Chapter 13.

526 39 14
                                    


-A l'évidence, ce qu'elle m'a raconté n'est qu'un tissu de mensonges.

-Pourquoi cache-t-elle ainsi la vérité ?

-C'est assez surprenant...Je pense qu'elle se protège, d'une manière ou d'une autre. Potter fait le coupable idéal. L'ennui, c'est que nous en sommes toujours au même point. Nous n'avons pas la moindre idée de ce qui s'est réellement passé, ce soir là.

-Et nous ne savons toujours pas comment venir en aide au garçon, soupira Arthur en passant une main nerveuse sur son crâne à demi chauve. C'est désolant !

-Vous voyez, vous avez préjugé de mes capacités à faire parler cette femme..., constata Rogue avec amertume. Je vous avais averti...

-Je n'aurais pas fait mieux que vous.

-Si les morts pouvaient livrer leurs secrets aux vivants... ! Tout serait tellement plus simple... Mais pour parler comme les papistes, ce n'est pas ainsi que notre Seigneur a conçu notre chemin de croix sur cette terre.

-Pour Harry, ce chemin de croix risque d'être fatal, hélas. Et ce serait insulter Dieu que d'y voir son oeuvre. Au contraire, je me sens grandement responsable de cet état de fait.

-Les voies du Seigneur sont impénétrables, Arthur, murmura doucement le pasteur. Qui sait si Dieu ne se sert pas de cette épreuve pour nous obliger à nous révéler tels que nous sommes, à agir, et à nous soutenir les uns les autres ?

-Peut-être...mais la vie d'un garçon de dix-sept ans est en jeu. Un garçon que nous aimons tous comme un fils.

Il y eut un silence qui se prolongea. Rogue laissa soudain échapper un petit rire sans joie, et Arthur leva vers lui un regard surpris.

-Qu'y a-t-il, mon révérend ?

-Rien ! Je pense à cette femme ! Elle imagine que je suis assez naïf et crédule pour avaler de pareilles affabulations ! Me dire, à MOI, que Potter avait prémédité son crime, qu'il s'était caché derrière un rideau et attendait son heure pour assassiner ce Lord... Où se croit-elle, dans un roman à deux sous ?

-C'est ahurissant, en effet...Quand on connaît Harry... !

-Et le plus ridicule, continua Rogue sur le même ton railleur et désabusé, c'est qu'elle ait osé raconter que le garçon l'avait ensuite menacée de son couteau... J'ai vraiment cru rêver ! Il aurait été si aisé pour elle d'ordonner à sa suivante d'aller chercher de l'aide ! De toute façon, à elles deux, elles n'auraient eu aucun mal à le maîtriser ! Potter n'est pas un colosse, que je sache...Il est même plutôt maigrichon.

Arthur se gratta la tête. En attendant, ils n'étaient guère plus avancés.

-Je me demande comment le shérif a pu gober cette version des faits..., murmura-t-il pensivement.

-Ca ne m'étonne pas, dit Rogue avec amertume. Même si l'absurdité du récit saute aux yeux, ça lui évite de mener une vraie enquête, et ainsi, il n'aura aucun ennui avec le Comte. Le problème, c'est que Potter ne représente personne, c'est un obscur orphelin sans fortune et sans influence. Sa condamnation calmera les esprits et satisfera la veuve et les héritiers.

-Mais c'est horrible ! Que pouvons nous faire ?

-Pour l'instant, je vous avouerais que...

On frappa à la porte.

-Entrez ! Lança Arthur.

Fred surgit dans la pièce et, jetant un coup d'œil circonspect en direction du pasteur, il s'adressa à son père.

-Je peux te parler une minute, papa ?

-J'avais demandé qu'on ne nous dérange pas, soupira Arthur, ennuyé. Mais si tu n'en as pas pour longtemps et que c'est important...

Passion coupableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant