Chapter 29.

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Tom se figea. Il était incapable d'enfoncer plus profondément le couteau dans la gorge de Harry.

Pourtant, il préférait mille fois tuer le garçon plutôt que devoir se séparer de lui... Mais non, décidément, quelque chose de plus fort que sa volonté retenait son bras...

-...Je n'y arrive pas..., s'avoua-t-il, sidéré de sa propre faiblesse.

Profitant de cette ultime hésitation, les policiers se jetèrent sur lui.

Tom lâcha en même temps Harry et le couteau. L'objet tomba à terre, faisant entendre un tintement métallique. Le garçon fut aussitôt attrapé par un des policiers qui le tira violemment à lui.

Il était désormais inutile de chercher à se débattre, Tom le savait. Quand ils l'empoignèrent par les deux bras, il se laissa faire, le regard posé sur Harry qui s'éloignait, titubant.

Son « bien-aimé ». C'était bien ainsi qu'il l'avait appelé, à l'instant où il s'apprêtait à le tuer. Les mots avaient franchi ses lèvres de leur propre initiative, sans passer par la case de sa conscience.

C'était pourtant des mots inconnus de lui jusqu'alors. Il n'en soupçonnait même pas l'existence. Il fallait croire que certains mots disposaient d'un pouvoir singulier, leur permettant de s'introduire de force, à la faveur de circonstances favorables, dans le vocabulaire des individus récalcitrants...

Tom réalisa brutalement que l'adolescent saignait abondamment. Sa chemise claire était maculée de rouge, et la tâche s'agrandissait à vue d'œil. Voyant que le policier l'entraînait, le poussant sans ménagement devant lui pour le faire descendre, Tom eut l'impression qu'on lui arrachait les entrailles.

-Harry!, cria-t-il avec force, je n'oublierai pas ma promesse! Dès que je serai libre, je te retrouverai, et je ferai de toi mon héritier!

Le garçon avait orienté la tête vers lui, tout en s'accroupissant au bord de la corniche. Il était terriblement pâle. Son regard vert accrocha le sien quelques secondes. Il ne répondit pas aux paroles du Lord, et bientôt, se détournant, il commença à descendre. Un instant plus tard, il avait complètement disparu.

-Je crains que vous ne soyez pas libre de sitôt, lord Voldemort, grinça ironiquement le shérif. Mais en attendant que la justice fasse son travail, je dois vous ramener au poste de police. Vous allez descendre bien gentiment avec nous.

Tom haussa les épaules. Il avait un goût amer dans la bouche. Sans doute celui de la défaite...

Les policiers lui firent enfiler sa redingote, puis fixèrent une corde serrée autour de l'un de ses poignets. Visiblement, ils redoutaient qu'il leur faussât compagnie.

Maintenant qu'on lui avait enlevé Harry, Tom n'avait plus l'énergie de résister. Alors qu'il ne l'avait pas ressentie jusque là, la faim le tenaillait soudain, ainsi que les effets du manque de sommeil. Il se laissa guider jusqu'en bas, et quand il eut touché le sable du pied, il ne tenta pas de se débattre tandis que les policiers lui liaient les mains derrière le dos.

C'était pourtant une cuisante humiliation pour lui, aristocrate de haute naissance, de se trouver ainsi rabaissé à cette situation avilissante...mais il se tenait les épaules droites et la tête haute. Que ces imbéciles comprennent qu'il n'avait pas dit son dernier mot, et que d'ici peu, il retrouverait sa position dominante, et les écraserait tous sans aucun remord !

Il cherchait Harry des yeux. Il ne le vit pas, mais aperçut un attroupement, près du feu. Il grimaça. Le pasteur devait être en train de s'activer à son chevet, jouant les héros devant le garçon...

Quelle importance...? Quoiqu'il fît, le révérend, avec son air bougon, son nez crochu et ses cheveux gras, n'obtiendrait jamais les faveurs du jeune musicien. Tom en était persuadé.

Passion coupableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant