Chapitre quatre.

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« Comment s'est passé la séance de
thérapie ? » Interrogea Sarah avec désintérêt alors qu'elles s'asseyaient à la table rouge ornée de spirales blanches dans le coin de la salle des professeurs.

C'est l'heure du déjeuner - le seul instant durant lequel les professeurs avaient un semblant de paix.

Camila fit un bruit de gorge qui, en soit, ne relevait rien, et haussa les épaules. Elle vola une frite dans l'assiette de Sarah, qui plissa les yeux mais ne tenta pas d'en empêcher sa meilleure amie. Ça ne servait à rien de protester - Camila le ferait à nouveau de toute manière, et elle était fatiguée de tenter de lui apprendre à ne pas prendre la nourriture des autres.

« Laisse-moi deviner, ta salope de petite amie s'est énervée et s'est encore plus comportée comme une connasse que d'habitude. » Déclara-t-elle en prenant une gorgée d'eau froide.

Camila lui lança un regard noir - ce qui n'allait pas à son visage. « Ce n'est pas une salope complète, Sarah. Elle n'est simplement... pas très social. »

Sarah renifla dédaigneusement et s'appuya sur le dossier de sa chaise. « Tu as raison au fond elle est en réalité une personne douce et aimante qui fait tout ce que tu lui demandes. »

Camila tressaillit à la phrase de son amie et détourna les yeux. Elle savait que Sarah haïssait Lauren - le sentiment était plus que retourné. La femme aux cheveux châtains n'avait jamais apprécié le fait que Camila ait poursuivis Lauren jusqu'à ce que la brune cède. Elle avait tenté de convaincre Camila de laisser tomber cette salope et de chercher quelqu'un d'autre, quelqu'un qui la traiterait mieux que Lauren, mais Camila s'était entêtée et avait refusé d'abandonner.

Sarah avait fini par elle-même abandonner l'idée de faire entendre raison à Camila et s'était résignée à être la meilleure amie sur l'épaule de laquelle on venait pleurer quand les choses allaient mal. - Ce qui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps.

« Qu'est-ce que la thérapeute vous a demandé de faire ? » Soupira Sarah, poussant son assiette au milieu de la table. Comme toujours, Camila avait oublié de prendre de l'argent pour payer son repas et Sarah devait bien lui donner un peu de nourriture. Ça ne la dérangeait pas vraiment  - Camila était sa seule amie, elle ferait tout pour elle.

« Nous devons nous faire un câlin chaque jours pendant plusieurs minutes, et nous embrasser sur la joue quand l'une de nous sort. » Marmonna Camila, volant une autre frite et la plongeant dans la petite coupe remplie de ketchup.

Des yeux marrons clignèrent et le verre levé vers de pales lèvres se stoppa. « Je parie que Lauren était ravie d'entendre ça. » Commenta Sarah froidement.

La châtain posa son regard sur la table. « Dis ce que tu veux, Sarah, mais elle m'a prit dans ses bras la nuit dernière et a embrassé ma joue ce matin. »

« Peut-être bien, mais l'a-t-elle fait d'elle-même, ou as tu eu à la forcer -comme d'habitude ? »

Le silence suivant, extrêmement éloquent, lui répondit.

Sarah soupira. « Camila. »

« S'il te plaît, Sarah, pas maintenant. » Des yeux marrons la fixèrent d'un air suppliant.
« On peut parler de quelque chose d'autre ? »

Sarah serra ses lèvres l'une contre l'autre, mais hocha la tête. Ce n'était pas un sujet dont elles pouvaient parler en public, de toute façon.

« Normani a enfin terminé sa marionnette. » Lâcha-t-elle pour changer de sujet. « Dinah et elle donneront une représentation ce vendredi. Ça te dirait de venir ? »

Un large sourire apparut sur le visage de Camila. « Bien sûr que oui ! C'est toujours un spectacle magnifique de voir ces deux-là manipuler leurs marionnettes. Orane viendra aussi ? »

Orane était la petite amie de la sœur de Lauren, Taylor. Elle était obsédée par tout ce qui touchait aux bombes et feu d'artifices, les bombes étant pour elle un art. Camila avait rencontré la fille aux cheveux noir corbeaux lorsqu'elle avait treize ans, durant l'une de ses visites au complexe Jauregui.

Orane était leur aînée de cinq ans, de même que Taylor et tous avaient été surpris quand ces deux-là s'étaient mises ensembles à dix-neuf ans. Tout le monde avait trouvé étrange que Taylor s'éprenne d'une femme et qui plus est hyper active au caractère agité, et passionné par la création de bombes. Les opposés s'attirent, comme on dit.

Quand Camila avait vu Orane pour la première fois, elle l'avait prise pour un beau jeune homme ça lui avait coûté de nombreux bleus et bosses. Elle n'avait plus jamais fait cette erreur. Après ce premier désastreux contact, elles avaient formé une amitié qui s'était approfondie au fil des années jusqu'à ce qu'elles aient presque l'impression d'être de la même famille.

Camila, qui n'en avait jamais eu une, s'était rapidement attachée à Orane.

Après avoir remarqué l'intérêt que Camila portait aux bombes, Orane avait décidé d'enseigner son art à la petite châtain dès qu'elles avaient un moment libre, elles se rejoignaient pour préparer plus de bombes et de feux d'artifices, les allumants quand elles étaient prêtes - ou quand elles ressentaient le besoin d'agacer quelqu'un. Ce qui arrivait assez fréquemment.

Les deux amies étaient devenues vraiment douées pour s'enfuir hors de la portée d'une Jauregui très furieuse, rendu presque sourdes du bruit que faisaient lesdites bombes en explosant.

« Oui, elle vient aussi. Elle sera heureuse de te revoir -tu pourras tenir Tobi loin d'elle. » Conclut Sarah avec un sourire moqueur.

Camila poussa un éclat de rire, se remémorant le jeune homme avec cet étrange masque jaune qui adorait Orane. Tobi travaillait dans l'équipe de cette dernière dans la compagnie de Taylor, et il était toujours en train de la suivre, l'appelant "bébé" et la faisant, de manière général, extrêmement chier.

Camila ne comptait plus le nombre de fois où Orane avait tenté de faire exploser Tobi pour s'en débarrasser.

« Je ne peux pas laisser souffrir ma pauvre Orane, après tout. » Dit Camila.

« Sera-t-elle là aussi ? »

Camila se raidit. « Je-je ne pense pas qu'elle sera disponible. Elle a dit qu'elle avait beaucoup de rendez-vous cette semaine. » Elle détourna les yeux une fois de plus, incapable de supporter le regard de pitié que lui lança sa meilleure amie.

Lauren et elle surmonteraient leurs problèmes elle en était certaine. Elle devrait juste être patiente, c'est tout.

Thérapie de couple | Camren | [TERMINÉ, EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant