Jour 2

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Lorsque j'ouvris les yeux et que je reconnus la cellule dans laquelle j'étais, je ne pus m'empêcher de refermer les paupières et de me pincer avec force le bras. J'ouvris un oeil, puis l'autre avec méfiance, je fus désespérée en me rendant compte que ce n'était pas un horrible cauchemar mais que j'étais réellement enfermée dans un asile de fou. Je m'assis sur mon lit et passais mes mains sur mon visage en essayant de réfléchir posément, mais mes émotions prenaient sans cesse le dessus, empêchant toute pensée cohérente. Une vieille femme entra dans ma chambre et me tendit une sorte de robe vert clair. Je l'enfilais sans piper mot et la suivie dans le dédale de couloirs. Elle me conduisit à une petite pièce composée uniquement d'un bureau et de deux fauteuils, puis elle se retira en me laissant seule. Une vingtaine de minutes plus tard, Madame Shane apparut et vint s'asseoir face au bureau en me faisant signe de faire de même. Je ne la regardai pas et maintins obstinément mon regard sur mes mains. Lorsqu'elle n'en put plus de mon silence, elle prit la parole avec condescendance:

-Wendy, différemment de toi je n'ai point toute ma journée à t'accorder! Si tu veux réellement partir d'ici, ce n'est pas en te taisant que tu y arriveras.

Je déplaçais mon regard sur elle et perçus dans ses yeux gris une lueur mauvaise.

-Vous mentez, vous ne me laisserez jamais sortir.

Elle haussa ses sourcils gris, comme si je l'avais vexée.

-Moi mentir? Non, ce ne serais pas très professionnel.

Elle m'examina de ses yeux perçants et sembla prendre une décision qui ne s'annonçait pas forcément très positive pour moi au vue de son sourire narquois.

-Bien Wendy, tu ne me laisses pas le choix, tu auras chaque jour à partir de demain une consultation auprès du Docteur Griffins.

Elle se leva en repoussant sa chaise et vint me murmurer à l'oreille avant de partir:

-Tu vas vite regretter tes affabulations!

Sur-ce, elle partit en refermant violemment la porte. Je l'entendis appeler des aide-soignants pour qu'ils me prennent en charge. Je fus conduite à la salle commune où régnait la folie. Je m'assis à une table et observai en silence les autres résidents. Il y en avait 16, 7 femmes et 9 hommes d'âges distincts. Une femme rousse était assise au piano et tapait sur les touches de manière hasardeuse, un homme brun d'une trentaine d'année était assis sur une chaise juste à côté en parlant tout seul. Une petite fille blonde d'environ 13 ans était assise à la fenêtre et regardait le paysage. Les autres personnes étaient assises à différents endroits de la pièce, que ce soit sur le canapé rouge, autour de la table en bois ou à même le sol. Ils s'occupaient comme ils le pouvaient, en lisant, chantant, parlant ou jouant aux quelques jeux dont ils disposaient.

Un petit garçon aux cheveux ébène et au teint pâle vint s'asseoir à côté de moi. Il m'observa en silence de ses yeux globuleux pendant une dizaine de minutes avant de se décider à me parler, ou du moins à parler de moi à quelqu'un que je n'avais visiblement pas la capacité de voir:

-Oui miss Telly, ils en ont attrapé une autre. Comment? Oui elle va finir pareil. Nan miss Telly, on a pas le droit de faire ça, ce serait contraire au règles.

Je le regardai en fronçant les sourcils.

-Je... Je m'appelle Wendy, et toi?

Il me sourit, ce qui dévoila ses dents jaunes et pointues, son sourire était tout sauf rassurant, il avait ce petit quelque chose qui pourrait mettre n'importe qui mal à l'aise.

-Tout le monde m'appelle Toby.

Il pointa du doigt une chaise vide.

-Et elle c'est miss Telly. Dis bonjour miss Telly, on fait ça quand on est une personne polie. Non, je ne veux pas le savoir!

Je déglutis avec difficulté devant l'étrangeté de la situation et saluais son amie invisible pour lui faire plaisir.

-Bonjour miss Telly. Dis moi Toby, quel âge as-tu?

Il pencha sa tête sur le côté.

-13 ans. Miss Telly on ne demande pas des choses comme ça, c'est impoli!

-Je... Pourquoi es-tu ici?

Je me réprimandais après avoir posé cette question, tout d'abord parce que cela allait à l'encontre de la bienséance, et parce que c'était assez évident. Le sourire de Toby s'agrandit.

-Ils prétendent que ce que j'ai fait est mal, mais miss Telly m'a demandé de le faire donc ça ne peut pas être mal!

-Que t'a-t-elle demandé de faire?

-Juste d'aider mon papa et ma maman à dormir. Miss Telly m'a montré un flacon jaune avec un dessin de souris dessus et elle m'a dit d'en verser un peu dans leur nourriture et après ils se sont endormis.

Mon sang se glaça, cet enfant avait tué ses parents sous les conseils d'une amie imaginaire, et j'allais devoir le côtoyer... Pourquoi diable étais-je coincée ici?

WendyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant