Jour 1

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-Mais, puisque je vous dit que je ne suis pas folle!

Cela faisait plusieurs heures maintenant que j'étais assise dans ce bureau froid et austère, face à une grosse femme qui ne valait guère mieux. Personne ne me croyait, et je devais maintenant me défendre si je ne souhaitais pas être internée. Au vue du regard dubitatif que me lançait Madame Shane, je compris que j'étais très mal partie. En même temps, elle ne me posait que des questions pièges! Il n'y avait aucune bonne réponse à fournir.

-Donc je répète, pour être sûre d'avoir bien compris. Il y a cinq mois, tu te réveilles à l'hôpital, avec pour seuls souvenirs ceux d'un monde extraordinaire : Le Pays Imaginaire, où tu as rencontré des sirènes, une fée du nom de.. Clochette, des pirates, des enfants qui ne grandiront jamais et un garçon du nom de Peter Dan

Je secouai la tête.

-Peter Pan

-Oui, Peter Pan... Celui là même qui est venu vous chercher toi et tes frères dans votre chambre, vous vous êtes alors envolés par la fenêtre et êtes allés au Pays Imaginaire, cependant tes frères ne se souviennent de rien... Ma chérie, même si je le voulais je ne te laisserai pas partir d'ici, tu as complétement perdu la raison!

Avant même que je ne puisse protester, elle demanda au deux hommes en blouses blanches de se saisir de moi et de m'emmener dans ma cellule. Il me firent rentrer de force dans une pièce minuscule aux murs d'un gris ardoise et une petite fenêtre donnant sur l'extérieur. Elle était seulement meublée d'un petit bureau, d'une chaise et d'un lit. Ils refermèrent la porte derrière moi et la verrouillèrent à double tour. J'étais désespérée, je m'assis sur le lit inconfortable et repliait mes jambes près de moi en enroulant mes bras autour afin de me sentir protégée. Seul le silence régnait, en arrivant j'avais aperçu d'autres patients qui s'occupaient comme ils le pouvaient dans un petit salon où une musique désagréable passait en boucle.

C'était officiel, j'étais résidente de l'asile psychiatrique "The Hell"*, mes parents m'avaient lâchement abandonnée aux mains de personnes qu'ils jugeaient qualifiées et dont ils pensaient que l'aide me "rendrait mes esprits". À cet instant je les haïssais, mais je n'étais pas rancunière et je savais que je leur pardonnerai vite. Plus les minutes s'écoulaient, plus je pensais à mes parents ainsi qu'à leur manque de confiance en moi, et plus je pleurais.

Quelques pas résonnèrent dans le couloir et l'on m'apporta un plateau de nourriture, composé essentiellement d'une purée blanchâtre, d'un bol de soupe et d'un morceau de pain rance. Le couvre-feu fut accompagné de nombreux cris et phrases incongrues. Je redoutais vraiment le lendemain matin durant lequel je devrai faire la connaissance de ces malades mentaux qui me terrorisaient déjà.

*The hell: L'enfer

WendyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant