muscles pour redémarrer sans caler.
    J'ai fait de mon mieux pour garder le plus grand calme, et même respirer tout doucement, jusqu'à ce que Barney se gare, avec lenteur et précaution, le long du trottoir juste devant l'imposant immeuble de brique rouge où je vivais.
    - Alors, tu as envie de faire un truc ? ai-je à nouveau proposé. Quelques heures.
    - Impossible. Tu sais bien que ma mère tient à ce que je reste à la maison le dimanche soir pour s'assurer que j'ai bien fait mes devoirs, que je me suis lavé derrière les oreilles, que j'ai taillé mes crayons et que j'ai suffisamment de tee-shirts propres pour la semaine.
    Il a fait une grimace, dégoûté.
    - Je te parie que quand je serais à l'université, elle viendra me surveiller sur le campus le dimanche après-midi.
    -Mais non, je suis sûr qu'elle ne ferait pas une chose pareille, ai-je dit, alors que j'étais persuadé que c'était précisément ce qu'elle aurait fait si Barney n'avait pas eu un petit frère qui exigeait au moins autant, sinon plus, d'attention que l'aîné.
    Nous ne nous appréciions pas trop, la mère de Barney et moi - elle considérait que j'avais une mauvaise influence sur son fils et préférait grandement le temps où il traînait à la maison et où sa vie sociale était inexistante. Cela dit, je prenais garde de ne pas aborder le sujet avec Barney, ne voulant pas être le genre de fille qui s'interpose entre un garçon et sa mère despotique.
    - Oh, si, elle en serait capable, a répondu Barney en détachant sa ceinture de sécurité. Je t'aide à tout reste rentrer, mais ensuite je file.
    Après que nous avons convoyé les malles, les cartons et les sac jusque dans le hall, puis dans le branlant ascenseur menant au sixième étage et, enfin, dans le vestibule de mon appartement, Barney a pris une grande inspiration et il a attendu que j'accroche ma veste.
    Je voyais son visage anxieux dans le miroir de l'entrée, écho parfait du mien. Je détestait ce passage. Le moment où l'on s'embrasse pour se dire au revoir.
    J'ai fait deux pas dans sa direction, Barney a plié le cou vers moi de quelques centimètres, en signe de bonne volonté.
    Lorsque nous nous sommes retrouvés nez à nez, ou presque, il a fermé les yeux très serré et pincé les lèvres très fort, ce qui a fait ressembler sa bouche à un derrière de chat. Outre cette absence visuelle, quand j'ai pressé mes lèvres contre les siennes, elles ne m'ont pas paru très embrassables. Sa bouche n'était pas détendu, ses lèvre n'étaient ni souples ni malléables, aussi nous avons terminé par nous embrasser comme nous nous embrassons toujours, en écrasant nos bouches furieusement, comme si l'effort pouvait compenser l'absence de passion.
    Cela ne s'est accompagné ni de doigts entremêlés, ni de caresses. Barney a gardé les bras le long du corps, quant à moi, j'ai déposé une main très convenable sur son épaule. La langue n'avait rien à voir non plus dans ce processus. La première fois que j'avais voulu l'introduire, Barney avait tellement flippé que je n'avais plus osé retenter le coup. J'ai compté "Un éléphant, deux éléphants, trois éléphants " dans ma tête et, une fois arrivé à cinquante, je me suis doucement écartée.
- On s'améliore, non, tu ne crois pas ? a constaté Barney, qui arborait toutefois une expression peinée, comme s'il n'avais qu'une envie, essuyer sa bouche d'un revers de main pour effacer la trace fantôme de mes lèvres.
-Absolument, ai-je renchéri.
Pourtant, nous savions l'un comme l'autre que c'était un mensonge. Moi, du moins, mais j'ose espérer que Barney ne se leurrait pas au point de croire que ces cinquante secondes passées à s'écraser la bouche constituaient une amélioration.
Barney était drôle, gentil, il savait des tas de choses en informatique, mais nous n'avions pas la moindre alchimie sexuelle, lui et moi. Je n'était pas persuadée que tout l'entraînement du monde pourrait y changer quoi que ce soit. Soit il y avait alchimie, soit il n'y en avait pas. Entre nous, elle n'existait franchement pas.
-Bon, je ferais bien d'y aller, at-il soupiré.
Ce manque d'enthousiasme à l'idée de me quitter a donné un petit coup de fouet à mon ego.
- Ma mère préparait une soupe de lentilles quand je suis parti. J'imagine que c'est ce qu'on aura au dîner, a-t-il ajouté.
Cela dit, il n'avait peut-être pas envie de rentrer, tout simplement.
- Je parie que ce carrât cake te paraît plu appétissant, maintenant, ai-je plaisanté.
Barney a souri.
- Tu as tellement de chance de vivre seule, Jeanne. Personne pour te dire ce que tu dois faire. Tu manges ce que tu veux, quand tu veux, tu te couches tard si ça te chante, tu passes tellement de temps sur Internet que tu finis pas ne plus voir clair et...
- Et si quelque chose est cassé ou en panne, je dois trouver la solution toute seule. Je suis obligée de nettoyer, de cuisiner, de me lever pour aller en cours...
- Oh, n'essaye pas de me faire croire que c'est horrible, a-t-il raillé. Ce n'est pas comme si tu faisais vraiment le ménage et puis tu te nourris de bonbons Haribo et de gâteaux. Pense un peu à moi, avec ma mère qui me harcèle, pendant que je mange sa soupe de lentilles dégoûtante et son pain maison tout ramollo. Imagine, il est gris, a-t-il précisé avec un frisson en se dirigeant vers la porte. Elle dit que c'est à cause des germes de blé, mais quand même, ça n'est pas une couleur pour un pain comestible.
J'ai accompagné Barney jusqu'à la porte parce qu'il n'arrive jamais à l'ouvrir et, lorsque je me suis mise sur la pointe des pieds pour déposer un petit bisou sur sa joue, il a reculé la tête avec brusquerie, comme si je m'était jetée sur sa bouche, langue pendante.
- À demain ! a-t-il lancé d'un ton enjoué pour dissimuler le fait qu'il venait de fuir mes lèvres comme si j'avais la lèpre.
Son visage a rougi voilement pour la dix-septième fois de la journée au moins.
- Faut que j'y aille !
J'ai écouté le couinement discret de ses baskets sur le parquet, le cliquetis grinçant de la grille métallique lorsqu'il l'a tirée pour monter dans l'ascenseur, puis le ronron de la cabine dans son périple d'un étage à l'autre. J'ai même entendu claquer la porte d'entrée, au loin. Ce son m'a paru final, définitif.
    Après le divorce de mes parents, quand ma sœur aînée et moi avons emménagé dans cet appartement, j'étais aux anges. Cela semblait tellement exotique après mes quinze premières années passées dans un maison mitoyenne avec jardin, garage, double vitrage et placard intégrés.
    Dans cet immeuble bourgeois qui sentait bon la cire, avec un carrelage en damier noir et blanc dans le hall - car il y avait un hall ! -, je me faisais l'effet d'évoluer dans un livre des années 1920. Je m'imaginais avec un carré à la Louise Brooks, remercier des messieurs qui me tenaient galamment la porte.
    Bethan et moi avions même évoqué l'idée d'apprendre les claquettes pour pouvoir traverser les couloirs en pas glissés (quel que soit le terme adéquat), ce qui donnerait un super son. Mais ça, c'était l'an dernier, car cette année, Bethan faisait un internat d'un an dans un hôpital spécialisé en pédiatrie de Chicago, et moi, j'étais toute seule dans ce bel appartement, qui n'était plus si beau d'ailleurs, parce que bon... la vie est trop courte pour passer l'aspirateur, faire la poussière ou ramasser les trucs qui traînent.
    Il existait un vague chemin dégagé entre la porte d'entrée et le double séjour. Écrasant au passage magazines et papiers de bonbons, j'ai atteint la table et allumé mon MacBook.
    Au prix d'un effort surhumain, je n'ai ouvert ni ma messagerie, ni Twitter, ni Facebook, et me suis plongé dans mon cours d'entrepreneuriat.
Je consacre toujours mes dimanche soir aux devoirs. Non parce que je suis une feignante qui fait tout à la dernière minute, mais parce que le dimanche est le soir le plus solitaire de la semaine. Les gens sont tous cloîtrés à la maison, leur mère s'agite à propos des repas  de la semaine et des lessives à faire. Même mes vrai amis, adultes, avouent retrouver cette sensation de veille de rentrée scolaire, ce soir-là ; une sensation que seuls un bon film bien nul et un bac de glace parviennent à calmer un peu.
N'ayant pas de mère - ni même de père, d'ailleurs - qui se tracasse pour moi, je garde toujours des devoirs en réserve, histoire de ne pas trop ruminer. Pour éviter de se lamenter sur son sort, rien de tel que de compiler ds données dans un tableur pour un cours d'entrepreneuriat.
    Le fait que la société un ventée pour ce cours existe également dans la vraie vie n'aidait en rien. Irresistibly Geek était à la fois une marque emblématique de la culture geek et une agence de tendances que j'avais créées suite au succès de mon blog de même nom. Irresistibly Geek, le blog, avait en effet remportées tas de récompenses, du coup, on avait commencé à me proposer d'écrire des papiers pour le Guardian, de participer à des émissions sur Radio 4... Les chiffres que je copiais-collais d'un document à un autre pour mes devoirs indiquaient donc les sommes d'argent réellement gagnées ces six derniers mois grâce à mon activité de consultante ou de journaliste, à mes apparitions publiques ou à la vente de produits Irresistibly Geek sur le sites Etsy ou CafePress. Ça ne rendait pas le cour d'entrepreneuriat plus amusant pour autant. Loin de là. Je soupirais de soulagement en atteignant le bas de l'ultime colonne lorsque le téléphone a sonné.
Ma mère appelait à 19h30 tous les dimanches, alors ça n'aurait pas dû me surprendre, mon cœur n'avait aucune raison de s'emballer ainsi. Peut-être était-ce parce que je passais le reste de la semaine à réprimer le souvenir de nos coups de fil... En tout cas, chacun de ses appels me faisait comme un choc, quand j'entendais sa façon de prononcer mon nom avec cette pointe d'appréhension qu'elle avait toujours dans le voix, d'aussi loin que je m'en souvienne.
- Salut, Pat, ai-je dit. Comment ça va ?
Tout allait pour le mieux à Trujillo, au Pérou, malgré les coupures de courant fréquentes cette semaine et les vêtements propres qui commençaient à manquer parce que...
    - Il n'y a pas de machines à laver au Pérou ? ai-je demandé d'un ton distrait, la conversation étant compliqué par la friture sur la ligne et un décalage bizarre.
    Et puis, même quand nous vivions sous le même toit, nous n'avions déjà pas grand-chose à nous dire ...
    - Biens, sur que si, Jeane. Si je n'ai plus de culottes propres, c'est parce que je n'ai pas eu le temps de faire de lessive. Le Pérou n'est pas complètement arrière. Il y a des machines à laver, l'eau courante, froide et chaude, et tu sais quoi, il y a même des Starbucks. Ce qui en dit d'ailleurs bien plus sur la mondialisation que...
    Deux minutes de discussion seulement, et déjà, c'était tendu.
    - Mais c'est toi qui as parlé de coupures de courant !
    - Oui, c'est vrai. Il faut dire que, comme tu le sais, du lundi au jeudi, je suis en dehors de la ville, dans une région très reculée...
    - Ah, oui. Comment vont les prisonnières péruviennes, au-fait ? ai-je demandé d'un ton plein de sous-entendus, suintant de dédain jusque dans chaque syllabe.
    - Tu es obligée de te montrer aussi désinvolte en permanence ?
    - Je ne suis pas désinvolte, ai-je prétendu, alors que si, mais de toute façon elle était incapable de faire la différence. Ça m'intéresse, je t'assure. Comment vont-elles ?
    Je savais que le sort des femmes en prison au Pérou lui donnerait matière à discourir pendant dix bonne minutes. Après tout, elles étaient la raison, la maigre existe qu'elle avait fournie pur filer de l'autre côté de l'Atlantique avec ses deux fourre-tout et sa valise à roulettes et consacrer deux années de sa vie à la rédaction d'une thèse sur " Les effets d'une approche écolo-neuneu de l'incarcération sur les tendances meurtrière et le comportement des détenues de sexe féminin dans le système carcéral péruvien ". Je paraphrase, car la lecture du titre exact de ce mémoire suffirait à endormir n'importe qui avant même d'avoir atteint la fin.
    Pat continuait de parler pour ne rien dire et je me contentais de faire " hum-hum " de temps à autre, tout en réfléchissant à la nature de mon premier tweet de la soirée. En général, je tweete toutes les cinq minutes, mais Barney s'était plaint de me voir tripoter mon iPhone en permanence pendant qu'on était ensemble, ce qu'il jugeait asocial. Je souffrais donc en ce moment précis d'un grave manque de Twitter.
    - Bref, et toi, Jeane, comment vas-tu ?
    Pat, qui avait enfin terminé de vanter les mérites de l'enseignement de la méditation à des serial-killeuses ultraviolentes, était maintenant prête à me prendre la tête sur, eh bien, à peu près tout.
    - Comment va l'appartement ? A-t-elle continué.
    - Moi, ça va, l'appartement aussi, ai-je répondu.
    - Tu fais le ménage, j'espère ? Tu n'oublies pas la vaisselle, le balai dans la cuisine parce que sinon tu vas avoir des fourmis...
    - On est au sixième étage, je ne vois pas comment une fourmi pourrait être capable de grimper tant de marches, à moins d'emprunter l'ascenseur.
    Pat s'est retenue d'intervenir.
    - Tout est propre, l'ai-je assurée.
    Encore heureux qu'elle ne lise pas mon blog, elle aurait pu constater que j'avais installé une DustCam (soit mon vieil ordi portable filmant un coin de buffet) pour tenter de prouver la théorie de Quentin Crispé selon laquelle au bout de quartre ans, la poussière cesse de s'accumuler.
    - Si tu le dis, a-t-elle cédé.
    Je sentais bien qu'elle ne me croyait pas.
    - Comment ça va, à l'école ? Je suis en contact avec Mlle Ferguson par e-mail. Elle a l'air de dire que tout se passe bien.
    Mlle Ferguson et moi nous entendions merveilleusement et, à moins que je débarque au lycée armée d'un fusil pour dézinguer tout le monde, elle n'allait sûrement pas balancer à ma mère mes infractions mineures du type embrouilles avec les profs, réglage de mon iPhone sur une sonnerie audible des seules oreilles adolescentes me permettent de recevoir mes e-mails en classe, ou lui détailler la partie de bras de fer que j'avais entamée avec Mme Spiers, ma prof d'arts plastiques, concernant mon refus de peindre une nature morte débile à base de brindilles. La routine, quoi.
    - C'est parce que tout va bien. Bon, je vais devoir te laisser.
    - Attends ! Tu as des nouvelles de Roy ?
    - Oui. Il vient bientôt à Londres, on se verra à ce moment-là, ai-je dit en contemplant le bazar que j'allais devoir ranger dans un futur assez proche, pour éviter que mon père voie ça.
    - Et tu as eu Bethan ?
    - Oui.
    Je perdais patience et ça devait s'entendre.
    - On se parle tout le temps, par Skype, ai-je ajouté. Tu pourrais faire pariel, d'ailleurs. Ça coûterait moins cher que le téléphone.
    - Tu sais que je ne suis pas très douée en informatique.
    - Pas besoin d'être douée pour ça. Tu télécharges l'appli, tu cliques sur " installer " et ton ordinateur s'occupe du reste. Facile. Même toi, tu peux y arriver.
    - Jeane, ne commence pas.
    - Je ne commence rien du tout. Je dis juste que je suis en ligne en permanence, alors, si tu avais Skype, tu pourrais me contacter quand tu veux...
    - Mais moi, je suis rarement devant un ordinateur. Les cybercafés ne courent pas les rues.
    - Tu m'as dit qu'il y avait des Starbucks, ils sont tous équipe en Wi-Fi gratuit, alors je ne vois pas où est le problème.
    - Non, tu ne vois jamais, a-t-elle soupiré. Pourquoi faut-il toujours que tu transformes nos conversations en disputes, Jeane ?
    - Il faut être deux pour une dispute, Pat, lui ai-je rappelé, parce que je ne lâchais jamais le morceau.
    Même quand j'aurais dû. J'étais entêtée de naissance.
    - Je dois y aller, maintenant, ai-je conclu.
    - Tu me dis au revoir correctement, au moins ? a-t-elle insisté
    - Au revoir correctement, ai-je répété d'une voix trainante, ce qui était franchement méchant parc que Pat était comme ça, on n'allait pas la changer - pas plus que je ne pouvais m'empêcher de jouer les râleuses professionnelles. Écoute, je suis désolée. Il me reste encore une tonne de devoirs et la simple idée de me pencher sur mon tableur pour le cour d'entrepreneuriat me met sur les nerfs.
    - Je suis bien contente que ce ne soit pas à cause de moi, a-t-elle dit d'une voix un peu moins vexée. Mais tu avais promis de ne plus faire tes devoirs à la dernière minute.
    Ce n'était pas la dernière minute. La dernière minute, ce serait de remplir son fichier pendant que le prof faisait l'appel.
    - Je sais, ai-je réussi à articuler. Désolée.
    Il s'en est suivi deux interminables minutes et trente-sept secondes de dialogue dépourvu du moindre contenu avant que Pat raccroche enfin.
    J'ai étiré mes bras au-dessus de ma tête pour atténuer les douleurs et raideurs dans ma nuque et mes épaules qui survenaient toujours lors de mes conversations avec Pat puis j'ai doublé-cliqué sur l'icône Firefox, j'ai ouvert TweetDeck et j'ai connecté mon iPhone à l'ordinateur pour pouvoir télécharger les photos prises dans l'après-midi.
    Mes doigts se sont agités sur le clavier pour rédiger mon premier tweet de la soirée. J'ai appuyé sur entrée et, dix secondes après, quelqu'un me répondait.
    Et ça a été aussi simple que ça. Tout à coup, je n'était plus seule.

AttachianteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant